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NAGASHIMA Yû

(Hokkaidô, 1972 - )

nagashima yu


Né en 1972 dans l'île de Hokkaidô, Nagashima Yû fait des études de Japonais à l'Université de Tôkyô. Il écrit déjà, alors qu'il est encore étudiant. Il travaille un peu, puis démissionne, et en 2001, il fait ses débuts en littérature, avec la publicationd'un roman : Le chien dans le side-car remporte le prix Bungakukai pour les jeunes auteurs.
En 2002, il obtient le le prix Akutagawa avec Une mère à toute vitesse.
Parrallel (Bungei Shunju) sort en 2004.
En 2007, Barococo obtient le Prix Kenzaburô Oé.

Nagashima Yû écrit également des critiques de jeux vidéos sous le nom de Burubon Kobayashi, et des haïkus sous le nom de Kenko Nagashima.

Ces informations ont été trouvées sur http://www.jlpp.jp/en/authors/detail.html?w_id=251

Barococo (Yukochan no chikamochi - qui se traduirait semble-t-il par Le Racourci de Yuko, 254 pages, Editions Philippe Picquier, traduit du Japonais par Marie Maurin).
Premier prix Kenzaburô Oé 2007. Ce prix est attribué par Kenzaburô Oé lui-même et uniquement. Le livre qui se voit attribué ce prix est traduit en anglais, en français et en allemand.

Le roman commence ainsi : "Cela fait une semaine que j'occupe un logement au premier étage du Barococo. A l'intérieur, il y a une commode traditionnelle, une petite bibliothèque, une grande étagère de cuisine et une coiffeuse. [...] J'ai tout de suite compris que l'endroit servait aussi de remise, mais la présence de la commode et de la coiffeuse de style japonais m'a paru étrange parce que le magasin d'antiquités est spécialisé dans les objets occidentaux. [...] Une fois les futons dépliés, il ne reste pratiquement plus de place dans cet espace exigu de six tatamis.
Devant le Barococo, il y a un passage piéton et, la nuit, la lueur du feu rouge pénètre dans la pièce dépourvue de rideaux. De temps à autre passe une voiture lancée à pleine puissance. Je risque un oeil hors de la pile de futons sous laquelle je suis enfoui, mais je ne me sens nullement misérable, malgré la buée qui sort de ma bouche, et je ne tarde pas à sombrer de nouveau dans le sommeil. Si l'on peut dire, car j'ai l'habitude de veiller tard et de me coucher au milieu de la nuit ou aux premières lueurs de l'aube.
" (pages 5-6).

Notre héros est arrivé comme ça, un jour. Il loge donc au-dessus du magasin d'antiquités, donne un coup de main à l'antiquaire, ce qui veut dire qu'il fait surtout de la présence.
Il a un naturel un peu nonchalant. Il a généralement du mal à définir ce qu'il ressent. Lorsqu'il remplit le radiateur à kérosène, on peut lire ceci : "La vue du pétrole, où flottaient de petites bulles, en train de couler et de remplir la cartouche m'a procuré, je ne sais pourquoi, une sensation de paix." (page 88).
Ou bien il ne sait pas comment définir une atmosphère, et ce n'est qu'un ou deux paragraphes plus loin que cela lui revient (page 156-157).
Ce n'est pas un type stressé. Le roman, par lui narré, est souvent nonchalant. En tout cas, même s'il se pose quelques questions métaphysiques, c'est rarement dramatique ou tragique. A un moment, il va dans un bain public : "Quand je me déshabille dans les bains déserts, je me sens plus que jamais insouciant et angoissé par la vie incertaine que je mène." (page 216).

A part notre narrateur, et l'antiquaire, on voit beaucoup Mizue, une illustratrice habituée du magasin ; elle vient comme ça, pour papoter un peu, mais n'achète jamais rien. On voit aussi le propriétaire, qui habite à côté. Il râle fréquemment. Parmi ses deux petites-filles, l'une fait une école d'art, et prépare un mystérieux travail de fin d'étude.
Et puis, il y a Françoise. "Elle avait un grand nez et la façon de se tenir bien droite typique des vraies Françaises." (page 96). C'est toujours amusant de voir comment les Français sont représentés dans les oeuvres étrangères.

