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ARPINO Giovanni

(Pula, Croatie, 27/01/1927- Turin, 10/10/1987)

giovanni arpino


Romancier, journaliste sportif.
Il remporte plusieurs prix littéraires. Son oeuvre la plus connue est Parfum de femme, immortalisée au cinéma par Dino Risi avec Vittorio Gassman.

une ame perdue

- Une âme perdue (Un'anima persa, 1966). Belfond, 136 pages. Traduit de l'italien par Nathalie Bauer.
Ce roman, qui se présente sous la forme d'un journal, se situe dans les années 1960, à Turin (où l'auteur a vécu la plus grande partie de sa vie). Il se déroule sur quelques jours du mois de juillet.
"
J'ai toujours eu peur, mais aujourd'hui c'est encore autre chose, aujourd'hui je viens de me réveiller et je sens déjà entre les côtes un tressaillement angoissant qui bat, fait mal, que je n'arrive pas à calmer par la seule force de la raison.
Je dois ouvrir les yeux, regarder, me regarder et enfin me rendre compte que cette peur est absurde, que la chambre où j'ai dormi a beau être étrangère, elle ne dissimule pas de dangers, pas plus que la maison, la rue à l'extérieur, la ville.
" (page 11).
Notre héros, Tino, a 17 ans. Il est venu à Turin pour passer son bac. Ses parents sont morts dans un accident de voiture alors qu'il était encore un enfant. Il a été dans un pensionnat, qui lui laisse des souvenirs pas très bons :
"
Je dois oublier mes camarades, les sobriquets dont ils m'affublaient dans la salle de gymnastique, le respect intéressé qu'ils me réservaient pendant les heures d'étude, car j'étais le meilleur en dissertation et le seul à pouvoir traduire d'un coup d'oeil le latin et le grec." (page 12).
Le voici donc arrivé à Turin, chez son oncle et sa tante, pour passer son baccalauréat littéraire.

"
Je suis arrivé hier soir sous une chaleur accablante, dense, qui alourdissait les chevelures déjà poussiéreuses des marronniers d'Inde. Seul un léger souffle d'air, tiède comme du bouillon, pénétrait dans le taxi. C'était le crépuscule. Sous mes yeux défilaient de tranquilles demeures closes, des places et des avenues exsangues, des fantômes opaques dans l'ombre plus concrète des arcades.
Le taxi ralentit au milieu d'une petite rue qui se dirigeait tout droit vers la lointaine colline, de l'autre côté du Pô, et tante Galla apparut aussitôt sur le seuil, gazouillante cascade de bonjours. Ses bras vastes et parfumés se refermèrent sur moi, et j'eus contre mes joues ses joues imprégnées de veille poudre.
" (page 13).

Tino connaît le secret de son oncle et de sa tante : "
un frère jumeau de l'ingénieur, un débile qui vit depuis vingt ans enfermé dans une pièce de cette demeure. J'en ai toujours entendu parler." (page 18).
Des cousins lui disaient : "
« Tu serais riche si ta tante Galla, la soeur de ta mère, dont tu es le seul héritier en ligne droite, n'avait pas à sa charge un beau-frère idiot, une créature marquée par Dieu... Il a déjà dû lui coûter une somme rondelette. [...] » Ils disaient aussi, s'enlevant réciproquement les mots de la bouche « Ta tante, toujours en adoration devant son mari ingénieur, n'avouera jamais, par amour propre, l'argent que son beau-frère a englouti en soins, médicaments, manies et caprices... Et son mari ? Un ingénieur, un homme sérieux, personne ne le nie, mais il lui a fallu une belle dose d'orgueil pour imposer pareille croix à sa femme... »" (page 18).

Le beau-frère était professeur, il a vécu en Afrique, et un jour il est tombé malade...

La domestique, Annetta, confirme : "«
[...]
Votre tante et votre oncle tiennent tellement à combler le professeur qu'ils ne renoncent à aucun sacrifice, à aucune humiliation... Rien n'est assez riche, assez fin, assez précieux pour lui, pour cette bouche. Il finira par nous enterer tous, mais il comprendra alors ce que signifie l'asile, s'il y a encore une justice en ce monde ! Je me demande qui, de nous ou de lui, est le plus fou ! »" (page 36).
L'oncle, Serafino, n'est pas vraiment loquace. "
Je revois les yeux d'oncle Serafino. On dirait que la miséricorde humaine les a dessinés de sa propre main. Ils se posent sur les objets comme ceux de certains saints se posaient autrefois sur un animal, un arbre, une créature innocente. Ils brillent d'une douceur qui ne faiblit jamais, une douceur apparemment infinie qui en devient gênante à la longue. [...]
Cependant, malgré son teint brouillé par l'insomnie, beaucoup moins frais que celui du professeur, malgré ses épaules déjà voûtées et les rides qui creusent un triangle entre ses sourcils, oncle Serafino ne m'a jamais semblé être un homme.
Comment m'expliquer ? On dirait un être humain encore inachevé, un acteur arraché à son masque, à ses fards, à ses déguisements.
" (page 37).

