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Vaikom Muhammad BASHEER

(21/01/1908 - 05/07/1994)

basheer vaikom muhammad

"Vaikom Muhammad Basheer, né en 1908 et mort le 5 juillet 1994, est un écrivain indien de langue malayalam et un militant indépendantiste keralais (du Kerala, sud-ouest de l'Inde).

Basheer quitte le domicile familial à 16 ans pour s'engager dans la lutte pour l'indépendance. Il travaille comme journaliste et participe à la marche du sel, en 1931.
Après la répression britannique et un bref emprisonnement, Basheer abandonne le mouvement non-violent. Recherché par la police, il entre en clandestinité. Il voyage dans tout le pays et exerce divers métiers pour vivre. Vers 1937, il retourne au Kerala et commence à écrire des nouvelles pour gagner sa vie. Il parvient tout juste à vivre et ses écrits politiques sont interdits. Surveillé par la police, il est de nouveau incarcéré entre 1941 et 1944.

Après l'indépendance de l'Inde, Basheer arrête la politique et se consacre à l'écriture. Il est cependant interné à deux reprises pour paranoïa. [...]

La plupart des écrits de Basheer sont des nouvelles qui reprennent ses expériences vécues : la « prison, les relations amoureuses contrariées par les codes sociaux, les musulmans de la campagne keralaise ».
" (wikipedia)

Grand-père avait un éléphant

- Grand-Père avait un éléphant (Ntuppuppâkkorânéntârnu, 1951). Traduit du malayam (Inde) en 2005 par Dominique Vitalyos. Points. 156 pages.

"Kounnioupattoumma n'avait jamais fait de mal à quiconque, pas même, probablement, à une mouche. Elle n'avait jamais méprisé aucune des créatures de Rabb-al-'Alamîn. Depuis son plus jeune âge, elle aimait tous les êtres vivants. Le premier d'entre eux était un éléphant. Un éléphant qu'elle n'avait jamais vu, mais que cela ne l'avait pas empêchée d'aimer." (page 9).
C'est l'éléphant de son grand-père.
Kounnioupattoumma se monte la tête. Et elle pense qu'il y a de quoi !
Ecoutons sa mère lui parler :
"- Pattoumma, mon trésor, tu es la fille chérie de la fille chérie d'Anamakkar, le noble Makkar à l'éléphant. Son grand-père avait un éléphant, un grand mâle à défenses !" (page 10).
Elle est plutôt jolie (elle a le teint clair ; eh oui, c'est comme ça en Inde, on le lit aussi chez Narayan, notamment) ; de plus, est bien habillée a plein de bijoux.
"Elle avait le teint clair, à l'exception d'une petite excroissance noire, là, sur la joue. Et bien qu'elle n'en eût parlé à personne, elle avait souffert de cette marque obscure jusqu'à l'âge de quatorze ans, quand elle apprit, à la faveur des innombrables demandes en mariage qu'elle reçut, que c'était un signe de chance. Elle ne savait pas qui allait l'épouser, mais que lui importait ? « Je pourrai chiquer le bétel », préférait-elle se dire, car cette pratique, de la part des femmes musulmanes non mariées, était très mal vue. Kounniou-pattoumma n'était pas sûre qu'Allah ou le Prophète aient ait dit quoi que ce soit à ce sujet, mais la coutume l'interdisait." (page 11).

Au début, Pattoumma a des idées bien tranchées. "Dans l'univers, il n'existait que deux sorte d'êtres humains : les musulmans et les kafir. Homme ou femme, les kafir finissaient en enfer après la mort. Tous des égarés. Les femmes kafir que Pattoumma avaient rencontrées étaient des maîtresses d'école. Elle croisait leur chemin quand Bapa, son père, l'emmenait, toute pomponnée, se baigner dans la rivière." (page 11).

Pattoumma, comme toute sa famille, ne sait ni lire, ni écrire, et croit les prêcheurs.

Elle est censée mal parler. Concrètement, dans le livre, Pattoumma fait des fautes quand elle parle avec quelqu'un :
"Y faut pas l'avaler !" (page 91).
Par contre, quand elle se parle à elle-même ou aux animaux, c'est impeccable :
"Tu ne sais donc pas que c'est un péché ?" (page 54).
Du coup, on met du temps avant de se rendre compte qu'elle parle mal. L'effet est un peu gênant.

Toute les connaissances de Pattoumma se résument au Coran et aux prêches des prédicateurs. Elle s'enorgueillit de sa famille (cela paraît toujours stupide de se vanter ou de faire une fixation sur ses ancêtres, ou certaines branches de sa famille, mais ça arrive dans la vraie vie...) alors que, bien sûr, elle n'a aucun mérite particulier.

Après un revers de fortune qui va (heureusement ?) changer la donne, Pattoumma va sortir un peu de son obscurantisme en rencontrant d'autres musulmans aux idées moins étriquées, et commencer un petit peu à remettre en cause certaines certitudes : ce n'est pas parce qu'on se coiffe avec une raie qu'on est un mauvais musulman, etc.
"Savoir lire, écrire, étudier, interdisait donc de vivre en bon musulman ? « Lisez ! » disait pourtant le Coran dès les premiers mots !" (page 107).

Il est vrai que, Sourate II, on peut lire (44-47) :
"Commanderez-vous aux hommes la bonté,
alors que, vous-mêmes, vous l'oubliez ?
Vous lisez le Livre ;
ne comprenez-vous pas ?
" (Le Coran, traduction de D. Masson, Folio classique).

"C'était le propre de l'ignorance, selon elle, que de mener à toujours plus d'ignorance. La connaissance suivait le même processus de croissance." (pages 108-109).

Peut-être même en arrivera-t-elle à un peu de tolérance pour le kafir que je suis ? Ça n'est quand même pas gagné.

Pattoumma aurait pu devenir comme sa mère : passer sa journée à jacasser sans rien faire. Le destin en décidera différemment.

Un livre sympathique (tout le monde voit bien sûr la fin arriver à des kilomètres), proche du conte, vite lu.

 

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