Livre.gif (217 octets) Littérature Russe et d'Europe centrale Livre.gif (217 octets)



-
dictées

- listes
- liens recommandés


Papillon.gif (252 octets)

-> retour Russie et... <-

retour
page d'accueil

 


Drago Jančar

(Maribor, Slovénie, 13/04/1948 - )

drago jancar

 

"Originaire du Prekmurje, son père a été en camp de concentration pour ses activités contre l’occupant nazi.
Drago Jančar poursuit ses études de droit à Maribor et devient rédacteur en chef d'un journal étudiant. Certains articles lui valent ses premiers démêlés avec les autorités communistes. Il entre comme assistant au quotidien de Maribor Večer.

En 1974, il est arrêté pour avoir fait circuler une brochure concernant le massacre de la garde nationale slovène par le régime de Tito en mai 1945 et condamné à un an de prison pour « propagande en faveur de l’ennemi ». Libéré au bout de trois mois, il est envoyé dans le sud de la Serbie pour son service militaire.
Comme il lui est impossible de reprendre des fonctions de journaliste chez Večer, il quitte Maribor pour Ljubljana, où il travaille pour des studios cinématographiques.
En 1974 et 1978 paraissent ses deux premiers romans : Petintrideset stopinj (35 degrés) et Galiot (Galiote).

La libéralisation qui suit la mort de Tito en 1980 lui permet enfin de déployer une œuvre de romancier, de nouvelliste et de dramaturge. Il entre en 1981 aux éditions Slovenska Matica, où il travaille aujourd’hui encore. En 1984 paraît son roman Serverni sij(Aurore boréale) et, l’année suivante, sa pièce la plus célèbre La Grande valse brillante.

En 1985, il séjourne aux États-Unis comme « Fulbright fellow », puis, en 1988, en Allemagne. Président du PEN Club de Slovénie de 1987 à 1991, il s'engage pour la démocratisation de son pays.
Après l’accession de son pays à l’indépendance en 1991, Drago Jančar continue son action militante.

Durant la guerre de Bosnie-Herzégovine, il se rend à Sarajevo assiégée pour apporter les aides collectées par l’Association des écrivains slovènes. Dans son « Rapport succinct sur une ville longtemps assiégée », il s’interroge sur le rôle des intellectuels dans les conflits ethniques ou nationaux. Sur ces sujets, il entre en polémique avec Peter Handke.
[...]
En 1993, Drago Jančar a obtenu le plus prestigieux des prix littéraires slovènes, le prix Preseren, pour l’ensemble de son œuvre. Il a également reçu en 1994 le Prix européen de la nouvelle, en 1997 le Prix autrichien Jean Améry pour son essai Brioni et en 2003 le Prix Herder pour la littérature.

Il a reçu en 2011 le Prix européen de littérature pour l'ensemble de son œuvre. [...]
Il vit actuellement à Ljubljana.
" (merci wikipedia).

des bruits dans la tête

- Des Bruits dans la tête (Zvenenje v glavi, 1998... ou 2002 ?). Traduit du slovène par Andrée Lück-Gaye. Passage du Nord-Ouest. 245 pages.
"C'est en août 1978, dans les geôles antiques de M., qu'on m'a raconté l'histoire que je vais essayer de répéter ici dans le détail. Son héros me l'a relatée au cours d'une série de soirées étouffantes, au son d'un orchestre qui, dans la touffeur de la nuit, ruisselaient sur nous de la terrasse de l'hôtel tout proche." (page 7).
Nous savons donc dès le début que le héros de l'histoire, Keber, va survivre. De façon générale, Drago Jancar annonce au fur et à mesure ce qui va arriver, pas pour créer une attente, un suspens, mais plus pour désamorcer la surprise. Par exemple : "Je me souviendrai de ce dernier après-midi calme. De cette accalmie avant la bataille." (page 144). Pas de mystère, le lecteur sait alors très bien de quoi il s'agit.

Keber est un drôle de gars qui ne supporte pas certains bruits (le frottement des couverts sur les assiettes, par exemple), ni certaines attitudes vulgaires. Dès que ça arrive, il y a des bruits dans sa tête, et il peut exploser. Il est aussi obsédé par Massada. On va suivre la révolte de la prison de Livada et, en parallèle (ou plutôt en pointillés) l'histoire de Massada.

Nous sommes dans une prison. Le directeur est appelé le Vieux.
"On l'appelait le Vieux, simplement le Vieux, comme on appelle en fait tous les directeurs bienveillants de colonies, d'administrations, de petits Etats comme ce pénitencier du Sud. Le Vieux jouait le bon père qui avait pris toutes ces crapules sous sa protection, il ne savait pas lui-même au bout de combien de temps il avait cessé de jouer ce rôle ni quand il était réellement devenu bienveillant à l'égard de ces gens-là. Il comprenait qu'on était un homme, un escroc et une crapule, tout à la fois, quelque chose qu'il était impossible de dissocier. Il comprenait tout, même qu'il y avait en nous des énergies inconnues. Maintenant Livada était en feu et en révolte, des messagers couraient la campagne, les fils téléphoniques bourdonnaient, les projecteurs sondaient la nuit, et l'angoisse se déversait sur le procurateur : Et maintenant ?" (pages 42-43).

La révolte commence à l'occasion de la retransmission d'un match de basket (une rencontre entre l'équipe nationale et celle des Etats-Unis), match qui fera d'ailleurs l'objet d'une revendication pour le moins originale de la part de Keber.
C'est l'anarchie. Mais, bientôt, un nouveau pouvoir se met en place, et un homme fort émerge : Mrak.
"Dans la cellule verrouillée de Mrak avait commencé l'instauration d'une république libérée, d'un Etat des taulards qui passerait dans la légende de nombreuses prisons où les protagonistes allaient sans cesse revenir. Et c'est ainsi qu'en cette heure historique, toujours plus vainqueurs, on s'est réunis en écoutant le chant apeuré qui résonnait dans la nuit et les gémissements des gardiens enfermés derrière les portes clouées, le crépitement des derniers feux et l'écho des explosions dans les ateliers." (page 51).
Les prisonniers voyagent dans leur tête ; ils pensent aussi aux femmes ; l'atmosphère est lourde, il y a souvent une sorte d'immobilité liée à l'irruption de souvenirs, à un bout d'histoire de Massada, à l'annonce de ce qui va arriver sans volonté de créer une attente. C'est très bien rendu (on se rappelle que l'auteur a fait plusieurs mois de prison).

La révolte, la liberté confisquée par un dictateur, tout cela rappelle forcément La Ferme de Animaux d'Orwell.

C'est un bon roman, vraiment bien écrit, avec des personnages bien brossés, mais il me semble y manquer un petit quelque chose, un élement de surprise (à part le match de basket, symbole de l'obstination pour des principes), une once d'originalité dans l'histoire (qu'avait le livre d'Orwell). Cela résulte manifestement d'un choix de l'auteur. Sans doute pour montrer que, malgré l'inexorabilité du dénouement, malgré la fin que l'on connaît d'avance, il faut tout de même jouer sa partie ?



- Retour à la page de Littérature Russe et d'Europe centrale -

 

Toutequestion, remarque, suggestion est la bienvenue.MAILBOX.GIF (1062 octets)