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Sylvia PLATH
(Jamaica Plain, banlieue de Boston, 27/10/1932 - Primrose Hill, Londres, 11/02/1963)


sylvia plath

Sylvia Plath en 1957

 


"Sylvia Plath [...] est une écrivaine américaine ayant produit essentiellement des poèmes, mais aussi un roman, des nouvelles, des livres pour enfants et des essais. Si elle est surtout connue en tant que poète, elle tire également sa notoriété de The Bell Jar (en français, La Cloche de détresse), roman d'inspiration autobiographique qui décrit en détail les circonstances de sa première dépression, au début de sa vie d'adulte.

Depuis son suicide en 1963, Sylvia Plath est devenue une figure emblématique dans les pays anglo-saxons, les féministes voyant dans son œuvre l'archétype du génie féminin écrasé par une société dominée par les hommes, les autres voyant en elle une icône dont la poésie, en grande partie publiée après sa mort, fascine comme la bouleversante chronique d'un suicide annoncé.
" (Wikipedia où l'on pourra lire tout le reste : l'influence du père, la vie avec Ted Hughes, les difficultés...)

plath et hughes    plath et hughes
Sylvia Plath et Ted Hughes

 

la cloche de détresse

- La Cloche de détresse (The Bell Jar, 1963). Traduit de l'anglais en 1972 par Michel Persitz. Préface de Colette Audry. Note biographique de Lois Ames. L'Imaginaire Gallimard. 280 pages.

Lors de sa réédition à New York en 1971, "toute une jeunesse pouvait se reconnaître dans cette étudiante de dix-neuf ans, écartelée entre sa vocation d'artiste et d'intellectuelle et le modèle féminin que lui impose l'entourage ; entre les routines, l'assoupissement de sa petite ville d'origine et le tumulte publicitaire de son expérience new-yorkaise." (préface, page 9). Plus loin dans la préface, Colette Audry pointe le risque de ce genre de texte : que le lecteur y porte un intérêt extra-littéraire, qu'il s'arrête à la fascination de l'anormalité, du morbide.
Il est vrai qu'on lit forcément différemment un livre où il est question de tendances suicidaires lorsque l'écrivain s'est vraiment suicidé. On va y sentir une sincérité à la limite du voyeurisme.

Heureusement, ici, ce qui frappe d'abord, c'est l'humour morbide, souvent distancié, et la qualité de l'écriture. Au début, on est à New York.
"C'était un été étrange et étouffant. L'été où ils ont électrocuté les Rosenberg. [...] L'idée de l'électrocution me rend malade, et les journaux ne parlaient que de ça. [...] Cela ne me concernait pas du tout, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander quel effet cela fait de brûler vivant tout le long de ses nerfs.
[...] D'un gris de mirage au fond de leurs canyons de granit, les rues brûlantes flottaient dans le soleil, les toits des voitures chuintaient et étincelaient, la poussière sèche et cendreuse m'emplissait les yeux et la gorge.
" (page 13).

La narratrice, Esther Greenwood a dix-neuf ans. Elle a remporté un concours de poésie organisé par un magazine de mode, et a droit à un stage, elle et les autres lauréates. Elles assistent à des cocktails, à des gueuletons gratuits (ce qui donne lieu à des passages très amusants dans lesquels Esther mange tout ce qu'elle peut de caviar), reçoivent plein de cadeaux. Tout ça est bien sûr clinquant et vain.
"J'étais censée être jalousée dans toute l'Amérique par des milliers d'autres collégiennes comme moi. Leur plus beau rêve est de se balader dans les mêmes chaussures en cuir verni, pointure 7, achetées chez Bloomingdale à l'heure du déjeuner, avec une ceinture de cuir noir verni et un sac en cuir noir verni assorti." (page 14).
Il y a cette impression d'être en décalage avec le monde dans lequel on évolue... un peu comme dans l'Attrape-Coeur il est vrai (la comparaison a été faite), mais en moins ado - on sent que ce n'est pas juste une étape à franchir, une révolte momentanée, mais bien quelque chose de plus profond.

Esther se dit que, après ses études, lorsqu'elle aura épuisé toutes les bourses qu'elle a remportées pour étudier, il faudra bien qu'elle trouve un travail. Mais quoi ? quel travail serait-il intéressant ?
Et puis... le mariage, vraiment ?
"J'ai essayé d'imaginer ce que serait ma vie si Constantin était mon mari.
Cela signifierait qu'il faudrait que je me lève à sept heures pour lui préparer des oeufs au bacon, des toasts, du café, lambiner en chemise de nuit et bigoudis pour faire la vaisselle et le lit une fois qu'il serait parti travailler. Et quand il reviendrait après une journée dynamique et exaltante, il voudrait un bon dîner, mais moi, je passerais la soirée à laver d'autres assiettes sales jusqu'à ce que je m'effondre dans le lit, à bout de forces.
Cela me semblait une vie triste et gâchée pour une jeune fille qui avait passé quinze ans de sa vie à ramasser des prix d'excellence...
" (page 97).