Ce roman fait beaucoup penser à La Brocante Nakano, de Kawakami Hiromi, mais débarrassé de sa gangue de niaiserie. Pas de méchants, pas de crime. Il se passe juste les petits drames de la vie.
Plutôt qu'un roman, il s'agit presque de "nouvelles" différentes, qui se suivent chronologiquement. On trouve des petits rappels de ce qui s'était passé auparavant, ce qui laisse supposer que le livre a pu être publié sous forme de livraisons étalées dans le temps.

C'est donc un roman pas désagréable du tout, intéressant sans que l'on sache vraiment pourquoi (il n'y a rien d'extraordinaire ni dans le style, ni dans les événements), à lire lorsque l'on est en quête d'un livre somme toute paisible. Il pourrait faire cent pages de plus, cinquante de moins, cela ne changerait rien.

Oé, qui a attribué son prix à un livre aux antipodes de ce qu'il écrit lui-même, a déclaré : "En même temps qu'un fort sens critique, cette oeuvre exprime l'attrait de la fiction à l'ancienne chez les Japonais d'aujourd'hui" ("Together with a strong critical sense, this work expresses the old-fashioned appeal of fiction through new Japanese people." peut-on lire sur le site de JLPP).
Remercions-le, sinon ce livre n'aurait peut-être jamais été traduit en français.

A noter que sur http://www.editions-picquier.fr/catalogue/fiche.donut?id=626&cid= , on pourra trouver les 38 premières pages au format pdf.
C'est bien.

       mosupiido

Ma mère à toute allure, précédé de Le Chien dans le side-car (Mouspiido de haha wa, 153 pages, Editions Philippe Picquier, traduit du Japonais par Marie Maurin).
Le Chien dans le side-car, (qui a reçu le prix Bungakukai) : "J'ai rendez-vous avec mon petit frère que je n'ai pas vu depuis des années. Après le lycée, il est monté directement à la capitale où il a retrouvé un camarade plus âgé que lui. Il voulait créer un groupe de rock et a fini par devenir, je ne sais pas comment, l'imprésario de jeunes « idoles » de la chanson qui n'ont jamais percé." (page 7).
Sur le chemin, notre héroïne-narratrice achète des Chocoblé, ce qui nous donne un passage, quelques pages plus loin, sur les avantages comparés de deux marques : les Chocoblé et les Choco-blé. "Nous nous contentions de savourer l'un des deux en essayant de nous rappeler la saveur de celui que nous avions mangé la fois d'avant. Mon frère et moi, nous nous regardions, la bouche pleine.
- Les Choco-blé sont bien meilleurs, disait mon petit frère.
- Les Chocoblé, c'est beaucoup mieux, tu sais, répliquais-je.
" (page 15).
Mais revenons un tout petit peu en arrière, et découvrons que grâce aux Chocoblé (et aux Choco-blé), version société de consommation de notre bonne madeleine bien de chez nous, on peut replonger dans ses souvenirs d'enfance...
"Cette année-là, au début des grandes vacances, ma mère a quitté la maison. Je n'ai compris qu'elle était partie qu'à son retour. Au moment où elle a disparu, je me suis simplement dit qu'elle mettait du temps à revenir. « Elle va bientôt revenir », s'est contenté de déclarer mon père, comme on parle d'un chat qu'on laisse vagabonder à sa guise. [...]
Mes parents passaient le plus clair de leur temps à se quereller.
" (page 8).
Mais très vite : "Yôko a fait son apparition à la fin du mois de juillet." (page 9). C'est la copine du père. Elle est sympa. Tout le monde est sympa dans cette histoire sympa de 64 pages, qui s'évanouit très vite dans la mémoire. Ce qu'on en retient, c'est juste que c'était inoffensif, mais sympa à lire, ce qui est déjà pas mal.
Ah, pour mémoire, page 32, vers le haut, il manque un "m" à "demandé", ça donne "deandé". Le texte se lit tellement vite qu'on loupe des petits détails comme ça...

Ce texte a été adapté au cinéma en 2007 (et jamais sorti en France) par Kichitaro Negishi, sous le titre Saido kâ ni inu.
L'adaptation est globalement très fidèle. Pour arriver à 1h30 un passage de vacances a été ajouté, mais ça ne change pas grand chose.
Voici la gentille héroïne, toute mimi...

