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SHIMAZAKI Aki

( Gifu, 1954 - )

shimazaki aki

Auteur d'un roman en japonais (d'après http://www.ledevoir.com/2005/11/17/95346.html?217), Shimazaki Aki habite au Canada depuis 1981 : tout d'abord Vancouver, Toronto, puis Montreal depuis 1991.
Après avoir étudié le français, elle écrit et publie en français une pentalogie qui remporte un grand succès, tant public que critique.



La pentalogie : Tsubaki (1999), Hamaguri (2000), Tsubame (2001), Wasurenagusa (2003), Hotaru (2004).
Bizarrement, le sous-titre "Le poids des secrets", apparaît sur la version en poche, mais pas sur celle en grand format...

L'originalité de l'ensemble est que tout tourne autour de la même famille, sans que les romans avancent forcément chronologiquement.
Chaque roman est plus axé sur un personnage, et est écrit de manière subjective, ce qui permet de prendre connaissance de secrets qui pourront très bien ne jamais être dévoilés aux autres personnages.
Deux grandes lignes de force s'entremêlent : la Grande Histoire (la Seconde Guerre Mondiale, Nagasaki, le tremblement de terre de 1923, les relations des Coréens et des Japonais), et la petite (amours, enfant naturel, ...).

tsubaki

Tsubaki (1999, 121 pages, Actes Sud 121, pages). Tsubaki, c'est le camélia.
Ce premier roman du cycle est un peu à part : il sert d'introduction et permet d'avoir une vue globable des événements, sans pour autant saisir à fond les motivations de chacun, les liens qui semblent unir deux familles. C'est ce qui fait une grande part de l'intérêt de l'ensemble.
Contrairement aux volumes suivants, il n'est pas divisé clairement en deux parties "passé", puis "alternance présent/passé", mais alterne le présent et le passé grâce à la lecture que fait Namiko de la lettre laissée par sa mère (Yukiko - "tsubaki") qui vient de décéder.

Au début du roman, Yukiko parle avec son petit-fils des bombes atomiques, et plus précisément de celle de Nagasaki, qui représente un des noeuds de l'histoire.
"Quand j'habitais à Nagasaki, j'ai rencontré des catholiques. Nagasaki est bien connue pour ses croyants. Un jour, une jeune fille catholique de mon école m'a dit, d'un air très sérieux : « Les Américains sont chrétiens. S'ils trouvent des croix dans notre ville, ils passeront sans faire tomber les bombes. » Je lui ai dit aussitôt : « Pour eux, les Japonais sont des Japonais. » Et la bombe atomique est tombée en face d'une église. " (page 14).

Lorsque Yukiko meurt, sa fille aprend que sa mère avait un frère. Mais il y a plus : "Mon Dieu... Ma mère a tué son père. Ma mère a tué mon grand-père à Nagasaki le jour où la bombe atomique est tombée. Comment ?" (page 31).
C'est ce que l'on va apprendre à travers le récit de l'avant-guerre, de la guerre, de la Bombe au plutonium.

Il y a un côté un peu artificiel dans la construction du roman. Namiko s'interrompt dans la lecture de la "lettre" (certes, une lettre de plus de 70 pages au format "Actes Sud" - est-ce encore une lettre, d'ailleurs ?) pour manger... On sent trop l'artifice de l'auteur qui s'est dit qu'il fallait aérer un peu le roman.
Les dialogues font un peu trop "écrit", mais il est vrai qu'ils sont rapportés des années après les faits, alors... Quant à la honte d'être capturé vivant par les Américains, on connaît déjà.

Donc, même si on peut chipoter un peu sur la construction et certaines tournures, sur le caractère un poil démonstratif de certains passages (la réaction du fils lorsqu'il entend parler du massacre de Nankin : "Mon fils était choqué. Il se prit la tête à deux mains, longuement.", page 20) et au-delà du message "la guerre, c'est mal", Tsubaki est un livre qui doit être pris pour un point de départ plus que pour un aboutissement. Il pourrait se suffire à lui-même, mais il deviendra plus intéressant grâce aux suites, qui permettent de revoir d'un autre oeil ce qu'on a lu, mais pas forcément compris.
Il est même recommandé de lire les romans de la pentalogie les uns après les autres, rapidement, de sorte de bien garder en mémoire les détails qui ont leur importance. Car même s'il s'agit d'une sorte de confession, Yukiko se garde bien de tout dire à sa fille.

