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HASHIMOTO Osamu

(25/03/1948-)

hashimoto osamu

"Né en 1948, Osamu Hashimoto connaît un énorme succès à la publication de son premier roman intitulé La Fille Momojiri (inédit en français) en 1977. Il est depuis les années 1980 considéré comme l’une des figures emblématiques de l’écrivain populaire, dont l’interrogation est centrée sur l’identité culturelle japonaise." (source : http://www.actes-sud.fr/contributeurs/hashimoto-osamu-1 ).
Avant La Fille de Momojiri, il avait travaillé comme illustrateur.
Il a reçu le prix Kobayashi Hideo en 2002 pour Qui était Yukio Mishima ? et le Prix Manichi de la Culture en 2008 pour sa traduction moderne du Heike monogatari (双調 平家物語). (sources : http://www.nippon-foundation.or.jp/en/what/projects/readjapan/list_fiction/translation/fiction/fiction_008.html et http://www.booksfromjapan.jp/authors/item/1112-osamu-hashimoto ) Il avait déjà traduit en japonais moderne Le Dit du Genji.

 

Le Pèlerinage

Le Pèlerinage (Junrei, 2009). Traduit en 2013 par Patrick Honnoré. 295 pages. Actes Sud.

L'histoire commence dans un quartier résidentiel respectable. Les membres d'une équipe de télévision débarquent pour faire une émission. Ils veulent interviewer des gens. Ils sonnent donc au portail d'une maison et parlent à l'interphone :
"- Nous avons entendu dire qu'une maison du voisinage posait problème, et nous réalisons une enquête sur le sujet...
La réponse à l'autre bout de l'interphone ne se fit pas attendre.
- Ah, vous voulez dire... le dépotoir, là-bas ?
- En effet, oui.
- Eh bien celui-là alors... Vous avez vu la maison ? C'est tout le monde qui pâtit avec ça !
" (pages 9-10).

Voyons de plus près de quoi il s'agit...
"Il ne leur avait pas fallu plus d'un simple coup d'oeil pour localiser l'origine de la pestilence. La maison au toit de vieilles tuiles et son amas d'immondices, dont la vue en elle-même était déjà une douleur dans l'oeil, dégageait une odeur agressive comme un front armé en mouvement. L'odeur venait de là, et pourtant, il n'y avait rien à faire. Le propriétaire refusait d'appeler cela des ordures. Et si ce n'étaient pas des ordures, c'étaient donc des objets personnels, qui, à ce titre, ne pouvaient être enlevées sans autorisation." (page 20).

Chûichi, le vieux qui habite la maison et qui semble ne pas avoir toute sa tête, ne veut pas qu'on touche à ses affaires.
"- C'est pas des ordures !"' (page 33), répond-il aux voisins qui s'énervent.
"- De quoi je me mêle, non mais... maugréa-t-il en continuant de passer en revue tous les recoins de son dépotoir.
Il regardait par-ci, par-là, jeta le carton qu'il avait en main, en prit un autre, ramassa l'un après l'autre les sacs plastique qui s'étaient effondrés, regardant à ses pieds comme s'il cherchait quelque chose. Il jeta derrière lui le sac plastique qu'il avait ramassé, ronchonna : « Faut pas vous approcher, d'abord ! » Ou quelque chose qui y ressemblait.
Puis il disparut derrière sa montagne, comme pour échapper aux protestations de ses voisins.
" (page 33).
C'est une véritable infection. Les voisins dégustent en fonction de la direction du vent...

Le lecteur découvrira bien sûr les raisons de ce comportement.

L'intérêt du livre, c'est de voir comment ce quartier, et le mode de vie en général, a changé avec le temps : comment un quartier résidentiel dans l'immédiate après-guerre, composé de quelques maisons seulement, tout à côté de champs de céréales, va évoluer, s'urbaniser.

Les gens travaillaient près de chez eux. Les apprentis logent généralement chez leur employeur, avec toutes les contraintes que cela implique. Puis vient le moment où les gens trouvent du travail plus loin, doivent prendre les transports en commun tous les jours.
"- Et comment vas-tu travailler là-bas ? Tu seras logé sur place ?
- Non, j'irai travailler en train, répondit tout simplement Shûji. [...] Le travail commence à neuf heures, il suffira que je me lève à sept heures, c'est rien, ajouta-t-il.
- Une heure de trajet ? s'étonna Chûichi.
Effectivement, il avait entendu parler de gens qui faisaient une heure de trajet pour aller travailler, récemment. Pour lui, une heure de train, c'était un “voyage”.
" (page 162).
Les grands magasins vont faire leur apparition et menacer les petits commerces.

On voit aussi les problèmes de cohabitation des générations sous un même toit...
"Et se retrouver épouse d'un cadet était tout de même un meilleur lot que d'être l'épouse d'un aîné, au moins il n'y avait pas de belle-mère à servir." (pages 59-60).
Cette phrase trouve un écho, page 161 : "S'agissant de se marier, cela ne pouvait être pour lui aussi qu'avec une fille qui aurait respiré l'air de la modernité. Ce qui l'amenait à se poser une question, totalement hors de propos mais qu'il ne pouvait mettre de côté : comment avoir une vie de couple dans un espace si étroit et si vieux ?"
Mais la modernité n'est pas forcément terrible non plus, les appartements modernes ressemblant souvent à des "cages à lapins" à la cuisine minuscule...

Tout ce qui se situe dans le présent, l'histoire des ordures, les réactions des voisins, tout ça est vraiment trop long.
En fait, il faut attendre une centaine de pages pour que le livre devienne vraiment intéressant, lorsque l'on aborde enfin l'histoire de Chûichi : la description de la société de l'après-guerre, son évolution, l'irruption de la modernité et des idéologies, le changement dans les façons de vivre, tout cela est très bien rendu : on vit en quelque sorte ces bouleversements énormes, qui ne sont plus seulement théoriques pour le lecteur.



 


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