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François MAURIAC

(Brdeaux, 11/10/1885 - Paris, 01/09/1970)

françois mauriac

"Il étudie la littérature à la faculté de Bordeaux.

En 1907, François Mauriac s'installe à Paris pour préparer l'École des chartes, mais il abandonne bien vite ses études pour se consacrer entièrement à l'écriture.
Il publie son premier volume de poèmes en 1909.
En 1913, il se marie. Il aura quatre enfants.

Dans une vie d'abord marquée par les mondanités littéraires, puis par des engagements politiques guidés notamment par un idéal chrétien socialisant, Mauriac est avant tout occupé par la composition d'une œuvre romanesque, où il se révèle un remarquable analyste des passions de l'âme et un virulent pourfendeur de la bourgeoisie provinciale (Genitrix, Le Désert de l'amour, Thérèse Desqueyroux, Le Nœud de vipères, Le Mystère Frontenac). La plupart de ses romans évoquent, avec une certaine intensité tragique, le conflit entre la foi et la chair et développent plusieurs images récurrentes comme le fameux « désert » spirituel que les personnages doivent traverser.
Il est élu à l'Académie française au premier tour en 1933.

Tout en poursuivant son œuvre littéraire (La Fin de la nuit, première suite de Thérèse Desqueyroux, Les Anges noirs), il prend part à de nouveaux combats politiques, notamment au moment de la guerre d'Espagne, d'abord en faveur des nationalistes, avant de se ranger, avec les chrétiens de gauche qui s'expriment dans les revues Esprit ou Sept, aux côtés des républicains espagnols.

Sous l'Occupation, après quelques hésitations devant la Révolution nationale lancée par le maréchal Pétain, il publie en 1941 La Pharisienne, qui peut se lire en creux comme une critique du régime de Vichy et qui lui vaut d'être désigné comme « agent de désagrégation » de la conscience française par les thuriféraires de l'Ordre nouveau. Il adhère au Front national des écrivains et participe à l'œuvre de Résistance à travers la presse clandestine (Les Lettres Françaises notamment).
Au moment de l'épuration, il intervient en faveur de l'écrivain Henri Béraud, accusé de collaboration. Il signe la pétition des écrivains en faveur de la grâce de Robert Brasillach, qui est condamné à mort et qui sera malgré cela exécuté. Il rompt peu après avec le Comité national des écrivains en raison de l'orientation communiste du comité.

En 1952, l'année où paraît son roman Galigaï, François Mauriac reçoit le Prix Nobel de littérature pour « la profonde imprégnation spirituelle et l'intensité artistique avec laquelle ses romans ont pénétré le drame de la vie humaine ». Polémiste vigoureux, d'abord absent du débat sur la guerre d'Indochine (Vercors lui reprochera son silence), il prend ensuite position en faveur de l'indépendance du Maroc, puis de l'Algérie, et condamne l'usage de la torture par l'armée française. Il préside aussi le Comité de soutien aux chrétiens d'URSS.

Il soutient un temps Pierre Mendès France sous la IVe République, mais le putsch des généraux à Alger précipite son ralliement sans faille au général de Gaulle sous la Ve République.

Il meurt à Paris le 1er septembre 1970"
(version raccourcie de la notice de wikipedia).

 


desqueyroux

 

- Thérèse Desqueyroux (1927). Le Livre de poche. 189 pages.

Une femme, Thérèse, vient de bénéficier d'un non-lieu. Une grande part du roman tient dans les réminiscences de sa vie, pendant le trajet qui va la ramener chez elle.

Elle a cherché à empoisonner son mari. Pourquoi ? Elle n'en sait trop rien, ou en tout cas, elle ne le sait pas consciemment. Sans doute n'y a-t-il pas une seule raison.
Le mari craint le scandale, il faut sauver les apparences : l'important, c'est que la réputation de la famille n'en souffre pas.

"Bernard, Bernard, comment t'introduire dans ce monde confus, toi qui appartiens à la race aveugle, à la race implacable des simples ?" (page 45)
Elle, Thérèse, se refuse de se couler dans un moule imposé. Elle fume, cela ne plaît pas à son mari. Elle est ironique, se moque in peto de son lourdaud de mari. Ca ne plaît pas plus à son mari, d'ailleurs.

"Il avait émis le vœu qu'elle devînt plus simple." (page 47).
Oui, c'est ça, plus simple. Qu'elle soit un ventre, qu'elle soit là quand on a besoin d'elle, et qu'elle n'aille pas chercher des idées bizarres ailleurs.

Thérèse, pas encore mariée, est amie avec Anne, une fille qui est au fond un peu comme son mari : un être simple ("D'ailleurs Anne, Dieu merci, n'a pas la manie de lire ; je n'ai jamais eu d'observation à lui faire sur ce point." dit sa famille, en la comparant à Thérèse, page 65).
Or, autant Thérèse aime être en compagnie d'Anne, allongée à côté d'elle, à savoir qu'elle est là, autant elle a du mal à supporter physiquement son mari.
A propos d'Anne, qui se réjouit le jour du mariage de Thérèse : "Comme si elle eût ignoré qu'elles allaient être séparées le soir même, et non seulement dans l'espace ; à cause aussi de ce que Thérèse était au moment de souffrir - de ce que son corps innocent allait subit d'irrémédiable. Anne demeurait sur la rive où attendent les êtres intacts ; Thérèse allait se confondra avec le troupeau de celles qui ont servi." (p.49)

