Livre.gif (217 octets) Littérature Russe et d'Europe centrale Livre.gif (217 octets)



-
dictées

- listes
- liens recommandés


Papillon.gif (252 octets)

-> retour Russie et... <-

retour
page d'accueil

 


Magda Szabó

(Debrecen, Hongrie, 05/10/1917 - Kerepes, Hongrie, 19/11/2007)

magda szabo

 

"Née dans une famille cultivée de la bourgeoisie, elle finit ses études de hongrois et de latin à l'université de Debrecen en 1940 et commence à enseigner dans sa ville natale, puis dans le lycée protestant pour filles de Hódmezővásárhely. À partir de 1945, elle est employée par le ministère de la Religion et de l'Éducation jusqu'à son licenciement en 1949, année où on lui retire également le prix Baumgarten.

En 1947, elle se marie avec l'écrivain Tibor Szobotka (1913-1982). Elle écrit ses premiers recueils de poèmes, comme Bárány ou Vissza az emberig. Ses premiers livres paraissent juste après la Seconde Guerre mondiale.
Puis s'ensuit, pour des raisons politiques, dans la dernière période du stanilisme, un long silence littéraire, rompu seulement vers la fin des années 1950, où elle connaît alors un grand succès.

En 1959, elle reçoit le prix Attila József, puis le prix Lajos Kossuth en 1978, le prix Pro Urbe Budapest en 1983, le prix Csokonai en 1987, le prix Getz en 1992, le prix Déry en 1996 et le prix Agnes Nemes Nagy en 2000.

Son roman La Porte (1987) obtient le Prix Betz Corporation (États-Unis) en 1992 et le Prix Femina étranger en 2003. En 2007, elle reçoit le prix du meilleur roman européen pour Rue Katalin.[...]

Magda Szabó est un des écrivains hongrois les plus traduits dans le monde." (merci Wikipedia).

rue katalin
Photographié à Budapest devant le Pont des Chaînes (Széchenyi Lánchíd) le 04/09/2014.

- Rue Katalin (Katalin utca, 1974). Traduction du hongrois (par qui ?) revue et corrigée par Chantal Philippe. Editions Viviane Hamy. 233 pages.
Au début, on trouve une liste des personnages répartis par maisons, puisque l'on va s'intéresser à trois maisons qui sont côte à côte dans la rue Katalin à Budapest : le foyer Biró tourne autour du commandant Biró et de son fils, Bálint ; le foyer Elekes autour de Ábel Elekes, directeur d'école, de sa femme et de ses deux filles, Irén et Blanka ; enfin, la famille Held, dont le chef est Lajos Held, un dentiste. Il a une fille, Henriette, dont la mort constitue l'élément central du livre.

Le roman commence par deux pages :
"Vieillir, cela ne se passe pas comme dans les livres, ce n’est pas plus ce que décrit la science médicale.
Aucune œuvre littéraire, aucun médecin n’avait préparé les habitants de la rue Katalin à l’éclairage impitoyable que l’âge apporterait dans l’obscure galerie qu’ils avaient parcourue presque inconsciemment pendant les premières décennies de leur vie ; ni à ce qu’il mette de l’ordre dans leurs souvenirs et leurs craintes, modifie leur jugement et leur échelle de valeurs. [...] Mais nul ne leur avait dit que perdre la jeunesse est effrayant, non par ce qu’on y perd, mais par ce que cela nous apporte. Et il ne s’agit pas de sagesse, de sérénité, de lucidité ou de paix, mais de la conscience de ce que tout se décompose.
Ils s’étaient soudain rendu compte que le temps avait désagrégé leur passé, alors que durant leur enfance et leurs années de jeunesse, ils l’avaient considéré comme un ensemble compact et bien cimenté. Tout s’était dissocié, rien ne manquait de ce qui leur était arrivé jusqu’à ce jour, et pourtant ce n’était plus la même chose. L’espace avait été divisé en lieux, le temps en moments, les événements en épisodes et les habitants de la rue Katalin comprirent enfin que de tout ce qui avait constitué leur vie, seuls quelques lieux, quelques moments, quelques épisodes comptaient vraiment, le reste ne servait qu’à combler les vides de leur fragile existence, comme les copeaux dans une caisse préparée pour un long voyage empêchent le contenu de se briser.
Alors ils surent aussi que la différence entre les vivants et les morts n’était que qualitative, qu’elle ne comptait pas beaucoup, ils surent que dans la vie de chacun il n’y a qu’un seul être dont il puisse crier le nom à l’heure de la mort.
" (pages 9-10).
Le livre - le lecteur ne peut pas le comprendre alors - sera exactement cela. En effet, ces deux pages annoncent le plan : la première partie est intitulée "lieux", la deuxième "moments et épisodes" - cette deuxième partie se focalisant sur les dates clefs : 1934, 1944, 1952...
De plus, la différence entre les vivants et les morts n'est bien que qualitative. Ainsi, la petite Henriette revient régulièrement, même après sa mort, voir ce que deviennent les vivants, mais elle aura peine à les comprendre. Les vivants - des futurs morts - ont leurs doubles dans la rue Katalin reconstituée par Henriette, une sorte de bulle de rêve, son paradis enfantin et éternel, où elle pourra continuer à jouer au jeu du cerisier avec ses amis. Tout cela est assez fascinant, notamment les règles de cet au-delà, les différentes apparences des morts.

On verra que chacun tente, avec ses moyens, de prolonger l'illusion de la vie dans la rue Katalin, qui représente un passé de paix. Les (sur)vivants, qui ont déménagé dans une autre rue, tentent de disposer les meubles de la même façon, de sorte de nier le temps qui est passé et son lot de drames.

Au fil des pages, le lecteur comprendra mieux le déroulement de la tragédie, dont il ne connaît au début que l'aboutissement.
Il y a beaucoup de protagonistes, et il faut parfois un peu de temps pour comprendre qui parle, mais on s'y fait assez vite, et la liste des personnages en début du livre aide bien. De plus, ces personnages sont assez typés. Les différentes maisons représentent manifestement différentes facettes de la société hongroise de Budapest. On peut parfois y trouver du symbolique (le directeur d'école, moralement irréprochable, qui devient aveugle...), mais ce n'est pas appuyé.

Un très bon livre, vraiment très triste, à l'atmosphère étrange, le temps semblant parfois s'être dilaté en un drame et une solitude éternels.

 



- Retour à la page de Littérature Russe et d'Europe centrale -

 

Toutequestion, remarque, suggestion est la bienvenue.MAILBOX.GIF (1062 octets)