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Giorgio BASSANI

(Bologne, 04/03/1916 - Rome, 13/04/2000)

giorgio bassani


"
Giorgio Bassani naît à Bologne mais c'est à la ville de Ferrare qu'est liée son existence, ville où il passe son enfance et sa jeunesse. En 1939, il sort lauréat de la faculté des lettres de Bologne. Juif, il est victime des lois raciales de 1938, et il est obligé de publier en 1940 son premier livre Una città di pianura sous le pseudonyme de Giacomo Marchi. Militant antifasciste, il est incarcéré en 1943.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il part pour Rome où il tente sa chance au cinéma comme scénariste, mais également comme acteur. Il adhère à cette époque au Parti socialiste italien (il sera élu conseiller municipal apparenté PSI en 1962 et restera proche de ce parti jusqu'en 1966, date à laquelle il adhère au Parti républicain). C'est aussi à partir de cette époque, dans les années 1950 et 1960, que sa production littéraire, plus importante, paraît à un rythme soutenu.

Plusieurs de ses ouvrages reçoivent des prix littéraires et sont adaptés au cinéma. Les principales œuvres appartiennent au cycle du Roman de Ferrare (Il Romanzo di Ferrara).

Giorgio Bassani a aussi été professeur d'histoire à l'Académie nationale d'art dramatique, journaliste, vice-président de la RAI (de 1964 à 1966), rédacteur en chef de la revue littéraire Boteghe Oscure et directeur éditorial des éditions Feltrinelli." (Wikipedia).

le héron    l'airone
Bologne, le 8 février 2016. A côté du livre, sur une carte postale, un héron de Ravenne (Basilica di San Vitale ; VI° siècle). A droite, une édition italienne.

- Le Héron (L'airone, 1968). Traduit de l'italien par Michel Arnaud. L'Imaginaire Gallimard. 216 pages.

Le roman se déroule sur une journée d'un dimanche de la dernière semaine de décembre 1947. Il commence ainsi :

Texte original
Texte français
"Non subito, ma risalendo con una certa fatica dal pozzo senza fondo dell'incoscienza, Edgardo Limentani sporse il braccio destro in direzione del comodino. La piccola sveglia da viaggio che Nives, sua moglie, gli aveva regalato tre anni fa a Basilea in occasione del suo quarantaduesimo compleanno, continuava, nel buio, a emettere a brevi intervalli il suo suono acuto e insistente, anche se discreto."

"Non point sur-le-champ, mais remontant avec une certaine peine du puits sans fond de l'inconscience, Edgardo Limentani étendit le bras droit en direction de la table de nuit. Le petit réveil de voyage dont Nives, sa femme, lui avait fait cadeau trois ans auparavant à Bâle, à l'occasion de son quarante-deuxième anniversaire, continuait d'émettre, dans l'obscurité, sa sonnerie aiguë et insistante, encore que discrète." (page 15).

Edgardo Limentani est juif : on comprend donc qu'il ait dû séjourner quelque temps en Suisse... Il a toutefois pu conserver son domaine de quatre cents hectares grâce à sa femme qui, elle, est catholique.
Maintenant, son domaine est un peu menacé par la montée en puissance des idées communistes...

Il est très tôt. Edgardo fait sa toilette :

Texte original
Texte français
"Prese a insaponarsi, cominciando dalla punta del mento. E a mano a mano che le linee del suo volto sparivano dentro la saponata, tornava a sentire, ancora più grave di poco prima, il peso della giornata di caccia che gli stava davanti.
Era soltanto lui a imporsela. E perché, poi? A quale scopo? No avrebbe invece fatto molto meglio a piantarla, una buona volta, con quell'idea della caccia in botte?
"

"Commençant par la pointe de son menton, il se mit à se savonner. Et au fur et à mesure que les traits de son visage disparaissaient sous la mousse de savon, il sentait de nouveau peser sur lui, plus lourdement encore que tout à l'heure, l'idée de cette journée de chasse qui s'ouvrait devant lui. Cette journée, c'était uniquement lui qui se l'imposait. Et pourquoi, du reste ? Dans quel but ? N'eût-il pas beaucoup mieux fait, au contraire, de laisser tomber et de renoncer, une bonne fois, à cette idée de chasse au gibier d'eau ?" (page 20).

Edgardo a une forte angoisse existentielle, un sentiment d'absurdité face à la vie, qui lui semble manquer de sens.

Texte original
Texte français

"Ancora una volta era come se fra lui e le cose che vedeva si levasse una specie di sottile e trasparente lastra di vetro."

"Come erano tranquilli e beati gli altri, tutti gli altri! - tornava a ripetersi, riabbassata la testa sul piatto -. Come erano bravi a godersi la vita !"

"Oui, encore une fois, c'était comme si se levait entre lui et les choses qu'il voyait une sorte de mince et transparente plaque de verre. Les choses toutes d'un côté, et lui, de l'autre, les regardant une à une et s'en étonnant." (pages 27-28).

"Comme ils étaient tranquilles et béats, les autres, tous les autres ! se répétait-il encore, baissant de nouveau la tête sur son assiette. Comme ils savaient jouir de la vie !" (page 131).

Il se pose, via des phrases souvent longues et pleines de virgules, des questions sur les motivations des gens - qu'il interprète généralement mal.

Texte original
Texte français

"D'altra parte - si diceva, tornando ad avvertire la lima segreta dell'angoscia, eppure non ancora rassegnato a subirla, l'angoscia, a ricascarci dentro -, d'altra parte lui non avrebbe potuto regolarsi in modo diverso."

"D'autre part, se disait-il, recommençant à se sentir rongé secrètement et de façon obsédante par l'angoisse, et pourtant ne se résignant pas encore à la subir, cette angoisse, à y retomber, d'autre part, donc, il n'aurait pas pu se comporter de façon différente." (page 164).

Il est indécis, s'imagine des intentions cachées de la part de ses interlocuteurs, se pose des problèmes, se demande s'il n'aurait pas dû agir autrement...
En fait, il se trompe quasiment tout le temps sur les apparences : même lorsqu'il entre dans une église (page 184), il est étonné par les dimensions de l'intérieur.

Au cours de sa longue et pénible journée de chasse, Edgardo va voir un héron, dans un passage symbolique. Il y a beaucoup de passages signifiants, notamment des reflets, vitres...

C'est un bon roman cérébral, vraiment pas gai.

On perd forcément un peu de couleur locale par rapport au texte original, par exemple : "«Val via l'istéss, sgnór avucat?», domandò l'altro, anche lui a voce bassa, tranquilla.", donne "Vous partez tout de même, signor avvocato ? demanda l'autre en dialecte, lui aussi d'une voix basse et tranquille. (page 18), mais qu'y faire ?



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