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LOE Erlend

(24/05/1969 - )

Romancier, écrivain de livres pour enfants, scénariste, et "en 2006 un livre controversé d’entretiens avec un pseudo-cryptologue soutenant la thèse selon laquelle Francis Bacon aurait écrit l’œuvre de Shakespeare (Organisten). " (wikipedia).
Son style est humoristique. Le roman qui l'a fait connaître est Naïf. Super (1996, traduit en 19 langues, paraît-il).


- Doppler (Doppler, 2004), traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud en 2006. 10/18. 205 pages.
Doppler est marié et père de famille. Il habite la Norvège, un bien beau pays.
D'ailleurs, rien que pour le plaisir (le mien, du moins), une photo prise à Reine (îles Lofoten) en août 2007 :

Revenons au livre.
"Je suis cycliste. Et je suis époux, père, fils, salarié. Propriétaire d'une maison. Et je suis un chapelet d'autres choses aussi. On est tant de choses.
Or donc, je pédalais à l'air libre. Au printemps, par ici. Et puis j'ai fait une chute. D'une manière méchamment brutale. L'affaire est connue : dans la forêt, ça dépote. Et les marges de manoeuvre sont souvent réduites.
" (page 32).
Bref, il se vautre par terre. Il est donc au sol.
"Au début, je souffrais le martyre. J'étais incapable de bouger. Inerte, je regardais des branches osciller
lentement sous l'effet de la brise légère. Et, pour la première fois depuis des années, le silence était si grand. Lorsque les douleurs les plus aiguës ont reflué, un calme béni s'est emparé de moi. Ne restait que la forêt. Envolé ce brassage habituel de sentiments, réflexions, obligations et projets hétéroclites et complexes. D'un coup d'un seul, tout n'était que forêt. Volatilisées aussi ces chansons pour enfants qui me tapent sur le système et me trottent sempiternellement dans la tête, ces mélodies qui agrémentent les films que mon fils et ses acolytes regardent sur VHS ou DVD. Stridentes, insidieuses, insistantes, elles ont l'art de s'immiscer puis de squatter mon système nerveux central. Lors de ma chute, elles se diffusaient en boucle depuis des mois dans mon crâne." (page 32).
Bref, notre héros a une révélation. Il en a marre de son boulot (comme on peut le comprendre !), de sa vie, de la société de consommation.
Il plaque tout et va vivre dans la forêt. Sa femme ne comprend pas bien.

Tout cela ressemble singulièrement au Lièvre de Vatanen, le fameux roman d'Arto Paasilinna et c'est, pour moi, le principal problème du livre. Cela ressemble donc à du Paasilinna, mais ça n'a pas la folie, le rocambolesque que peut avoir Paasilinna quand il est en forme (Le Meunier Hurlant, La Cavale du géomètre...).
Alors, il y a des scènes amusantes : la chasse à l'élan, la cohabitation de notre héros avec un jeune élan, qui habite la même tente que lui.
"Bien évidemment, l'élan ne dit rien. Il se contente de me regarder en ouvrant de grands yeux confiants.
Quelle félicité d'avoir quelqu'un qui est incapable de parler
". (pages 18-19). Globalement, l'élan est un "personnage" bien trouvé.
Le traducteur se permet même d'ajouter un jeu de mots (sauf si une blague similaire se trouvait déjà dans l'original), page 43, avec le double sens de "incontinent" (là, on se trouve quand même au niveau jeu de mots pipi-caca).

Le roman avance, entre fâcheux qui viennent visiter notre héros, combines pour se procurer de quoi vivre, hommage loufoque à son père, et pensées philosophiques plus ou moins profondes ("Nous naissons seuls et nous mourons seuls. Il s'agirait de s'habituer à cet axiome séance tenante et pour de bon", page 55), analyse sociologique bienvenue liée au Toblerone - j'y ai repensé en achetant un Toblerone blanc de 400 grammes - rencontre avec des personnages bien sûr hauts en couleurs.

Le texte n'a pas une qualité littéraire de premier ordre - il consiste souvent à tenter un effet burlesque lié au passage sans transition d'un langage assez tenu à un langage très relâché - et il n'a pas été très bien relu ("je me serai éclipsé", page 73 ; "nous accompgner" et "pertinemment que que" page 85, "à vaguement à prononcer", page 122, je ne sais même pas pourquoi je les énumère).

Le programme de notre héros a toute ma sympathie ("
Je vais cultiver l'oisiveté à un niveau que peu ont atteint avant moi"), il picole, plaque son boulot (le rêve) tout ça... C'est objectivement humoristique, mais j'ai passé tout le roman à penser que Paasilinna, c'est plus marrant (même s'il a des procédés, lui aussi, qui sont d'ailleurs un peu les mêmes que ceux de Loe dans ce bouquin, le désir d'aller voir ailleurs, de changer de vie, les situations qui dégénèrent...).
Sympathiquement foutraque, donc, et si on y entre sans penser à Paasilinna, ce livre peut même être drôle.



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