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Gaïto Gazdanov

(Saint Petersbourg, Russie, 06/12/1903- Munich, Allemagne, 05/12/1971)

gazdanov

"Gazdanov est né à Saint-Pétersbourg mais a grandi en Sibérie et en Ukraine, où son père travaillait comme garde forestier. Il prit part à Guerre civile russe aux côtés de l'Armée blanche de Wrangel. En 1923 il s'établit à Paris, où il occupa de nombreux emplois tels que manutentionnaire ou ouvrier aux usines Citroën, ou chauffeur de Taxi. Malgré la difficulté de la vie d'immigrant russe il parvint à terminer avec succès ses études à la faculté d'histoire de la Sorbonne.

Le premier roman de Gazdanov — Une soirée avec Claire (1929) — remporta un grand succès et le propulsa sur la scène littéraire. Pour la force évocatrice de ses premiers récits, Gazdanov fut décrit par les critiques comme l'un des écrivains les plus talentueux ayant débuté dans l'émigration. Néanmoins, ses livres des années 1930 sont difficilement comparables aux œuvres de Vladimir Nabokov : il leur manque une solide construction narrative.

Les œuvres de maturité furent publiées après la seconde guerre mondiale. Sa maîtrise des histoires criminelles et des détails psychologiques apparaissent dans ses deux romans les plus célèbres : Le Spectre Alexandre Wolf et Le Retour du Bouddha.

En 1953, Gazdanov rejoint Radio Liberté, où il anime une émission sur la Littérature russe (sous le nom de Georgi Cherkasov), jusqu'à sa mort en 1971 d'un cancer du poumon.

Les œuvres de Gazdanov ne furent jamais publiées en URSS. Après des décennies d'oubli, depuis les années 1990 plus de cinquante éditions de ses œuvres ont été publiées, en particulier une édition en trois volumes (1998), suivie d'une édition en 5 volume (2009, ed. T.N.Krasavchenko) dans la Russie post-soviétique.
La communauté Ossète, menée par Valery Gergiev, a fait placer une nouvelle pierre tombale au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois.
" (Wikipedia).

gazdanov : Eveils


- Eveils (1965). Traduit du russe et postfacé en 1998 par Elena Balzamo. 156 pages. Viviane Hamy.
Le roman commence par une citation de Guillaume d'Orange : "Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer."

"Ce curieux conte philosophique, qui se cache sous des apparences de roman réaliste, est un long commentaire de la phrase de Guillaume d'Orange, portée en exergue" (Elena Balzamo, postface, page 156).

Nous sommes après la Seconde Guerre Mondiale, en France.
"Pierre Fauré quitta la capitale par l'express de neuf heures et demie du matin qui partait de la gare d'Austerlitz. On était le 2 août. Il pleuvait sans discontinuer depuis trois jours, et dans la nuit qui précéda son départ, il s'était réveillé toutes les deux ou trois heures - et chaque fois il avait entendu les feuilles mouillées du grand châtaignier bruire sous sa fenêtre. Il trouvait absurde l'idée de partir en vacances : subir le déluge ici, à Paris, ou dans un trou perdu à des centaines de kilomètres... Mais le billet était acheté, il fallait partir, sans se demander si ce voyage tombait bien ou mal à propos." (page 9).
Quelques jours auparavant, Pierre avait rencontré François, un ancien camarade de lycée devenu journaliste.
"- J'ai une idée, reprit François, viens chez moi. Tu seras logé, et pour ce qui est de la nourriture, on partagera les frais. Je passe mes étés au diable vauvert : pas une âme qui vive, rien que la forêt et la rivière. Qu'en dis-tu ?
Quelques années plus tôt, expliqua-t-il, il avait reçu en héritage un lopin de terre dans un coin du Midi : une poignée d'arbres, un puits, une maison délabrée, plus une dépendance.
" (pages 9-10).

