Livre.gif (217 octets) Littérature Anglo-saxonne Livre.gif (217 octets)



-
dictées
-
littérature
- listes
- liens recommandés


Papillon.gif (252 octets)

-> retour
Littérature anglo-saxonne
<-


Autre littérature :

Littérature japonaise

retour
page d'accueil

 


OATES Joyce Carol
(Lockport, New York, 16/06/1938 - )


joyce carol oates

 

Dans sa très intéressante Histoire de la Littérature américaine - Notre demi-siècle (chez Fayard), Pierre-Yves Pétillon écrit (page 565) : "La prolifique Joyce Carol Oates est un phénomène de la fiction américaine. Il est difficile de parler d'elle : elle écrit plus vite que son ombre, plus vite qu'on ne parvient à la lire, et pourtant elle se lit vite."
Elle a écrit des romans (du très court au pavé), des nouvelles, des essais, des pièces de théâtre, des poèmes... Et comme si tout cela ne suffisait pas, elle publie également des romans policiers sous des pseudonymes (Rosamund Smith et Lauren Kelly).

Pour continuer à citer Pierre-Yves Pétillon (page 566) : "Il y a de plus, dans la manière dont elle bâcle ses romans, une sorte d'esprit qui confine - comme souvent dans la romance - à l'autoparodie". Elle a écrit des romances-fleuves "qui, comme l'a dit un fervent lecteur, « ne paraissent longues que pendant les quatre cents premières pages » [...]. Ses thèmes sont le bien et le mal, la malédiction et la rédemption, la transgression et la pénitence [...]".

Il y a donc de tout chez Joyce Carol Oates, le bon et le mauvais (certains - des journalistes, je crois... - ont même écrit que son éditeur aurait dû lui dire de ne pas publier certains livres qui auraient dû rester dans les tiroirs...). Peut-être n'a-t-elle pas le temps de se relire car elle est déjà passée au livre suivant...

Toujours est-il qu'elle a reçu de très nombreux prix, dont le National Book Award en 1970 pour Eux (Them).
La liste est disponible sur http://jco.usfca.edu/awards.html

On parle d'elle depuis des années pour un prix Nobel... ce qui veut dire qu'elle ne l'aura pas.

delicieuses pourritures

- Délicieuses pourritures (Beasts, 2002). Traduit en 2003 Claude Seban, Editions Philippe Rey, 171 pages.
Le roman (dont le titre provient d'une poésie de D.H.Lawrence, Nèfles et sorbes - Medlars and sorb-apples : I love you, rotten/Delicious rottenness -, cité en exergue), se situe dans la deuxième moitié des années 1970, sur le campus d'une université pour filles de Nouvelle Angleterre.
Le rôle du serpent - le Mal (mâle) - est ici tenu par un professeur de littérature, Andre Harrow, qui fascine les étudiantes. Andre Harrow est marié à une sculptrice dont les oeuvres s'inspirent de totems primitifs - symboles des pulsions qui agitent le couple ?
Une tension traverse tout le texte ; de temps à autre, un pyromane allume un feu ; le plus souvent, il s'agit de fausses alertes, toutes les étudiantes descendent en pleine nuit, dans le froid, les pompiers arrivent pour rien...

Le personnage principal est Gillian, une étudiante un peu coincée dont les poèmes sont brillants mais trop pensés ; elle a du mal à extériorier ses sentiments et notamment ceux qu'elle porte à son professeur. Ses petites camarades n'ont pas ce problème :
"Dans notre atelier de poésie, qui ne comptait que dix étudiantes, sélectionnées, disait-on, parmi quarante postulantes, certaines des plus hardies, dont Dominique, Marisa et Sybil, appelaient M. Harrow "Andre" comme si cette familiarité était parfaitement naturelle. Je regardais avec amusement - en fait, avec une jalousie brûlante - mes amies se pencher effrontément vers M. Harrow, épaules rejetées en arrière pour mettre leurs seins en valeur, tête subtilement inclinée. Regarde-moi! Aime-moi." (page 46).

On retrouve un thème souvent utilisé chez Joyce Carol Oates : l'innocence ou la timidité qui rencontre le mal, la perversion, et qui en est totalement fascinée, désarmée. Gillian se fait même dépouiller de son prénom, contre celui de Philomèle (prénom Nothombien dans son originalité revendiquée). "Nous avions lu quelques passages des Métamorphoses. Philomèle était une des vierges violentées d'Ovide qui avait - au sens propre - perdu sa langue et fini métamorphosée en oiseau". (page 50).

