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Koyoshi de Kyoto
(199... - )


Koyoshi de Kyoto
Photographie de Nakajima Hideo


maiko
"C'est vrai que j'ai l'impression qu'elle paraît plus longue [la nuque] avec du fard en forme de V que quand on la recouvre entièrement !" (page 42)

- Maiko - Journal d'une apprentie Geisha (Gion Koyoshi, 2015 ; 109 pages, Picquier, traduit du japonais en 2016 par Chika Odaka-Pochard. Photographies de Nakajima Hideo)
Il s'agit d'un petit livre agrémenté de nombreuses photos. Il est constitué de dix parties : Je m'appelle Koyoshi ; les arts ; les vêtements ; le maquillage ; les accessoires ; l'apparence ; la ville ; les fêtes; le travail ; les gens.

Il commence ainsi :
"J’ai grandi dans l’arrondissement de Yamashina à Kyoto. Si je dis cela, vous allez peut-être penser que parce que je vivais à Kyoto depuis mon enfance j’étais attirée par les maiko, ces apprenties geishas, mais quand j’étais petite, les maiko étaient lointaines et inaccessibles, je ne pouvais pas espérer en devenir une car je n’en avais jamais vu à l’époque.
Alors pourquoi suis-je devenue maiko ?
Ma mère m’a fait donner de nombreux cours, boulier, natation, patinage... Je n’ai jamais persévéré, excepté dans le mai, la danse japonaise traditionnelle. Le mai est l’art majeur pour une maiko. J’ai eu la chance de commencer à l’apprendre quand j’étais à l’école primaire, en CE2.
" (page 14)
Le style est direct, et on voit que le texte qu'on lit est arrangé pour le public français : sinon, pourquoi préciser que les maiko sont des apprenties geishas... à part pour éviter des notes. Précaution d'ailleurs inutile, puisqu'il y a un glossaire assez fourni et bien utile, car les termes japonais abondent, et ils ne sont pas forcément très connus : Gohan tabe, Maneki, Misedashi, shikomi....

Revenons au livre. La narratrice est une fille ordinaire, comme elle l'écrit. Alors qu'elle était en 4° au collège, elle quitte sa famille pour vivre "dans un okiya, une maison de geishas" (page 15). Elle devient maiko, et prend le nom de Koyoshi. Elle explique comment on choisit un nom, quelles sont les règles issues de la tradition.

maiko

La deuxième partie, les arts :
"
Pour nous, maiko ou onêsan qui sommes devenues geiko, le nom donné aux geishas à Kyoto, les arts sont très importants. On pense souvent que notre travail est de donner de l’éclat aux banquets (ozashiki) en mettant de jolis kimonos, mais ce n’est pas tout, nous sommes des artistes et notre travail est de « vendre les arts »." (page 21)
"Nous, les maiko de Gion-Kôbu, nous nous entraînons à apprendre les arts dans une école appelée Yasaka Nyokôba Gakuen. Les matières obligatoires sont le mai, le shamisen et la cérémonie du thé. Ensuite, celles qui le souhaitent apprennent le kadô, les percussions ou la peinture. Chaque art est important pour nous, mais étant donné notre nom de maiko, le principal est le mai." (page 25)
La partie suivante est consacrée aux vêtements. Elle aborde certains aspects pratiques : "Quand on danse, il faut se servir de la force centrifuge et donner de petits coups de pieds dans le bas du kimono, mais quand on est novice, le bas s'enroule autour des jambes et on ne peut plus bouger." (page 27). Elle parle de l'ohikizuri, du darari obi ("c’est la ceinture des maiko, semblable au maru obi mais d’une longueur supérieure pouvant atteindre six mètres ; elle porte à l'une de ses extrémités le kamon de l'okiya de sa propriétaire", cf Wikipedia), des okobo, des pocchiri...
"Quand on devient une maiko onêsan, on doit porter un kimono avec des couleurs ou des motifs sobres et il faut accorder de l'importance à la saison où on le porte. On ne se conforme pas à la saison en cours mais on avance d'une saison, si on est en été, on choisira un kimono avec des motifs de plante d'automne.[...] La façon d'accorder les couleurs d'un kimono n'a rien à voir avec celle qui a cours pour les autres vêtements, par exemple avec un kimono violet on pourra mettre un obi jaune et rouge foncé. Je trouve beaucoup de charme au fait de créer des harmonies qui seraient impossibles avec des vêtements normaux." (page 34) (si on s'intéresse aux kimonos, côté fiction on pourra aussi jeter un oeil à Hanayoi - La chambre des kimonos, de Murayama Yuka).
Concernant le maquillage : "On n'utilise que le rouge et le noir pour les sourcils et les yeux. Mais le maquillage diffère selon l'ancienneté : l'usage pour les sourcils est le même pour toutes, mais durant sa première année de maiko, on emploie seulement le rouge pour les yeux et jamais de noir." (pages 38-39).