On pourra lire la critique de Nezumi-Pollanno : http://pollanno.blogspot.com/2007/04/tsubaki.html

hamaguri

Hamaguri (2000 - édition en poche 2007, 112 pages, Babel). Prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec.
Ce deuxième roman est nettement plus intéressant que le premier, Tsubaki, qui était déjà pas mal (il donnait envie de lire la suite, contrat rempli, donc).
Il se concentre sur Yukio, le frère de Yukiko (qui meurt au début du roman précédent, il faut suivre). On voit aussi sa mère, Mariko, qui au début du livre trouve un emploi dans une église, et le prêtre, un étranger :
"Il s'approche de nous. Il a une barbe. Je n'ai jamais vu d'homme aussi grand. De peur, je me cache derrière ma mère. Il se baisse vers moi et sourit. Ses dents sont plus blanches et plus grandes que celles des adultes que je connais. Il essaie de me prendre la main. Je refuse. Le nez long. Les yeux brun foncé. La couleur de la peau. Tout est différent des hommes que j'ai vus jusqu'ici." (page 11). Yukio vit alors dans un orphelinat tenu par le religieux, avant que sa mère ne se marie...

Hamaguri, c'est la palourde japonaise, qui permet de jouer au kaïawase, un jeu consistant à reformer les deux coquilles qui constituaient le coquillage initial : toutes les palourdes ont l'air identiques, mais seules les deux parties du coquillage initial coïncident parfaitement. Cela sent le symbole...

L'aller-retour entre présent et passé, dans la deuxième partie du roman, s'effectue par le truchement des commémorations du cinquantième anniversaire de Nagasaki.

En conclusion : bon roman. On retrouvera l'église, le prêtre, et même les hamaguri dans le tome suivant, Tsubame, qui va dévoiler d'autres secrets...

Si l'on ne craint pas d'apprendre des détails qu'on aurait voulu ne pas connaître, ou bien après avoir lu Hamaguri, on pourra lire avec profit la critique de Nezumi-Pollanno : http://pollanno.blogspot.com/2007/04/hamaguri.html

tsubame

Tsubame (2001, 123 pages, Actes Sud).
Troisième roman de la pentalogie, et sorte de miroir de Hamaguri, Tsubame ("l'hirondelle", en japonais) permet de suivre la vie de Mariko, la mère de Yukio... ou plutôt de celle qui s'appellera Mariko, car au début, elle s'appelle Yonhi. Et l'on apprend qu'elle est d'origine coréenne. Le livre aborde la difficulté d'être Coréen au Japon. Ainsi, le 1er septembre 1923, lors du grand tremblement de terre de Kanto, alors que les morts sont innombrables (aux alentours de 150 000 morts) et que les incendies font rage ("« Regardez ! Là-bas ! La ville est prise dans une mer de feu. Tôkyô va disparaître ! »", page 26) , les rumeurs tuent aussi :
"L'un des hommes dit :
- Arrêtez tous les Coréens ! Ils sont dangereux. Ils tentent de jeter du poison dans les puits.
La foule s'agite. Un autre homme lance :
- Les Coréens mettent le feu ! Ils volent à main armée ! Ils violent les femmes ! [...]
Le troisième homme dit :
- Capturez tous les Coréens, sans exception !
" (pages 29-30)

Dans la deuxième partie du roman, l'aller-retour passé/présent s'effectue à l'occasion de l'exhumation des corps de Coréens, dont plusieurs milliers furent tués après le tremblement de terre (l'événement est entendu à la radio ; la cérémonie du cinquantième anniversaire de Nagasaki était vu à la télévision).
"Je l'entends parler de ce qui s'est passé sur la digue après le tremblement de terre. L'armée avait obligé des Japonais à venir creuser ici. Les soldats avaient mis les Coréens en rangs et les avaient mitraillés. Les hommes avaient brûlé les cadavres avec du pétrole et les avaient enterrés... [...]
- Je dois te dire aussi, mon fils, les victimes n'étaient pas seulement des Coréens, mais aussi des Chinois et des Japonais de la région de Tôhoku.
Le fils dit :
- Des Chinois et des Japonais ? Comment ça ?
- Ils ont été confondus avec les Coréens à cause de leur accent.
" (pages 79-80).

Certains Japonais résistent :
"Et à la fin, elle a dit quelque chose que je n'avais jamais imaginé : « Nous avons été sauvés par un policier japonais lors de la crise en 1923. » Selon elle, il a protégé quelque trois cents Coréens à son poste. Mille Japonais étaient arrivés là-bas en criant que les Coréens avaient jeté du poison dans les puits. Le policier leur a hurlé : « Si c'est vrai, apportez l'eau ici. Je vais boire ! » Il l'a bue réellement. Les gens ont enfin quitté le poste. Sans lui, madame Kim et son mari auraient été tués." (page 95).

