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Meša Selimović

(Tuzla, Bosnie-Herzégovine, 26/04/1910 - Belgrade, Serbie, 11/07/1982)

mesa selimovic

"Meša Selimović a fait ses études à la Faculté de philosophie de l'université de Belgrade. Il a participé, dès 1941, au comité national de Libération. Son œuvre comporte des romans, un essai, des recueils de nouvelles et de souvenirs et lui a valu les plus hautes récompenses littéraires. Il fut membre des académies des Sciences et des Arts de Serbie et de Bosnie-Herzégovine et docteur honoris causa de l'université de Sarajevo." (Wikipedia)

Bien que d'ascendance "musulmane" (il descend d'une famille de Beys), il se considérait apparemment (source wikipedienne) comme un auteur serbe.
Son roman La Mort et le Derviche (Derviš i smrt, 1966), dont l'action se situe au XVIII° siècle, est souvent considéré comme le chef-d'oeuvre de l'auteur. La Forteresse (Tvrđava, 1970) est également une oeuvre connue. (merci Wikipedia anglais).

 

l'île

- L'Île (Ostrvo, 1974). Postfacé et traduit du serbo-croate en 2013 par Alain Cappon. 206 pages. Phébus littérature étrangère.

Il s'agit officiellement (car c'est écrit par l'auteur) d'un roman, mais la forme est celle d'un recueil de nouvelles liées, un peu comme Les Neiges Bleues de Bedniarski. Tout comme dans l'oeuvre de l'écrivain polonais, on trouve un mélange de réalisme et de conte poétique. Mais le cadre et l'époque sont différents.
Nous sommes bien après la Seconde Guerre Mondiale. Un vieux couple est retiré sur une île.
"La maison est située à l'extrémité de la pointe, dans une pinède clairsemée, sur l'île. À proximité immédiate du cimetière, à distance du petit village de pêcheurs. Ici, à deux pas de la mer, étincelante l'été, grise et morne l'hiver, ils vivent tous les deux, depuis des années, une succession d'années par trop longue, ils auraient pu oublier tous les événements survenus, car ils datent de loin, mais il n'ont pas oublié, voués qu'ils sont au souvenir.
À lui : le filet, la barque, les poissons, les discours, la tristesse et la rage, les errances sur l'île.
À elle : la cuisine, le nettoyage, les fleurs, les poules, le piano dont elle rêve, l'endurance, et les réminiscences teintées de mélancolie.
Il hait ses poissons et dit : « Demain pour le déjeuner, une poule. » Elle, plus raisonnable, dit : « Plutôt du poisson. »
" (page 7).
Au fur et à mesure des chapitres/nouvelles, on va découvrir par bribes et allusions le passé de notre vieux couple : comment ils vivaient en ville, pourquoi ils l'ont quittée, ce que sont devenus leurs fils, la période de la guerre...

C'est un couple qui vit petitement, modestement.
"Le destin ne lui avait pas permis de briller d'aucune façon. Peut-être ses capacités étaient-elles de cette nature, modestes, peut-être était-il destiné à vivre petitement, sans qu'on le remarque, à vivre tel un insecte.
S'y résigner est néanmoins difficile. Toute sa vie il avait rêvé de quelque chose de grand, et jamais l'occasion ne s'était présentée à lui. Si le destin lui en avait refusé la possibilité, pourquoi lui en avait-il consenti le désir ? Vivre sa vie anonyme et totalement inaperçu est effroyable ; de soi, aucun écho, on est une pierre, une branche jetée au bord du chemin.
" (page 104).

A part la première et la dernière nouvelle, on pourrait presque lire les autres dans un ordre différent. Il y a des échos, des liens tissés, des allusions qui ne sont explicitées que bien après.
Les fins de nouvelles sont généralement très réussies. Souvent, ce qui paraissait gentil et innocent se révèle d'une apparence trompeuse (les gentils dauphins qui semblent s'amuser...), et laisse au lecteur une amertume en bouche.

Il y a parfois une forme d'humour :
"Un enterrement au village est un événement de la vie sociale, à l'image de la première d'une pièce de théâtre ou d'une exposition dans une grande ville. S'y rencontrent une foule de gens qui ne se sont pas vus depuis le dernier cortège funèbre, comme s'ils se cachaient les uns des autres. Par ailleurs, il est toujours intéressant de découvrir de nouveaux visages et, qui plus est, en grand nombre. Sur l'île, certes, il n'y a pas de fanfare mais, même en son absence, suivre le cercueil d'un autre est chose agréable ; s'empare de nous une douce mélancolie ou nous remplit de joie le décès de quelqu'un d'autre. Alors, en règle générale, on se dit : « Les hommes sont mortels, qui aujourd'hui, qui demain, quant à moi, euh... je suis vivant, et fasse Dieu que j'assiste au convoi de beaucoup de mes connaissances. »" (page 87)

On trouve également quelques vers :
"La vie est un rêve,
parfois fait de beauté et de douceur,
parfois fait de laideur, et sans pitié.
" (page 79).

Un très beau livre.


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