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Jonathan Swift
(Dublin, 30/11/1667 - Dublin, 19/10/1745)


swift
Portrait par Charles Jervas (c 1675-1739)

 

"Jonathan Swift, né le 30 novembre 1667 à Dublin, en Irlande, et mort le 19 octobre 1745 dans la même ville est un écrivain, satiriste, essayiste, pamphlétaire politique anglo-irlandais1. Il est aussi poète et clerc et à ce titre il a été doyen de la Cathédrale Saint-Patrick de Dublin.

Il est célèbre pour avoir écrit Les Voyages de Gulliver. Swift est probablement le plus grand satiriste en prose de la langue anglaise. Il publie ses œuvres en usant de pseudonymes comme Lemuel Gulliver, Isaac Bickerstaff et M.B. Drapier, ou même anonymement. Il est connu enfin pour être un maître dans deux styles de satire, la satire horacienne et la satire juvénalienne." (merci Wikipedia)

 

voyages de guliver
Illustration des Voyages de Gulliver. Gravure anonyme.

- Voyages de Gulliver (parus en 1726). Traduit et annoté par Jacques Pons d'après l'édition d'Emile Pons. Préface de Maurice Pons (fils d'Emile). Folio. 468 pages.

"Pour qui lirait les Voyages en y cherchant seulement des récits d'aventures, la déception serait grande. En comparaison de Foe, de Cook, de Stevenson, Swift est dans ce genre un bien piètre auteur. On peut même dire qu'il n'entend rien aux voyages, il ne sait en traduire ni le bruit de vent, ni le goût de sel, ni l'odeur de poudre." (préface, page 10)

Après deux pages écrites par l'Editeur au lecteur", destinées à ajouter de la crédibilité, commencent les Voyages, composés de quatre parties, chacun narrant une aventure différente.
La première partie est la plus connue du public français : c'est le Voyage à Lilliput.
Swift ne traîne pas. Gulliver se présente : il étudie la médecine et devient chirurgien à bord de navires. Il a une femme et des enfants. Nous sommes en 1699, et nous avons à peine lu trois pages depuis le début du livre que Gulliver fait naufrage, perd de vue ses compagnons qui ont certainement péri, parvient sur une île et s'écroule. Le voici qui se réveille, après un long sommeil réparateur :
"J'essayai alors de me lever, mais ne pus faire le moindre mouvement ; comme j'étais couché sur le dos, je m'aperçus que mes bras et mes jambes étaient solidement fixés au sol de chaque côté, et que mes cheveux, qui étaient longs et épais, étaient attachés au sol de la même façon. Je sentis de même tout autour de mon corps de nombreuses et fines ligatures m'enserrant depuis les aisselles jusqu'aux cuisses. [...] Au bout d'un instant, je sentis remuer quelque chose de vivant sur ma jambe gauche, puis cette chose avançant doucement sur ma poitrine arriva presque jusqu'à mon menton ; infléchissant alors mon regard aussi bas que je pus, je découvris que c'était une créature humaine, haute tout au plus de six pouces, tenant d'une main un arc et de l'autre une flèche et portant un carquoi sur le dos." (page 36-37).

lilliput

Sacrée surprise, mais bien sûr pas pour le lecteur contemporain qui connaît bien cet épisode.
"Rien n'a pu desservir davantage le chef-d'oeuvre que sont les Voyages que ces éditions dites populaires ou enfantines, qui pour les réduire au squelette des anecdotes, n'ont jamais réussi qu'à fausser le jugement du grand public et à ennuyer les enfants." (préface, page 19).

La suite, par contre, on la connaît moins. Gulliver va se familiariser avec la société lilliputienne, et expliquer aux Lilliputiens comment fonctionne notre belle société (et plus particulièrement l'Angleterre du XVIII° siècle).
"Bien que nous ayons toujours à la bouche ce principe que récompense et châtiment sont les deux piliers de l'Etat, je ne l'ai jamais vu mis en application ailleurs qu'à Lilliput. Là-bas quiconque peut établir de façon probante qu'il a strictement observé les lois de son pays depuis soixante-treize lunes, a droit à certains privilèges selon sa naissance et sa condition, ainsi qu'à des récompenses en argent, payées sur une caisse spéciale et également variables. [...] Et quand je leur dis que chez nous les lois s'appliquaient à grand renfort de châtiments, mais qu'on ne parlait même pas de récompenses, ils s'étonnèrent de cette prodigieuse faute politique." (page 84).