Un court roman (novella) pas mauvais, qui se lit quasiment d'une traite, un style par moment incantatoire - comme souvent chez l'auteur - bref : tous les ingrédients qui font qu'on la lit - ou qu'on ne la lit pas, d'ailleurs. Il faut aimer ce plat.

premier amour

- Premier amour (First Love - A Gothic Tale, 1996). Traduit en 1998 par Sabine Porte et illustré par Barry Moser, Actes Sud, 90 pages.
La narratrice, Josie, est une fille de onze ans. Sa mère a quitté son mari et a emmené sa fille avec elle dans la maison de sa grand-tante, Esther.
Esther est la veuve d'un Révérend d'une église presbytérienne. Dans la maison, il y a également son petit-fils, Jared Jr., un jeune homme de vingt-cinq ans qui suit des études dans un séminaire de Rochester. Il est là pour l'été.
"Au loin, au travers d'un labyrinthe de portes entrouvertes, reflétée dans des miroirs et des surfaces lustrées, glissait la silhouette de Jared Jr. Silhouette élancée, effacée, aperçue par hasard, détournant la tête comme s'il soupçonnait que je l'observais et s'en offusquait ; toujours un livre à la main, parfois plusieurs." (page 24).
Bien habillé de chemises blanches "parfaitement amidonnées et repassées" par sa mère, Jared est une sorte d'incarnation du mal (on pourrait un peu le comparer au Frère Justin Crowe de la très bonne série Carnivàle, en plus jeune).

Non loin de la maison se trouve une rivière ainsi qu'un marais.
"Tu pénètres dans le marais d'un pas timide, étrange sensation de flottement à mesure que tu avances sur les planches ; le marais est vivant, le sombre limon fertile gorgé d'eau produit un bruit de bulles visqueux." (page 10).
"La première fois que tu le vois dans le lieu secret, le soleil cogne si fort que tu imagines une bouche ouverte, haletante. Tu t'es faufilée dans le marais, au bord de la rivière. Te croyant seule. Ici, à Ransomville, en cette canicule d'août, tu es toujours seule. Mais il est là - torse nu, le dos tourné vers toi, regardant la rivière. Il est étendu, immobile sur la berge, appuyé sur ses coudes. Sur sa nuque, les boucles humides de ses cheveux fumés, filetés de gris argent. Comme il est maigre ! Dans son dos, les minuscules articulations de ses vertèbes saillantes, l'empreinte de ses côtes ondulant sous sa peau d'une translucide pâleur. Enfuis-toi! Rentre à la maison! C'est un après-midi d'août embrasé de lumière, sur la rivière le soleil scintille en écailles de serpent." (page 33).

On retrouve le style à la première personne puis, parfois, à la deuxième personne : il y a danger, fuis !!
"Il est bon d'avoir peur, il est normal d'avoir peur. La peur te sauvera la vie" (page 9).

Sa mère ne se pose pas trop de questions. "Les cellules du cerveau sont formées à quatre-vingt-dix pour cent de solution saline - c'est un miracle que nous nous souvenions de quoi que ce soit" (page 26). Elle s'absente souvent avec des hommes pendant plusieurs jours, laissant Josie se débrouiller toute seule avec la grand-tante Esther et Jared Jr.
La petite Josie est donc laissée seule. Elle est fascinée par son cousin.
Jared Jr a une sorte de pouvoir sur Josie, tel un serpent noir qui l'hypnotise, il peut dans une certaine mesure contrôler ses actes, du moins c'est ce qu'il dit.
"Qu'y a-t-il, petite ? Tu as perdu ta langue ?" demande Jared Jr (page 34), annonçant un autre serpent, Andre Harrow de Délicieuses pourritures.

"Premier amour est une romance gothique parce qu'il traite de sujets tabous : le désir romantique d'une enfant d'avoir une relation avec un jeune homme ; l'enchantement d'une victime par un homme qui l'abuse, et sa dévotion. De telles émotions sont compliquées - et mettent les gens très mal à l'aise. Et le cadre vient de la tradition gothique : une maison isolée, interdite, avec des secrets de famille. [...] Je crois qu'il y a un fort élément masochiste dans la plupart des femmes. Josie est une jeune femme impliquée et fascinée par son propre avilissement. Elle est fascinée par le mystère de Jared, ce mâle imposant. Elle est aussi sans mère et sans père, voulant désespérément l'attention, désireuse d'être exploitée. Regardez les membres de cultes, les suiveurs de David Koresh [le chef des Davidiens... tristement célèbre à cause des 80 morts de Waco en 1993]. Les gens peuvent endurer beaucoup d'avilissements pour obtenir de l'attention, de l'amour.[...] La mère de Josie ne veut pas "jouer" à la mère, elle ne veut pas être une mère. C'est une femme d'une grande volonté propre, et très narcissique. Elle n'est pas méchante, mais elle n'est pas présente pour Josie. Premier amour parle aussi de cela."
On pourra trouver toute l'interview en anglais, ainsi qu'un extrait de l'oeuvre, sur http://jco.usfca.edu/works/novels/love.html