Thérèse et son mari rentrent en avance de leur voyage de noces, pressés qu'ils sont de "retrouver leur nid" "[…] mais au vrai parce qu'ils n'en pouvaient plus d'être ensemble ; lui périssait d'ennui loin de ses fusils, de ses chiens, de l'auberge où le Picon grenadine a un goût qu'il n'a pas ailleurs ; et puis cette femme si froide, si moqueuse, qui ne montre jamais son plaisir, qui n'aime pas causer de ce qui est intéressant !… Pour Thérèse, elle souhaitait de rentrer à Saint-Clair comme une déportée qui s'ennuie dans un cachot provisoire est curieuse de connaître l'île où doit se consumer ce qui lui reste de vie." (pages 52-53)
Bien sûr, leurs centres d'intérêts ne convergent pas du tout. Et, pour dire les choses abruptement, au lit, ce n'est vraiment pas ça. On peut aussi lire en filigrane l'attrait (purement intellectuel ?) de Thérèse pour Anne.

L'aspect animal de son mari la répugne, on le sent bien.
Bernard est un lourdaud matérialiste. Il fait fréquemment des remarques sur les prix. Le voici justement, ce Bernard, 27 ans. "Elle voyait, près des oreilles de Bernard remuer ce qu'elle savait être les muscles temporaux. Tout de suite après les premières lampées, il devint trop rouge : beau garçon campagnard auquel manquait seulement, depuis des semaines, l'espace où brûler sa ration quotidienne de nourriture et d'alcool. Elle ne le haïssait pas ; mais quel désir d'être seule pour penser à sa souffrance, pour chercher l'endroit où elle souffrait !" (pages 57-58)

A un moment, Thérèse se sent détachée des choses… de presque tout, en fait.
"Seul, dans ce néant, Bernard prenait une réalité affreuse : sa corpulence, sa voix du nez, et ce ton péremptoire, sa satisfaction… Sortir du monde… Mais comment ? et où aller ?" (page 96)
Plus loin, on voit "sa forte main velue" (page 98).
"Anne, elle, n'attend que d'avoir des enfants pour s'anéantir en eux, comme a fait sa mère, comme font toutes les femmes de la famille. Moi, il faut toujours que je me retrouve ; je m'efforce de me rejoindre." (page134)
Il y a une évolution. Du désir de se détacher du monde et de disparaître, Thérèse arrive au désir de se retrouver, mais pas dans le monde où les femmes se réalisent dans leurs enfants. Elle désire autre chose. Mais quoi ? Elle n'en sait rien.
Ses motivations sont floues. Inavouables ?


Un roman pas inintéressant, pas très long mais peut-être quand même un peu trop. Le mari est lourdaud, certes ; Thérèse étouffe, d'accord. C'est bien rendu.
Elle ne comprend pas (ou ne veut pas comprendre) ses motivations, et elle réfléchit vraiment longtemps au fait qu'elle ne sait pas pourquoi elle a commis cet acte. On la sent tentée par la liberté, notamment la liberté sexuelle, quitte à descendre encore plus la pente.

Pour finir, une citation extraite de la préface.
"Telle inclination, enfouie dans notre chair avant qu'elle fût née, a grandi comme nous, s'est combinée avec la pureté de notre adolescence et, lorsque nous avons atteint l'âge d'homme, a fleuri brusquement sa monstrueuse fleur." (extrait de Le Désert de l'amour).

Et, pour vraiment finir, voici une citation extraite de "Approches de l'œuvre" (une postface, quoi). C'est une lettre de Mauriac. "Je crois que j'ai trop insisté sur l'ennui dont elle souffre et pas assez sur son vrai drame qui est la solitude sexuelle." (page 154)


Ce roman a été adapté deux fois au cinéma :

- 1962 : par Georges Franju (avec Emmanuelle Rivat, Philippe Noiret, Edith Scobe, Sami Frey)
- 2012 (sortie en novembre) : par Claude Miller (film posthume), avec Audrey Tautou, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier.

 

 

Passage intéressant entendu chez Dumayet, retranscrit ici (j'ai essayé de gardé les hésitations) :
"Dumayet : - Des romans que vous aimez, des livres que vous aimez, vous dites qu'ils sont habitables, vous pouvez me dire ce que vous entendez par là ?

Mauriac : - Eh bien, j'entends par là... je trouve que ça a pour moi une très grande signification. Je me demande souvent si les livres que mes cadets aiment - je pense à l'Ulysse, par exemple, de Joyce -, si l'ayant lu, ils y reviennent souvent. J'appelle une oeuvre habitable une oeuvre comme celle de Balzac, ou de Dickens, ou de Proust dans laquelle j'entre, je sors.
Aujourd'hui, je suis septuagénaire, eh bien je peux dire que depuis quarante ans, et même depuis cinquante ans, j'habite Balzac, et... j'habite Dickens, et j'habite Dostoievski, et j'habite Tolstoï... D'ailleurs, j'y entre et j'en sors tout le temps. Je prends un Balzac à chaque instant, à chaque instant je prends un Balzac. Et j'ouvre, je prends Proust à chaque instant, eh bien je me demande... il y a des livres que mes cadets aiment et que j'aime aussi... Mais par exemple, j'aime profondément Kafka. Mais ses livres, je les ai lus une fois, mais plutôt crever que d'y rentrer ! Je n'ai jamais envie de recommencer un cauchemard, vous comprenez. Moi, j'ai une peur terrible des cauchemards. Ça ne m'empêche pas d'aimer profondément Kafka, son journal, oui, ses lettres, oui, tout ce qui est lui, oui, mais ses romans que j'admire, je les ai lus une fois, et je n'y reviendrai jamais, vous comprenez."

 

 


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