Chaque peuple trouve certaines qualités ou certains défauts insupportables :
"L'ingratitude est chez eux un crime capital [...]. Leur raisonnement est le suivant : celui qui fait du mal à son bienfaiteur, comment restera-t-il sans en faire à tout le reste des hommes, de qui il n'a pas reçu de bienfaits ? Il ne convient donc pas de le laisser vivre." (page 86).
Ça paraît logique... On va peut-être proposer de changer la constitution...

Bien sûr, il va y avoir un peu d'action, car il y a un pays concurrent en ce qui concerne la grandeur et les ambitions territoriales. Sans compter les dissensions entre Gros-Boutiens et Petits-Boutiens. On ne plaisante pas avec la façon correcte de manger un oeuf à la coque ! Une note explique qu'il s'agit d'une référence aux catholiques et aux protestants. De façon plus générale, des notes permettent au lecteur contemporain de comprendre les nombreuses allusions politiques et religieuses que Swift glisse dans son texte. Elles étaient pour un grand nombre transparentes à l'époque. Mais l'intérêt du texte ne réside pas que sur ces allusions, heureusement.
Si l'on y réfléchit un peu, les rêves de grandeur d'un tout petit peuple peuvent nous faire relativiser nos exploits à nous, ou bien nous prêter à sourire, ce que l'on pourra faire avec condescendance. Dans ce cas, le voyage suivant, qui va voir Gulliver arriver à Brobdingnag, va être plus clair : Gulliver se trouve désormais chez des géants ! Que ce qu'il raconte sur la grandeur de l'Angleterre leur paraît puéril... Ecoutons la réaction de Sa Majesté (le roi de Brobdningnag) : "Vous avez nettement prouvé que l'ignorance, l'incapacité et le vice sont les qualités que vous requérez d'un législateur, et que personne n'explique, n'interprète et n'applique les lois, aussi bien que ceux dont l'intérêt et le talent consistent à les dénaturer." (page 178).

Le troisième voyage conduira notre héros à Laputa, la fameuse île volante (qui a influencé Le Château dans le Ciel, de Miyazaki : le nom de l'île figurait d'ailleurs dans le titre d'origine nippon, mais a dû être jugé trop peu connu en France, personne n'aurait compris), mais aussi à Balniarbi, Glubbdubdrib, Luggnagg et même au Japon !

gulliver      
Utagawa Kunioshi (1797-1861), Asahina se divertit sur l'île des nains (vers 1847), gravure sur bois en couleurs photographiée au Petit Palais.

Dans le quatrième voyage, un des plus connus (dans le monde anglo-saxon), Gulliver se retrouve chez les Houyhnhnms, un peuple de chevaux. On se croirait parfois dans la Planète des Singes du fait de la présence des Yahoos, des hommes primitifs, sans langage. C'est l'occasion d'un autre type de réflexion, puisque les chevaux sont sidérés de se trouver face à un Gulliver, un Yahoo qui montre de la logique et de la compréhension.
Chaque pays permet ainsi de voir notre société d'un point de vue différent, et ce d'autant plus que Gulliver en vient généralement à adhérer aux valeurs du pays dans lequel il réside.

Dans l'édition Folio, le glossaire des langues gullivériennes permet de comprendre comment Swift a créé tous ces mots étranges (Peplom Selan, Slardral, Ynholmhnmrohlnw...). Une notice explicite les emprunts faits à d'autres oeuvres (Homère, Lucien, Solin, Philostrate, les Mille et Une nuits, Rabelais, Cyrano de Bergerac, Foigny...).
Il ne manque que quelques pages qui auraient montré les influences de Gulliver sur la postérité (mais peut-être cela figure-il dans La Pléiade) : les Gros-Boutiens et les Petits-Boutiens ont influencé les appellations "big-endian et" "little-endian", ce qui ne parlera qu'aux informaticiens (voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Endianness ). Par contre, quasiment tout le monde connaît le site yahoo, mais peu savent que ce nom provient de Gulliver.

Un excellent livre, un classique drôle et profond, plein d'imagination et de mauvais esprit.

 

 

 

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