Le fameux chien dans le side-car :    ... et la piquante Yôko (Yûko Takeuchi) :  
Un film sympathique, un peu comme le texte dont il est l'adaptation. Jolie musique, aussi (qui fait un peu penser aux films de Kusturica).
Peut-être le film est-il plus intéressant si on n'a pas déjà lu le livre.

Passons maintenant à Ma Mère à toute allure, prix Akutagawa. 81 pages.
"La neige tombée à maintes reprises s'amoncelait de plus en plus. Ma mère m'a demandé de l'aider à changer les pneus de la voiture. Elle est allée dans le local de rangement HLM, a pris deux pneus à clous, un dans chaque main, et elle est partie en direction du parking. Moi, Makoto, je trottinais derrière elle en poussant sur l'asphalte un pneu vacillant qui menaçait à chaque pas de tomber et que je redressais de mon mieux. Je trouvais que les pneus hérissés de clous à intervalles réguliers avaient quelque chose de vraiment rassurant." (page 73).
Le texte commence avec du quotidien. La mère de notre héros rêve de s'acheter une Coccinelle (la voiture, bien sûr).
Ils habitent M.
"M. est une petite agglomération en bord de mer, dans le sud de l'île de Hokkaidô. Du côté de la terre, elle est environnée de montagnes peu élevées." (page 75).
Après son divorce, la mère part à M avec son fils.
"Ma mère, qui avait repris ses études, suivait une formation de maîtresse d'école maternelle. Elle avait une vie bien remplie : le jour, elle étudiait et, le soir, elle travaillait à la station-service." (page 80).
"J'avais déjà vu des hommes qui devaient être des amoureux de ma mère. Elle m'en avait présenté à diverses reprises, mais sans jamais dire clairement de quoi il retournait. Elle s'était contentée de dire prix « monsieur Untel » et « Makoto » en guise de présentation.
Ils avaient tous l'air un peu empruntés quand ils se trouvaient devant moi. Ils voulaient toujours bien s'entendre avec moi et m'offraient quantité de jouets. Je les rencontrais rarement plus de deux ou trois fois et, en général, une fois seulement. Le matin au petit-déjeuner, ma mère me faisait des remarques en me regardant manger mes tartines.
- Toi au moins, quand tu seras grand, tu ne conduiras pas des voitures avec une boîte automatique, pas vrai ? Tu seras capable de sauter par-dessus des barrières un peu hautes, n'est-ce pas ?
Je me demandais ce qui avait pu se passer et je me disais qu'elle avait dû laisser tomber l'homme que j'avais rencontré.
" (pages 85-56).
Et ainsi va la vie. Parfois, il vont chez les grand-parents.
"Ma mère roulait à toute allure sur la route bordée d'innombrables crabes.
Le trajet comportait aussi plusieurs tunnels L'intérieur était éclairé par des alignements de lampes, disposées de aprt et d'autre de la voûte, qui défilaient à une vitesse vertigineuse. Chaque fois que ma mère voyait ces lumières, elle parlait de Solaris, le film d'Andreï Tarkovski. En dépit de ses explications, je ne comprenais pas très bien où elle voulait en venir et finissais souvent par m'assoupir." (pages 88-89)
L'école, les amoureux de la mère, les vacances d'été, les grands-parents...

On peut dire que ce texte comporte un charme subtil, très léger.
Il se dissipe également très rapidement dans la mémoire, ne laissant qu'une vague impression incertaine.

Barococo est supérieur à ces deux textes, car il est plus long, il développe plus les personnages, il prend plus son temps. Mais, dans tous les cas, l'histoire n'a que peu d'importance.
Ce recueil reste une petite chose vite lue (mais dont les textes ont reçu l'Akutagawa et le Bungakukai...), et pas désagréable du tout.

On pourra lire une analyse en anglais (rédigée par quelqu'un qui lit dans le texte original) sur le très bon blog http://sgttanuki.blogspot.com/2009/05/mo-speed-de-haha-wa.html.

 

Oeuvres adaptées au cinéma :
- Saido kâ ni inu (Le Chien dans le Side-Car ; 2007). Réalisé par Kichitaro Negishi.
le chien dans le side-car
- Jaji no futari (2008) , réalisé par Yoshihiro Nakamura.

jaji no futari  

 

Son site officiel : http://www.n-yu.com/

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