maiko

Dans cette partie, Koyoshi parle également de la coiffure : "Dans tous les cas, les coiffures sont élaborées à partir de nos propres cheveux. C'est pourquoi toutes les maiko ont les cheveux longs jusqu'au milieu du dos. Nous ne pouvons évidemment pas nous coiffer nous-mêmes, nous allons donc chez un coiffeur spécialisé. C'est long et cela coûte cher, aussi y allons-nous en général qu'une fois par semaine. Ainsi, nous les maiko passons presque toute l'année avec la coiffure japonaise traditionnelle. Pour ne pas nous décoiffer, nous dormons la tête appuyée sur un petit oreiller posé sur une base en bois ou en poterie. Quand nous dormons sur le côté en le posant sous le cou, rien ne vient déranger la coiffure." (page 42). C'est dur !

oreiller
Photo trouvée sur https://www.tokyojinja.com/tag/takamakura

"Cela m'est arrivé plusieurs fois d'écraser ma belle coiffure parce que l'oreiller s'était déplacé dans mon sommeil.
Pour que ce genre de chose n'arrive pas, on dit qu'à l'époque, on mettait du son de riz sous l'oreiller. En effet la rumeur prétend que quand on sait qu'il y a du son de riz, on est attentif même en dormant et donc [...] on garde son oreille bien à sa place.
" (pages 42-43).

Puis vient une partie consacrée aux accessoires, puis à l'"apparence" :
"A Gion, il existe un mot, obokoi, qui symbolise la figure de la maiko, réservée, innocente et mignonne. [...]
Ainsi les maiko doivent être obokoi, avoir un charme enfantin, mais attention, pas trop longtemps, les gens pourraient alors les trouver ezukuroshii, c'est-à-dire trop mignonnes, ce qui est indigne d'une personne adulte. Pour éviter cela, les maiko arborent des vêtements et un maquillage de plus en plus sobres à mesure qu'elles avancent en âge : moins d'éclat dans les kimonos et la parure, modification de la hauteur de l'obi du kimono, un peu plus bas, ça fait plus onésan
["grande soeur", voir wikipedia]" (page 56).

On trouve ensuite une partie consacrée à la ville (Gion), aux fêtes, au travail, aux gens...

Il y a donc, dans ce petit livre sans prétention, de nombreuses informations. Mais, même si la narratrice est censée parler de son expérience, le texte est assez anonyme : Koyoshi insiste sur le côté fille toute simple et modeste qui devient maiko et bientôt sera geiko, mais sa personnalité, ses craintes, ses aspirations, ses difficultés, tout cela reste très vague, très superficiel. Elle parle très peu d'elle. Peut-être par politesse ? Ou plus vraisemblablement parce qu'elle est en activité.
On apprend en passant que de nombreuses maiko abandonnent. On aurait aimé savoir ce que Koyoshi pense vraiment, ce qu'elle a ressenti. En effet, le sous-titre du livre est "journal d'une apprentie geisha", ce qui suppose qu'on va lire quelque chose de personnel... mais finalement, où est le journal ? Les entrées sont thématiques, cela n'a rien à voir avec un journal, le lecteur est trompé.

C'est donc un petit livre pas inintéressant, très vite lu (les photos, pas toujours liées au texte qu'elles sont censées illustrer, prennent beaucoup de place) mais si l'on veut découvrir le monde des geishas (ou geiko), ce n'est probablement pas celui par lequel il faut commencer.



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