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Javier Tomeo
(Quicena, Espagne, 09/09/1932 - Barcelone, 22/06/2013)

javier tomeo

 

"Javier Tomeo Estallo a passé une licence de droit et de criminologie à l'Université de Barcelone.[...]
En 1967, il écrit son premier roman.
Il a obtenu en 1971 le premio de novela corta Ciudad de Barbastro, pour El Unicornio. Dans les années 70 sont apparus d'autres titres comme El castillo de la carta cifrada. Dans les années 80, il écrit Diálogo en re mayor, Amado monstruo ; dans la décennie suivante ont été publiés de nombreux livres : El gallitigre (1990), El crimen del cine Oriente (1995), Los misterios de la ópera (1997), Napoleón VII (1999) ou Cuentos perversos (2002), entre autres.
Dans El cazador (le chasseur) (1967), un homme s'enferme pour toujours dans une pièce de sa propre maison comme un ermite et n'a plus de contacts qu'avec sa mère. Dans El unicornio (1971), les spectateurs d'une pièce de théâtre disparaissent un à un comme dans un roman policier expressioniste. [...]

Comme on peut le constater, beaucoup de ses protagonistes sont des personnages solitaires, autistes ou avec des problèmes de communication. [...]

Tomeo est un écrivain très imaginatif qui possède un monde propre original, même s'il utilise la technique kafkaïenne de la parabole, et par certains aspects il est comparable à Thomas Bernhard et Luis Buñuel. Ainsi, son récit est fréquemment, inspiré par le point de vue des choses, des animaux et autres formes de vie. Ses fictions procèdent par une accumulation de détails illogiques jusqu'à l'exacerbation de l'absurde au milieu de la réalité la plus quotidienne, avec un contenu critique à l'égard de l'incohérence de l'organisation sociale. Sa vision de la condition humaine est dramatique et existentielle, mais également très lyrique et humoristique, et souterrainement symbolique.
" (wikipedia)

 

les ennemis

Les Ennemis (Los enemigos, 1991). Traduit de l'espagnol par Denise Laroutis en 1993. Christian Bourgois. 147 pages.
"En notre refuge de Paris, ce 2 février. Saint Corneille.

On dit que tous et chacun des cheveux de notre tête sont comptés et que l'homme porte son destin accroché autour de son cou. Mais on dit aussi, et c'est plus vrai à mes yeux, que le destin ne règne sur nos vies qu'avec la secrète complicité de l'instinct et de la volonté.
Cela dit [...], sachez que je m'appelle Leonardo Zambrana y Gomez, que je suis naturel de Cuernavaca, ville du lointain et lumineux Mexique, et que j'ai un fils, nommé Manuelito. Sachez enfin que, depuis un certain nombre d'années, nous sommes tous les deux, mon fils et moi, le centre d'un vaste réseau d'espionnage permanent, tendu par de puissants ennemis qui se sont juré de détruire notre bonheur.
« Mais qui sont ces ennemis ? vous demandez-vous peut-être, intrigués.
- Nos ennemis, vous répondrai-je aussitôt, sont les congrégationnistes.
" (page 7).
Cette mystérieuse association cherche à tuer notre héros et à kidnapper son fils de sept ans, un garçon beau, et exceptionnellement intelligent. En tout cas, c'est ainsi que le voit Leonardo Zambrana y Gomez.

Il est obsédé par les Congrégationnistes. On les reconnaît facilement : ils portent tous un chapeau haut-de-forme, et ont l'air bizarre.
A un moment, dans son journal, il se remémore une traversée qu'il a effectuée avec son fils vers Cuba. Alors qu'ils étaient sur le bateau, et que Manuelito faisait l'admiration de tous en répondant aux questions les plus compliquées, Leonardo Zambrana y Gomez repère un ennemi :
"Nous nous lançâmes à sa poursuite, mais l'homme enleva son énorme chapeau haut de forme et sauta à la mer. Il nagea sous l'eau sur une centaine de mètres et nous le vîmes réapparaître enfin, recrachant l'eau comme une baleine et, bien qu'il nageât dans la même direction que le navire, nous le perdîmes vite de vue." (page 26).
Dès le début, le doute n'est pas permis : le père est fou.

Les connaissances de Manuelito frisent parfois le surnaturel. Ainsi, un jour que le père et son fils sont sortis (ce qui présente toujours un risque, les ennemis étant partout), un homme s'approche d'eux.
"« Vous avez un fils charmant, me dit-il en se mettant, comme si de rien n'était, en travers de notre chemin. [...] En plus, il a l'air très intelligent." (page 27)
Et, après avoir demandé la permission de lui poser une question :
"- Sais-tu, mon mignon, lui demanda-t-il enfin, combien de soldats montent la garde ce mois-ci devant la garnison de Savigny-lès-Beaune ?
- Quatre, répondit l'enfant. Et deux gendarmes. Et dix-sept soldats de cavalerie. »"
L'homme, stupéfait, ôta son haut-de-forme et le mit cérémonieusement sur son coeur. Il y avait, dans son geste, quelque chose du duelliste blessé à mort qui ne peut s'empêcher de féliciter son rival.
"
(page 28).
C'est sans aucun doute un congrégationniste ! Il semble s'agir de l'homme en rouge qui apparaît parfois à la fenêtre de l'immeuble d'en face, où se trouvent des congrégationnistes à l'affût, qui trament on ne sait quoi et cherchent à empoisonner le père...

Il y a quelques rares passages amusants, comme celui où Leonardo se méfie d'un prêtre, car il se souvient que, à Tolède, "les exorcistes les plus renommés du pays étaient parvenus à extirper du corps d'un malheureux prêtre rien moins que 990 850 légions de diables. [...] Leur général à tous s'appelait Asrael, et chaque légion, commandée par un capitaine, était composée de 6 666 diables, avec armes et bagages et tout leur train." (page 137).

L'essentiel du livre se passe dans un petit appartement, à se demander ce que la gardienne (une congrégationniste, bien sûr) manigance, à s'agacer de ce que des gens louches les observent depuis l'immeuble d'en face, à se procurer de la nourriture en tentant de s'assurer qu'elle n'est pas empoisonnée, à acheter quelques livres très compliqués que le fiston lit et mémorise comme un rien, sous l'oeil attendri de son papa.

C'est vraiment trop long et répétitif. Les interrogations diverses (notamment : le fils est-il vraiment beau super-intelligent, ou bien au contraire rachitique et retardé mental ?), la vision du monde au travers du prisme déformant de la folie du père ne parviennent pas à rendre l'histoire vraiment intéressante : elle patine trop (on est vraiment très loin du Tunnel, d'Ernesto Sabato, par exemple).
Bof.

Je n'ai peut-être pas commencé par son meilleur livre.




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