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YO Hemmi

(1944 - )


"Journaliste émérite, Hemmi Yô est lauréat du prestigieux prix littéraire Akutagawa.
Adapté au cinéma par Shohei Himamura, le réalisateur de L'Anguille (Palme d'Or 1997), De l'eau tiède sous un pont rouge fut unanimement salué par la critique et sélectionné au festival de Cannes en 2001."

Il a obtenu le Prix Akutagawa en 1991 pour Jidou kishô sôchi.
On trouve aussi sur le net les informations suivantes, que je copie/colle :
"Yo Henmi a été correspondant à Beijing, puis à Hanoï. Il s est fait un nom comme journaliste d investigation et a remporté le prix des rédacteurs en chef japonais pour son travail en Chine. En 1991, il reçoit le prix littéraire Akutagawa, le plus prestigieux au Japon, pour son roman semi-autobiographique Jido kisho Sochi (« Dispositif de réveil automatique »). Son essai Mono Kuu hitobito (« Les gens qui mangent »), un aperçu de ses voyages culinaires autour du monde, reçoit le prix Kodansha en 1994."

pont
Bassin de La Villette, 10 avril 2011.

 

De l'eau tiède sous un pont rouge (1992; 242 pages, Editions Yago, traduit du Japonais par Silvain Chupin en 2011).
Il s'agit d'un recueil de trois textes.

Le premier texte, De l'eau tiède sous un pont rouge (Akai hashi no shita no nurui mizu, 110 pages) raconte l'histoire d'un employé d'assurances qui rencontre une étrange femme qui a un gros problème : elle se remplit d'eau et ne se vide que si elle commet un acte honteux ou a des rapports sexuels. Comme elle est plutôt pas mal, avec son long cou qui le fascine, notre héros n'hésite pas, il rassemble tout son courage pour l'aider. Elle se vide ainsi de plusieurs litres, et ça lui plaît bien, à notre courageux héros, sexuellement parlant.
"- Oui, je fais des choses affreuses, des choses interdites. Et alors, l'eau s'évacue... J'ai honte, vraiment...
- D'accord, mais ça, c'est le résultat. Ce que je voudrais savoir, c'est la raison, le motif qui vous pousse à voler.
- Eh bien, c'est à cause de l'eau, elle s'accumule en moi... Je suis malade. Une maladie affreuse...
Elle voulait dire par là que sa maladie ce n'était pas de voler, mais le fait que de l'eau s'accumulait en elle. L'eau s'accumulait dans son corps et il arrivait un moment où elle voulait en sortir par n'importe quel moyen.
" (page 35).
C'est souvent burlesco-rigolo, mais ça ne va pas beaucoup plus loin.
Heureusement (comme si l'auteur avait fait option "biologie"), on a droit à un passage sur les chauve-souris :
"- Il paraît qu'elles s'accouplent l'automne, dit Saéko. Et alors, le corps de la femelle conserve le sperme pendant plusieurs mois. Ce qui signifie qu'elle vole en le gardant précieusement en elle. L'ovulation et la fécondation ont lieu le printemps suivant et le bébé ne naît qu'au début de l'été." (page 91).
Faut-il tout prendre pour argent comptant, je ne sais pas.

Le premier texte est très lisible, peut-être un petit peu long, vu que la fin n'est pas une surprise, et que cette histoire d'eau tiède débouche donc sur pas grand-chose.

Le deuxième texte, Convoi nocturne (Naito kyaraban, 26 pages). "Aucune lumière, nulle part. Nous avions beau avancer, avancer. On se serait cru dans le ventre d'une baleine. Un vent tiède et collant soufflait dans ce noir d'encre. L'air était empreint d'une odeur à la fois douce et forte. Il semblait si visqueux que les petits points lumineux que l'on apercevait par intermittence au-dessus des arbres faisaient moins penser aux étoiles qu'à des amas de graisse scintillant dans l'estomac d'une baleine. Nous étions huit au coeur de ces ténèbres, qui nous dirigions dans la même direction." (page 119). Ils vont arriver à Hanoï... et le texte (qui parle de prostitution) a beau ne faire que 26 pages, ce que c'est long !
Mais Yô Hemmi aimant décidément les petites bêtes, on a droit à des passages sur les poux (et les morpions, aussi)." « Mon père, qui est mort, m'a appris que les poux n'ont pas d'yeux. Or il était lui-même aveugle. »" (pages 120-121), et puis : "« Papa me disait que les poux noircissent sur les peaux sombres et blanchissent sur les peaux claires. Et pourtant il n'a pas pu le voir »" (page 122).
Un court texte proche de l'insignifiance.


Le troisième texte, Music Wire (Myujikku waia, 96 pages) relève le niveau (forcément) du texte précédent. Un couple a deux enfants. Chez eux, le désordre règne, c'est pire que chez moi. Un bentô est laissé avec du riz dedans pendant plus d'un an, les vêtements sales sont jetés n'importe où et y restent... et sont parfois remis par d'autres, les poupées, les posters "sans oublier les serviettes hygiéniques", précise l'auteur (page 168).
"
Nous étions tous particulièrement nuls pour ce qui concerne le rangement. [...]
Nous avions au moins parlé dix mille fois de ce problème. Nous nous étions engueulés, nous avions pleuré et nous en étions même parfois venus aux mains à cause de ça.
" (page 166).
C'est tellement excessif qu'on n'y croit pas un instant... même en tant que caricature, c'est gros. Mais bon. Après, le chat Nekos disparaît (symbolique ultra-appuyée), et un homme, un nouveau venu dans la voisinage vient spontanément porter assistance à un malheureux canard "décharné" qui crèche dans le garage. Il va révolutionner les comportements désastreux de cette famille bordélique mais si sympathique.

Décidément, notre auteur adore les animaux... on a donc droit à des passages très instructifs sur les cigales. "« [...]
La cigale a un goût proche de celui de la crevette»... Mais ce que Fabre a mangé, c'est plutôt une larve de cigale." (page 152).
C'est lisible. Pas génial, souvent un peu facile, mais lisible.


Un recueil globalement décevant, c'est vraiment dommage, j'aurais aimé en dire du bien. Yago est visiblement un éditeur qui prend quelques risques pour le meilleur (le très bon Bateau-Usine, de Kobayashi Takiji)
, et là pour le pas très bon.

On aimerait quand même jeter un oeil sur son texte qui a obtenu le Prix Akutagawa (Dispositif de réveil automatique) ou encore sur son livre sur ses voyages culinaires.


A noter que la quatrième de couverture, qui parle de "Shohei Shimamura", au lieu de "Himamura", devait à l'origine parler de "Sh. Himamura". Finalement le prénom entier a été mis (c'est bien plus joli), mais le "Sh" est resté et s'est retrouvé accolé au nom. Ce sont des erreurs qui arrivent, et les plus visibles sont parfois celles qui passent à travers les mailles des relectures (je dois aussi en avoir de belles sur certaines pages).

Ca me dirait bien de le revoir, le film :

Eau tiède


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