Curieusement, le tremblement de terre et la fuite sont décrits de manière beaucoup plus forte que le bombardement de Nagasaki ne l'avait été dans les précédents romans. Peut-être parce que Nagasaki et Hiroshima ont été traités plus souvent (à ma connaissance...) que ces événements pas spécialement glorieux.

Sans rentrer dans les détails du roman - ne pas gâcher le plaisir du lecteur ! - on retrouve avec plaisir (mais dans le passé par rapport à Hamagumi) l'église, le prêtre étranger... mais aussi les hamagumi :
"C'est la saison. On en mange chaque année lors de la fête des filles.
Une fille lui demande :
- Pourquoi ?
- Chez les hamaguri, il n'y a que deux parties qui vont exactement ensemble, même si en apparence elles semblent pareilles. On souhaite que les filles puissent rencontrer l'homme idéal pour le reste de leur vie.
" (page 49).

Très bon roman. Pour chipoter un peu on notera tout de même un étrange "descendre en bas" (page 80).


On pourra lire la critique de Nezumi-Pollanno regroupant Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru : http://nezumi.over-blog.fr/article-10090808.html

wasurenagusa

Wasurenagusa (2003, 123 pages, Actes Sud).
Quatrième roman de la pentalogie, le roman - qui, comme dans la série "Lost", s'intéresse plus particulièrement à un personnage par épisode - se focalise sur Takahashi, le père adoptif de Yukio.
On y découvre les motivations profondes de ce personnage qui pouvait sembler un peu falot, presque inexistant, alors que, finalement, il ne l'est pas tant que ça, car rien n'est simple... Par exemple, on comprend mieux pourquoi il s'est porté volontaire pour réparer le toit d'une église, ce qui va l'amener à faire la connaissance de sa future deuxième épouse, Mariko.
Wasurenagusa, c'est le mysosotis, présent tout au long de la pentalogie, mais plus particulièrement dans ce volume.
"Quelqu'un pénètre dans la pièce. Je toune la tête. J'en ai le souffle coupé. Là, Mariko est debout, tenant un vase de fleurs bleues." (page 49).
Aki Shimazaki raconte l'origine du mot :
"Au Moyen-Age, un chevalier se promenait avec sa belle au bord du Danube. Il s'appelait Rudolf et elle, Belta. La fille aperçut, sur la rive, de petites fleurs bleues et elle voulut les avoir. Rudolf descendit. En les cueillant, il tomba dans le courant rapide. Désespéré, il se débattit, mais en vain. Belta paniqua. Il cria, en lançant les fleurs vers elle : «Ne m'oublie pas!» et il disparut dans l'eau." (page 122).

Bon roman, qui permet de voir un autre pan de l'histoire. Avec Shimazaki, rien n'est jamais "Aki" !


hotaru

Hotaru (2004, 137 pages, Actes Sud).
Dernier roman de la pentalogie. L'éditeur, craignant peut-être que le lecteur soit perdu (mais il lui en faut plus que ça ! David Lynch ne fournit pas forcément le mode d'emploi... d'accord, c'est un mauvais exemple !) a mis une note, page 6 : "L'action de cette histoire se situe un mois avant celle de Hamaguri".

Le roman commence avec Tsubaki, la petite-fille de Takahashi (le narrateur de Wasurenagusa). Où l'on voit comment l'Histoire, même la petite, a tendance à vouloir se répéter. Puis la grand-mère (Mariko), très malade (oui, oui, Msieur l'éditeur, on est un mois avant Hamaguri), raconte son histoire à sa petite-fille, comment elle a trompé son mari, etc., bref tout ce qu'on savait déjà. On n'apprend en fin de compte que peu de choses, qui ajoute une couche de coïncidences, ce qui n'est pas forcément ce qu'on fait de mieux dans un roman.
J'aurai au moins appris que "En France, il existe une superstition étrange : ces lumières seraient les âmes des enfants morts sans avoir reçu le baptême. Pour les gens qui y croient, ces insectes sont bien sinistres". (page 29). (Hotaru, c'est la luciole, la femelle étant le ver luisant).

A la fin de ce roman - pas désagréable, mais nettement inférieur aux autres - on peut se poser la question : une tétralogie n'aurait-elle pas été préférable ?


Nezumi-Pollano pense moins de mal que moi de ce roman, sur : http://nezumi.over-blog.fr/article-10090808.html


Autres livres
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