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Franz WERFEL
(Prague, 30/12/1890 - Beverly Hills, 26/08/1945)


franz werfel

 

Franz Werfel est un poète, romancier et dramaturge autrichien, né le 10 septembre 1890 à Prague et mort le 26 août 1945 à Beverly Hills en Californie.
Werfel est un des protagonistes du courant expressionniste de l'entre-guerre. Ses principaux thèmes sont la musique, l'histoire et la foi catholique bien qu'il ne se soit jamais converti.

Franz Werfel est issu de la bourgeoisie juive-allemande de Prague. Par sa gouvernante et par sa scolarité dans un établissement privé, son enfance est imprégnée de la foi catholique. Lycéen, il se lie d'amitié avec Max Brod et Franz Kafka et publie ses premières poésies. En 1909, il obtient le baccalauréat au lycée Deutsches Gymnasium à Prague. Après le service militaire 1911-12, Werfel travaille pour la maison d'édition Kurt-Wolff-Verlag à Leipzig. De 1915-17 il est soldat dans l'armée autrichienne.
Il est un des rares auteurs de son temps à avoir dénoncé le génocide arménien.

À partir de 1919, Franz Werfel vit avec Alma Mahler-Gropius, fille du peintre Emil Jakob Schindler, veuve du compositeur Gustav Mahler et épouse de l'architecte Walter Gropius dont elle divorce en 1920. Musicienne et grande dame du monde intellectuel viennois, Alma aura une grande influence sur Franz Werfel ; ils se marient en 1929.
alma werfel

En 1938, le couple fuit devant les troupes allemandes et se réfugie en France, à Sanary-sur-Mer. En 1940, ils sont à Lourdes où Werfel s'intéresse à Bernadette Soubirous, sainte catholique très populaire, et à ses visions de la Vierge dans une grotte près de Lourdes. Il fait le vœu d'écrire un livre sur Bernadette s'il était sauvé. Après la traversée des Pyrénées avec Heinrich Mann, le frère de Thomas Mann, et Golo Mann, le fils de Thomas Mann, le couple se trouve au Portugal d'où ils émigrent aux États-Unis.

En 1941, Werfel est naturalisé américain.

Il meurt en 1945 d'une attaque cardiaque, à l'âge de 54 ans." (merci wikipedia)

 

une ecriture bleu pâle

Une écriture bleu pâle (Eine blassblaue Frauenschrift, 1941 ; 151 pages). Traduit de l'allemand Robert Dumont. Stock. 151 pages.

Le roman, qui se déroule à Vienne en 1936, commence ainsi :
"Le courrier était sur la table du petit déjeuner. Une pile de lettres respectable, car Léonidas avait fêté récemment son cinquantième anniversaire et, tous les jours, des messages de félicitations tardifs lui parvenaient encore. [...]
Léonidas sourit à sa femme d'un sourire affecté comme pour s'excuser d'avoir réussi à atteindre à la fois ses cinquante ans et le sommet d'une brillante carrière. Depuis quelques mois, il était chef de cabinet du ministre de l'Enseignement et des Cultes, et faisait ainsi partie des quarante ou cinquante fonctionnaires qui, en réalité, gouvernaient l'Etat.
" (page 7).
La vie est belle. Contrairement à lui, sa femme Amélie est issue d'une très bonne famille. Elle est belle, s'entretient pour plaire à son mari, car elle est encore très amoureuse de lui.
"Un léger étonnement renouvelé chaque jour vous conduisait hors du néant de la nuit dans la pleine conscience de votre propre réussite, une réussite qui méritait vraiment ce nom." (page 9).
Léonidas parcourt la pile de lettres. "La onzième écrite à la main d'une écriture bleu pâle se distinguait donc du lot et réclamait l'attention. Une grande écriture féminine penchée, sévère. Léonidas baissa machinalement la tête, car il sentait qu'il avait blêmi." (page 16).
Contrairement au personnage principal du roman Le Houx (de Hartmut Lange), Léonidas sait bien qui est l'auteur de cette lettre, qui va déclencher un afflux de souvenirs et une remise en question.

Car Léonidas est content de lui-même, d'autant plus qu'il se juge avec indulgence.
"Il se complimentait lui-même avec quelque mélancolie, lui, un homme de l'avis général beau et séduisant, de n'avoir, à part l'épisode passionné avec Véra, à se reprocher en tant qu'homme marié que neuf à onze écarts de conduite sans importance." (page 29).
Son histoire avec Véra remonte à tellement longtemps... "
C'est plus d'une demi-génération qui assure une relève presque complète des vivants, un océan de temps qui dilue jusqu'à les dissoudre totalement des crimes tout autres que la lâcheté, l'indignité d'un amoureux. Quelle chiffe molle il était été de ne pouvoir se débarrasser de ce cadavre momifié, de gâcher par sa faute le bel équilibre spirituel de sa matinée, lui, un quinquagénaire au sommet de sa carrière !" (page 28).

Il est persuadé que c'est grâce à ses talents personnels qu'il est devenu ce qu'il est, mais la réception de cette lettre va remettre en question ses certitudes sur la vie.
Il va penser à son passé, mais aussi au hasard qui gouverne plus la vie des gens qu'il ne voulait bien l'admettre : il est toujours plus agréable de penser que l'on a réussi grâce à ses propres qualités que par un coup du hasard, et que, à un détail près, on pourrait être à la place du clochard qui dort dans le parc (un excellent passage, assez effrayant).


Il y a aussi, dans le roman, une certaine description du milieu de l'administration et de la politique.
"Comme tous les hauts fonctionnaires, le chef de cabinet ne nourrissait pas une estime particulière pour MM. les ministres, car ceux-ci alternaient selon le jeu des forces politiques tandis que lui et ses collègues demeuraient en place. Poussés au gré des partis à la crête des vagues ou balayés par le ressac, nageurs le plus souvent essoufflés qui s'accrochaient aux planches du pouvoir, ils ne possédaient ni la vision exacte du cours labyrinthique des affaires ni le flair qu'exigent les règles sacrées de la finalité bureaucratique. Ce n'étaient que trop souvent des individus ordinaires qui n'avaient rien appris d'autre que de forcer dans les réunions publiques leurs voix vulgaires et de pratiquer à l'ombre de leurs fonctions des interventions importunes, au bénéfice des camarades du parti et de leur propre famille. Léonidas, lui, et ses semblables avaient appris l'administration de l'Etat, comme un musicien le contrepoint, pendant des années d'études assidues. Ils possédaient un doigté subtil pour les mille nuances de leurs rôles d'administrateurs et de décideurs." (page 64)
Les ministres prennent souvent des poses "dictatoriales" : il faut dire que Hitler est au pouvoir chez le voisin Allemand...
De façon sans doute très symbolique, Léonidas doit sa carrière au suicide d'un Juif...

Un roman vraiment excellent, qui parle, avec parfois un certain humour (notamment dans la description des nominations politiques et de l'administration), de thèmes graves (le destin, le devoir, l'opportunisme, l'hypocrisie de la société, la remise en question d'une vie...) à travers le portrait d'un homme content de lui mais qui perd ses illusions (encore que...) à un moment important de l'histoire.

Un téléfilm en a été tiré, réalisé par Axel Corti en 1984.





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