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OGAWA Shizue

(Kaai, Hokkaido, 1947 - )

ogawa shizue

Ogawa Shizue est née en 1947. Elle a grandi à Memuro, un village près de Obihiro dans le sud-est d'Hokkaido.
Ses parents tenaient un petit commerce qui vendait un peu de tout, sauf de la nourriture.
"J'étais comme une pomme de terre, vivant sous le sol dans un lieu chaud et sombre. J'étais parfaitement heureuse. [...]
C'est étonnant que j'ai appris à parler le japonais ; vivant comme je le faisais dans un monde sans mots ou amis. Me promenant dans de vastes champs et les forêts profondes, j'aurais dû apprendre le son des animaux, le bruissement des feuilles. Souvent, je pensais, 'Suis-je une feuille ? Suis-je du maïs ? Que suis-je ?' Je sentais vraiment que je pouvais mieux communiquer avec la nature qu'avec les humains.
"

Plus tard, elle voulut étudier. "Je voulais connaître la signification de la vie. [...] J'ai dû batailler avec ma mère qui, étant une personne simple, pensait que si j'étudiais la philosophie, je finirais inévitablement par me suicider. On a dû trouver un compromis." (extraits - modestement traduits par moi-même, les erreurs me sont donc imputables - de la page : http://www.japantimes.co.jp/community/2003/06/14/general/from-a-potato-in-hokkaido-to-a-poet-in-shiga/ )
"Diplômée du Doshisha Women's College de Kyoto en littérature anglaise, elle est spécialiste de l'oeuvre du poète romantique anglais John Keats. [...] Elle vit aujourd'hui à l'ouest du Japon, dans la préfecture de Shiga, avec son mari.
Ses poèmes sont traduits en huit langues étrangères. Une âme qui joue-Le Cercle est son deuxième livre traduit en français."
(extrait de Une âme qui joue - Le Cercle).
Son premier livre en français a été publié chez un éditeur belge, les Editions "A bouche perdue". Il s'agit d'un recueil bilingue japonais/français, mais traduit de l'anglais.

poèmes


 

une âme qui joue

Une âme qui joue - Le Cercle. Poèmes traduits du japonais par Véronique Brindeau. Dessins de l'auteur (il y en a six ; on en voit d'ailleurs un sur la couverture). 109 pages. Editions Caractères, 2012.

Le livre commence par "La poétique de Shizue Ogawa", un texte du Mitsuo Ida, professeur honoraire à l'Université Keio (traduction de Nathalie Henry).

"Parmi les poètes japonais contemporains, Shizue Ogawa occupe une place à part. La spécificité de sa poésie peut se résumer en deux mots : diversité et synthèse. Plus précisément, on y sent une douceur vis-à-vis de toutes les choses vivantes, qui rappelle Misuzu Kaneko ou Jôsô Naitô ; un humour teinté de mélancolie, une sensibilité visuelle et auditive, et, en même temps, on y perçoit une dimension métaphysique. De nombreuses poésies traitent de l'aspect quotidien des choses, puis la vision s'élargit au cosmique. Des mots décrivent matériellement les choses, et pourtant, c'est leur essence - selon Martin Heidegger - qu'ils révèlent." (page 9).

"Tout possède une âme. [...] Cette empathie cosmique est un des plus grands attraits de la poésie de S.Ogawa, qu'il s'agisse des montagnes ou des fleuves, du vent, de la neige ou des nuages, elle les touche de ses yeux, les sent dans sa peau." (page 13), écrit le professeur Mitsuo Ida, qui poursuit en parlant de la pensée animiste.
"Il est est intéressant de noter que cet animisme cosmique, cette vision du monde d'un monisme japonais que l'on retrouve dans les sectes Tendai et Zen, n'est pas l'apanage du Japon mais existe sous une forme similaire dans une Europe où domine pourtant le dualisme platonicien, au moins dans la France de la Renaissance et du maniérisme baroque. On peut voir chez les poètes français du maniérisme baroque après la Renaissance, Pierre de Ronsard, Saint-Amant, Théophile de Viau, certaines similitudes avec la pensée de Tendai. Les forêts, les fleuves, mais aussi les pierres et la lune abritent l'âme du monde. Il y a là un fil à suivre pour des études comparées des pensées occidentales et orientales." (page 14).

Après cette présentation, on trouve trente poèmes extraits de plusieurs recueils (Une âme qui joue, I à VIII). On remarquera qu'il n'y a ni point, ni virgule. Des petites notes de l'auteur éclairent parfois le lecteur français sur le sens de certains mots (tabi, yôraku, la fête d'O-Bon...)
Le texte japonais est sur la page de guache, la traduction sur celle de droite.