Le stage est fini, il faut quitter New York, revenir dans la petite banlieue de Boston... et la crise arrive. On la sentait pointer. Esther ne parvient plus à dormir.
Elle ne se lave plus.
"Si je n'avais lavé ni mes affaires ni mes cheveux, c'était parce que je trouvais ça idiot. [...]
Il me semblait idiot de laver un jour ce qu'il faudrait relaver le lendemain.
J'étais fatigué, rien que d'y penser.
Je voulais faire les choses une fois pour toutes et en finir avec elles pour de bon.
" (page 144).

Arrivent les visites au psy, le docteur Gordon. "Il était jeune et séduisant, et j'ai vu tout de suite qu'il était vaniteux." (page 145).
Sur son bureau se trouve une photo plein de bonheur familial.
"Et puis je me suis demandée : « Comment ce docteur Gordon pourrait-il bien m'aider puisqu'il a une femme magnifique, de beaux enfants et un chien splendide qui l'entourent comme des anges sur une carte de Noël ? »" (page 145).
Ensuite, ce sont les tentatives de suicide, l'internement... Mais tout cela, grâce à la manière dont c'est traité, est souvent drôle. Horrible et drôle en même temps : la description des patients, des docteurs (toujours très nombreux)... Et puis, c'est parfois tragique.

Esther reste lucide : elle aurait vraiment pu se suicider en se jetant d'un pont, au lieu de tenter d'autres moyens plus aléatoires. À propos de pont, à un moment elle veut faire une tentative, mais en est empêchée. Toutefois, elle écrit : "Je soupçonnais que même si ma mère et mon frère n'avaient pas été là, je n'aurais pas non plus tenté de sauter." (page 203). Là, on pense qu'il est souvent difficile d'expliquer les motivations exactes d'un suicide, ou pourquoi certains passent à l'acte à un moment donné plutôt qu'à un autre.

Voici ce qu'aurait dit Sylvia Plath, citée par sa mère, dans une lettre à un éditeur américain: "« J'ai essayé de peindre mon univers et les gens qui l'habitent tels qu'ils m'apparaissaient vu au travers du verre déformant d'une cloche de verre. »
Puis elle poursuivait : « Mon second livre montrera ce même monde vu par les yeux de la santé ». Pratiquement chaque personnage de La Cloche de détresse représente - souvent en caricature - quelqu'un que Sylvia aimait ; chaque personne a librement donné de son temps, ses pensées, son affection et dans un cas une aide financière pendant ces six mois, épouvantables de dépression nerveuse, en 1953... Sans commentaire, ce livre représente la plus vile ingratitude. Ce n'était pas la base du caractère de Sylvia ; c'est pourquoi elle fut tant effrayée quand au moment de sa publication le livre fut largement lu et donna même des signes qu'il allait devenir un succès. Sylvia avait écrit à son frère : « On ne doit jamais publier ça aux U.S.A. »
" (page 279).


C'est sûr que même ceux qui ont payé pour la sortir du trou ne sont pas toujours bien traités... Voici comment elle parle d'un des livres de sa bienfaitrice, l'écrivain à succès Philomèna Guinea : "Il était bourré du début à la fin de longues questions angoissantes du genre : « Evelyne apprendrait-elle que Gladys avait connu Roger dans le passé ? s'interrogeait fiévreusement Hector » ou encore « Comment Donald aurait-il pu l'épouser alors qu'il n'ignorait rien d'Elsie, son enfant, caché avec Mlle Rollmop dans une ferme lointaine à la campagne ? demandait Griselda à son oreiller baigné par la clarté lunaire... »" (page 53-54). C'est vrai que c'est un peu méchant... Mais l'anecdote du rince-doigts qui suit - preuve de la bienveillance de Philomena Guinea - remet en quelque sorte les compteurs à zéro (de même, elle peut sembler se monter la tête avec tous ses prix et mépriser les autres... mais elle réalise qu'il lui serait difficile de postuler pour être prof à la petite école d'à côté tant il y a de choses à apprendre dans des domaines imposés).

On aurait pu craindre un livre sinistre, mais La Cloche de détresse est vif, sans pathos, très bien écrit et construit (il y aurait beaucoup à dire, et je suis sûr qu'une relevture doit permettre de découvror plein de choses), souvent avec humour (cet humour n'étant pas forcément gai ou optimiste). Il y a une belle galerie de de personnages hauts en couleurs, burlesques... Que ces personnages soient réellement burlesques on bien seulement perçus comme tels par la narratrice, c'est autre chose... On n'oubliera pas que, comme le disait Sylvia Plath, ces personnages sont déformés par la fameuse cloche de verre...
Un livre marquant.

 

Interview de Sylvia Plath :

 

 

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