Voici Pierre dans le train. Il regarde le paysage défiler, et les souvenirs défilent également : son père, qui a un avis sur tout, mais ne sait finalement pas grand-chose, sa mère, la tante Justine dont on attend l'héritage...
"Parfois, il avait du mal à admettre qu'une vie entière, avec ses souvenirs, ses illusions et ses espoirs, pût se réduire à un déroulement aussi terne : le marché, le déjeuner, le dîner, le ménage - un point, c'est tout, rien d'autre, jamais. Pourtant, elle [sa mère] avait conservé quelque chose de la chaleur et de la tendresse dont Pierre se souvenait depuis son enfance, la caresse de ses mains potelées, le baiser du soir : « Dodo, Pierrot, mon petit Lapin »". (page 16).
C'était une vie d'économie, en attendant l'héritage.
Revenons au présent : son père est mort depuis longtemps maintenant.
Pierre gagne sa vie sérieusement, sans perdre son argent au jeu. Il est comptable.
Sa mère est décédée deux ans auparavant. Depuis, il est seul.

Le train arrive à destination. Pierre est accueilli par François et sa famille.
Voici Pierre qui se promène dans la forêt.
"Un sentiment étrange, jamais éprouvé, l'envahit : l'impression de vivre depuis des temps immémoriaux, d'avoir appris une multitude de choses qu'il avait oubliées pour une raison obscure, mais dont il gardait le souvenir lointain. Une certitude naquit en lui en même temps que la perception vague de ces savoir enfouis, la certitude qu'il existait un monde différent, un monde qui, par son silence et sa pérennité, par son calme solennel, ressemblait peut-être à cette forêt avec ses milliards de feuilles, à cette union de la lumière, de la terre et des arbres." (page 35).

Pierre et François discutent.
Pierre demande en quoi consiste le bonheur... François l'a-t-il trouvé, lui qui a une femme, des enfants, un travail intéressant...
"- Oui, oui, répliqua François d'un ton désinvolte. Mais il manque quelque chose. Le bonheur, c'est ce que l'usage n'effrite pas." (page 41).

Pierre se souvient d'une visite au Louvre, alors qu'il avait quatorze ans.
"La visite achevée, des bigarrures de couleurs et de formes en arc-en-ciel de nuances hantaient son imagination : le chatoiement des rouges et des noirs, les capes de cardinaux, les visages hautains des rois, les yeux exaltés des saints, les corps des femmes, nus, plantureux ou frêles, roses, blancs ou mats, les arbres, la mer, les champs, les chiens, les armures; les infirmes, les mendiants, le silence des foules, les moustaches, les heaumes, les lions, les chevaux, le Golgotha, la lumière du jour, le crépuscule, le corps de Saint Sébastien troué de flèches, les soldats, les batailles, la mort des vaincus, le triomphe des vainqueurs. [...] cette visite au Louvre l'avait plongé dans une tristesse abyssale qu'il n'avait jamais éprouvée auparavant et dont il ne démêlait pas les causes, car, après tout, il ne s'agissait que d'impressions visuelles. Cependant, après la découverte de ce monde jusqu'alors ignoré, il eut la certitude - qui ne le quitta plus - de vivre dans la pénombre misérable d'un sous-sol chichement éclairé." (page 85).

Pierre va faire une rencontre qui va changer sa vie : une femme qui vit dans un cabanon à la lisière de la forêt. François l'a recueillie en 1940, alors que les gens fuyaient sur les routes.
Est-elle simple d'esprit ? A-t-elle simplement perdu la mémoire et la conscience d'où elle se trouve ?
Pierre pourra-t-il la ramener au monde conscient, l'éveiller de nouveau ?

"Ce roman dépeint en effet un cas limite : le fait de se donner tout entier à un autre constitue, pour le héros, le seul moyen de sauvegarder sa propre personnalité." (Elena Balzamo, postface, page 154)

Un court roman (russe, mais sans Russes), pas mauvais du tout, mais sans doute pas le meilleur de l'auteur : il y a certes de bons passages, mais j'ai une réticence... comme s'il y avait quelque chose de trop simple dedans, une légère impression de livre "feel-good", et comme l'impression que tout s'emboîte un peu trop bien.

 


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