joyce carol oates



Quelques romans :
- Le Jardin des délices (A garden with earthly delights, 1967)
- Eux (Them, 1969)
- Haute Enfance (Unholy Love, 1979)
- Bellefleur (Bellefleur, 1980)
- La légende de Bloodsmoor (A Bloodsmoor Romance, 1982)
- Les Mystères de Winterthurn (Mysteries of Winterthurn, 1984)
- Solstice (Solstice, 1985)
- Marya (Marya : a life, 1986)
- Cette saveur amère de l'amour (Because it is bitter, because it is my heart, 1990. Le titre est tiré de Les Cavaliers noirs et autres poèmes, de Stephen Crane (1871-1900) :

  In the desert
I saw a creature, naked bestial,
Who, squatting upon the ground,
Held his heart in his hands,
And ate of it.
I said, « is it good, friend ? »
« It is bitter - bitter, » he answered ;
« but I like it
Because it is bitter,
And because it is my heart.  »
   

- Reflets en eaux troubles (Black Water, 1992). Ce livre parle de l'accident de voiture de Ted Kennedy.
- Confessions d'un Gang de Filles (Foxfire, 1993)
- Zombie (Zombie, 1995)
- Nous étions les Mulvaney (We were the Mulvaneys, 1996)
- Man Crazy (Man Crazy, 1996)
- Blonde (Bonde, 2000). Il s'agit d'une sorte de biographie "recréée" et fantasmée de Marilyn Monroe. Gros succès.
- La Fille tatouée (The Tattooed Girl, 2002)
- Viol, une histoire d'amour (Rape : a love story, 2003)
- Les Chutes (The Falls, 2004, prix fémina étranger 2005).
- Sexy (2005). Il s'agit d'un livre pour la jeunesse.
- La fille du fossoyeur (The Gravedigger's Daughter, 2007)
- Fille noire, fille blanche
(Black Girl / White Girl, 2006)
- Petite sœur, mon amour (My Sister, My Love, 2008)

Elle a également écrit des recueils de nouvelles, des essais (dont un essai sur la boxe : On boxing, 1987), de la poésie, des pièces de théâtre...
Les listes complètes se trouvent sur http://jco.usfca.edu/works.html



Adaptations au cinéma et à la télévision :
- Smooth Talk (adaptation de la nouvelle Where Are You Going ? Where Have You Been ?, 1985) réalisé par Joyce Chopra, avec Treat Williams, le chirurgien de la série Everwood...
- Norman and the Killer (1991), court-métrage américain en noir et blanc réalisé par Bob Graham.
- Lies of the Twins (1991), téléfilm réalisé par Tim Hunter (réalisateur tout-terrain de séries bien connues, notamment des épisodes de Twin Peaks, Homicide, Carnivàle (l'épisode "Babylone", avec de sympathiques mineurs du Texas...), 4400, Dead Wood...) avec Isabella Rosselini.
- Foxfire (d'après Confessions d'un Gang de Filles, 1996), réalisé par Annette Haywood-Carter, avec Angelina Jolie (avant qu'elle ne soit connue).
- Waxwing (1998), court métrage allemand de Beryl Schennen.
- Si on faisait connaissance... (Getting to know you, 1999), téléfilm américain de Lisanna Skyler. Vraiment pas mal du tout, malgré la vf (il est passé sur Arte il y a quelques années). Avec notamment Zach Braff (vu plus tard dans la série Scrubs).
- Blonde (2001), téléfilm de Joyce Chopra (comme Smooth Talk, voir plus haut). Avec Poppy Montgomery dans le rôle de Norma Jean Baker.
- We were the Mulvaneys (2002), téléfilm américain de Peter Werner. Trois nominations aux Emmy.
- Små skred (d'après la nouvelle Small Avalanches, 2003), court-métrage danois de Birgitte Stærmose.
- Where Are You Going ? Where Have You Been ? (2006), court-métrage américain de Robyn Dettman.
- Small Avalanches (2006), court
-métrage de Lara Fitzgerald.
- Fire (2009), réalisé par Louis Frederick.
- Where Are You Going, Where Have You Been ? (2010), court-métrage d'Alexa Barrett.
- Zombie (2010), court-métrage de Thomas Caruso.
- Foxfire (
2012), réalisé par Laurent Cantet.

 



- Retour à la page Littérature Anglo-saxonne -

Toute question, remarque, suggestion est la bienvenue.MAILBOX.GIF (1062 octets)