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HIGUCHI Ichiyô
(Tokyo, 02/05/1872 - 23/11/1896)

 
Higuchi

Première femme écrivain de renom du Japon moderne, "après la mort de son père, c'est elle qui soutint matériellement la vie qu'elle menait avec sa soeur et sa mère, en se consacrant avec acharnement à son projet d'écriture tout en effectuant de menus travaux (couture, blanchisserie, tenue d'une épicerie) pour gagner quelques sous. [...] Canonisée dès les années 1920 comme l'un des « classiques » de l'ère Meiji (1868-1912), la romancière figure aujourd'hui sur les billets de 5 000 yens de la Banque du Japon pour représenter, d'une manière qu'elle aurait sans doute jugée détestable, la création littéraire nationale. La brièveté de sa vie et son dévouement constant à sa famille lui confèrent les traits à peine adoucis d'un martyr : elle eut juste le temps de savourer la récompense de ses peines avant de mourir." (Claire Dodane, postface de La treizième Nuit, page 163).
billet de 500 yens

Higuchi Natsu (c'est son vrai nom, Ichiyô voulant dire "simple feuille") a suivi, à partir de 14 ans, les classes d'une école de poésie, elle a beaucoup lu les grands textes poétiques du passé.
Elle a des critiques élogieuses (notamment de la part de Mori Ogai) à la publication de "Qui et le plus grand" (1895).
Elle meurt de la tuberculose en 1896.

"Les récits de Higuchi Ichiyô font la part belle aux fees, dans leur malheur invariable. Dans une moindre mesure, la romancière touche également à la difficulté d'être un enfant ou un homme au destin tout tracé dans les milieux défavorisés. Malheureuses, les femmes le sont dans chaque histoire, décrites comme les première victimes des moeurs, de la piété filiale notamment, de la pauvreté, d'un mauvais mari, ou encore de la prostitution. En un mot, la société tout entière les malmène." (Claire Dodane, postface de La treizième Nuit, pages 170-171)


- La Treizième nuit et autres récits (traduits du japonais et présentés par Claire Dodane). Paris. Les Belles Lettres 2008. 186 pages.
Le recueil comporte cinq récits.

1/ Le Son du Koto (Koto no ne, 1893).
"Dans le ciel, le soleil et la lune ne font pas la différence : ils brillent pareillement pour tous sur cette terre. Au printemps, l'éclosion tranquille des fleurs est elle aussi impartiale. Etait-ce donc seulement sur la cime de cet arbre que la tempête faisait rage ? Un innocent enfant assistait depuis quatorze ans à la dispersion des membres de sa famille, tombés un à un comme les feuilles mortes dans l'automne. Battu par la pluie et les vents, lui seul était encore accroché à la branche, flottant sans soutien dans un monde incertain.
Sa mère l'avait abandonné lorsqu'il avait quatre ans. Ce n'est pas elle qui avait décidé de fuir seule la maison, mais ses beaux-parents qui l'y avaient incitée, convaincus que la ruine de leur beau-fils avait atteint un point de non-retour.
" (page 14).
Le lecteur l'a tout de suite compris : l'univers de l'auteur n'est pas une partie de plaisir.
D'ailleurs : "Mais à présent, il avait compris que la compassion n'existait pas en ce monde, ni non plus la sincérité." (page 16).
Le texte est truffé de référence à des poésies, ce que la traductrice a le bon goût de nous expliquer à l'aide de notes.

2/ La Treizième Nuit (Jûsan.ya, 1895). Là, c'est un mariage malheureux. "Chacun dans sa vie avait sa part de mélancolie." (page 55).

3/ Jour de Neige (Yuki no hi, 1893). Ou quand un mariage sur une impulsion peut amener à "La rancoeur que j'éprouve désormais pour mon mari est elle aussi attristante." (page 68).

4/ Fleur de cerisier dans la nuit (Yamizakura, 1892).
C'est l'histoire d'une jeune fille amoureuse.
"Elle était plus jolie encore qu'un bouton de fleur s'ouvrant doucement dans les collines sous la pluie du printemps. Quand donc fleurirait-elle pleinement ? Elle semblait hésiter, comme la lune jouant à travers les branches des pins." (page 74). Et plus loin : "Cependant, quel avenir pouvait espérer Chiyo ? La tristesse ? Quand donc verrait-elle le printemps, la saison des fleurs ? Personne ne pouvait le dire. Seules les jeunes pousses de la haie annonçaient l'éclosion prochaine de la vie." (page 85).

5/ Eaux troubles (Nigorie, 1895). Ce coup-ci, nous sommes dans une maison de plaisirs. "O-Riki était l'attraction numéro un de la maison. Elle était la plus jeune, mais aussi a plus habile pour attirer les clients. Il y avait certes d'autres filles pour médire et lui trouver des défauts : elle n'était pas assez aimable, elle aurait dû flatter les hommes davantage, elle était entêtée, et voyez ces grands airs qu'elle prenait parfois, elle était fière de sa beauté... Néanmoins, quand on la connaissait, O-Riki était étonnamment gentille." (page 99).
On suit les problèmes et les espoirs de plusieurs filles. Et rapidement : "Combien de temps encore devrait-elle supporter cette situation sans espoir, où tout était absurde, misérable, triste et cruel ? Etait-ce cela, la vie ? Etait-ce vraiment cela ? Elle la détestait, la détestait si fort qu'un vertige l'obligea à s'adosser à un arbre au bord du chemin." (page 134).

On sent la sincérité de l'auteur, la vie est dure, et elle le sait bien. Mais à la fin du recueil, le lecteur a eu droit à une sacrée accumulation de malheurs, de désespoirs, nouvelle après nouvelle...
"Incapables d'aider les personnages malheureux à qui elle nous fait nous attacher, informés pourtant des difficultés et dilemmes intérieurs dont ils souffrent, nous portons, une fois le récit terminé, la violence contenue de notre propre impuissance, l'amertume de notre adhésion contrainte à leur malheur." (Claire Dodane, post-face, page 162).
J'avoue être resté un peu à l'extérieur...

Les nombreuses comparaisons florales et herboricoles, les allusions à des poésies n'ont certainement pas le même effet sur le lecteur français que sur le lecteur japonais.
Globalement, il est très difficile de juger le texte en français ; Claire Dodane explique en effet : "Sa prose, très profondément marquée par la langue écrite ancienne, présente, outre des archaïsmes, plusieurs difficultés de taille : le parties descriptives, rédigées dans une langue proche de celle de l'an mil, alternent en effet, mais sans prévenir, avec des conversations en style oral ou poli, selon, généralement, que les paroles émanent d'un homme ou d'une femme ; chaque histoire se compose pour l'oeil de quelques très longues phrases, sans points, et souvent sans sujet explicite. Le style est par ailleurs très elliptique, et souvent chargé de résonances multiples. [...] Dès lors le traducteur se trouve face à un vrai défi, et contraint à certains endroits à sa propre interprétation." (pages 167-168).


Autre livre traduit en français :
- Qui est le plus grand ?

 

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