Dans le poème qui suit, on trouve de façon évidente le sens du cosmique, à partir d'un objet banal :

"Le bol à riz

Le bol sereinement
tourné vers le ciel
humblement reçoit les étoiles
les présente
sa courbe est la même que le ciel
le bol à riz

sereinement assise le buste droit
je regarde le riz    dans la lumière du bol
paume
où le ciel se reflète
blanc cosmos du riz

celui qui créa le bol sait
le nombre des étoiles
celui qui offre le riz le sait aussi
il offre le ciel
qui passe doucement dans la gorge et pénètre la poitrine
devient force conduisant la plume

morceau de glaise
le bol à riz
offre les étoiles blanches et sans goût
modeste à l'éclat
nombreuses comme les mots les uns les autres
il transmet l'étendue du ciel.
" (page 45)
poème extrait de Sons - Une âme qui joue (III)

Voici, pour illustrer l'empathie avec les animaux, le début de Les Chevaux pleurent aussi :
"« Mon petit est mort »
pleurait la jument
les larmes coulaient le long de sa mâchoire et de sa bouche
« on l'a emmené loin d'ici »
de la tête elle fouissait la paille
ses naseaux flairaient l'odeur encore présente du poulain
au milieu de son front
il y avait la même marque que sa mère
" (page 63).
poème extrait de Sons - Une âme qui joue (III)

une âme qui joue
dessin de l'auteur

On peut songer à Miyazawa Kenji, avec le début de Le Guichet des timbres à la poste centrale :
"« Je voudrais travailler à la Poste centrale
au guichet des timbres »
déclara la taupe dressée sur ses orteils
« la concurrence est rude sais-tu ? Il faut fournir un curriculum »
la taupe était restée longtemps sous terre
elle voulait voir de belles choses
« je tâcherai d'en parler au directeur »
le préposé traînait les pieds.
" (page 55)

Parfois, les poèmes sont très courts, comme celui-ci, intitulé Le tiroir est une fleur au sommeil léger, extrait de Le vent - Une âme qui joue (IV).

"Doucement doucement   je l'ouvrirai
le tiroir est une fleur délicate
encore en bouton je l'offrirai
ce souvenir

doucement doucement
je le fermerai sans le réveiller
le tiroir est une fleur au sommeil léger
le chagrin vers le fond je l'y déposerai"
(page 69).

une âme qui joue
dessin de l'auteur

Finissons avec deux extraits d'un poème tout doux : Dors bien au chaud, extrait de Le vent - Une âme qui joue (IV) :

"Réchauffe bien tes membres avant de dormir
réchauffe bien tes pieds surtout
cela te gardera de rêves tristes
où quelqu'un te poursuivrait
[...]

si tu veux rêver de pommes cueillies toute chaudes
d'un arbre tout empli de fruits mûrs
endors-toi la main sur la joue
dis-toi doucement
« c'est mon corps » et dors
" (page 77).



Ce sont de très jolis petits poèmes, qui montrent différents aspects de l'oeuvre d'Ogawa Shizue.


Sur http://www.worldliteraturetoday.org/2012/may/soul-play-shizue-ogawa on trouve, dans une énumération : "des elfes souterrains versent de la couleur dans les racines d'un arc-en-ciel que le poète tire dans le ciel comme un cerf-volant, un orchestre de poissons joue, danse et chante dans une rivière au clair de lune." On aurait bien aimé les lire, ces poèmes !

On pourra écouter sur http://www.worldliteraturetoday.org/2012/may/bilingual-recordings-soul-play-shizue-ogawa quelques poèmes (The Well, Under a Lilac Tree, Flames-A Soul at Play, Tracks) lus par Ogawa Shizue elle-même, accompagnée au violoncelle par Hikaru Tamaki, ainsi que la traduction en anglais, lue par Donna Tamaki (extraits de cinq volumes et 2 CD).

soul at play

On trouvera d'autres poèmes sur : http://www.temporel.fr/Shizue-poemes ainsi que sur : http://www.papillonsdemots.fr/2012/11/12/shizue-ogawa.

Autre livre disponible : "Une âme qui joue - L'Horizon", paru en mai 2015.

horizon


Ogawa Shizue sera présente à la Maison de la Culture du Japon, à Paris, le jeudi 8 octobre 2015 :
" Un évènement (lecture) aura lieu le jeudi 8 octobre à 18h dans la Petite Salle.
Une soirée autour de l’œuvre de Shizue Ogawa. Les poèmes lus par elle-même et Anny Romand.
Réservation obli­ga­toi­re : Editions Caractères Tel : 01 43 37 96 98
Email : contact@editions-caracteres.fr
" ( http://www.mcjp.fr/francais/expositions/jardins-japonais/jardins-japonais  )

lefevre

 

 


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