Un livre bien écrit, qui installe une ambiance mystérieuse, lourde de secrets... Le lecteur essaie de deviner ce qui se passe dans cette maison, ce que cache le dévouement de l'ingénieur envers frère... L'oncle paraît vraiment pas net.

Une histoire assez tordue, du genre qui fait refeuilleter le livre après la fin.
Très bien.


A noter que ce livre a été adapté par Dino Risi (déjà le réalisateur de Parfum de Femme). Ce fut Âmes perdues, 1977, avec Vittorio Gassman et Catherine Deneuve.


parfum de femme

- Parfum de Femme. (Il buio e il miele, 1969). Traduit de l'italien par Nathalie Bauer. 10/18. 190 pages.

Le narrateur est un jeune soldat. Au début, il sonne à une porte. Une vieille femme ouvre.
"« Je suis sa tante, se décida-t-elle à dire en baissant le ton. Il prétend que je ne suis qu'une cousine, mais je suis plutôt une tante, et davantage encore, car qui a soigné sa pauvre maman jusqu'au dernier instant ? Moi. Heureusement, elle est partie avant de souffrir les pires peines. Tout a été si difficile, personne ne peut se l'imaginer. Jusqu'au jour de l'accident, je le connaissais peu. Toujours en vadrouille à travers le monde, pensionnats, académies militaires, casernes. Ensuite, j'ai dû m'occuper de lui. À l'évidence, c'est le destin qui le voulait dans le Ciel. Et cela fait maintenant neuf ans, voyez-vous. [...]
Aujourd'hui, ce n'est rien, mais au début : oh, je ne veux même pas m'en souvenir. Un jeune homme comme lui... perdre la vue et une main. [..] Pendant les manoeuvres, en jouant avec une bombe. Je dis bien en jouant, car à quoi riment ces manoeuvres aujourd'hui ? [...]
- Mon commandant m'a expliqué », dis-je.
" (page 9).

Le narrateur remplace un autre militaire au pied levé, et va accompagner l'aveugle estropié, capitaine de son état, à Gênes, Rome et Naples.

Le capitaine est désagréable. C'est bien sûr une façon de repousser toute pitié.
"« Je t'appellerai Ciccio. Ça te plaît ? Je vous ai toujours appelés comme ça. Ça ne te plaît pas ? Tu as l'impression que c'est un nom de chien ?" (page 12).
"« Tu marches ? Tu sais marcher ? J'ai eu un certain Ciccio, l'année dernière, qui en était totalement incapable. Une nullité. Au bout d'une heure, il soufflait déjà. Et moi, j'ai un grand besoin de marcher. J'épuiserais un cheval. Vous autres, vous croyez savoir bouger, mais une fois mis à l'épreuve, vous faites vraiment peine à voir, dit-il en riant encore dans un nuage de fumée.
- Je marche, oui. À la caserne...
- Pas de crétinerie de caserne ! coupa-t-il, la main levée.
" (page 13).

Le narrateur est un jeune homme bien élevé. Du coup, le capitaine :
"Tu réfléchis, ergo, tu emmerdes. Il vaudrait mieux que tu aies une case en moins, dit-il avec un ricanement sec. J'aurais préféré l'analphabète de service, ou même le type bizarre." (page 47).

Plus loin : "« Pauvre crétin. J'ai mille pensées d'avance sur toi. Fais donc attention." (page 50)

Le capitaine est un peu obsédé, un peu misogyne/machiste ("Elle devait être très laide pour avoir autant de patience.", page 90).

À un moment, le capitaine explicite un peu sa façon de voir le monde : "
Le petit poisson nage vite, trop de petits poissons réunis attirent les filets.
"- Et pourtant, je les envie, les autres. Unis, ils se tiennent compagnie, c'est du moins ce qui me semble.
- Semble. Justement. Ce n'est que l'apparence. »
Il se frotta vigoureusement le nez de haut en bas. « Les mulets vivent bien entre eux. Pas le cheval pur-sang. Oui, ce monde est de plus en plus destiné aux mulets. Les gens crient tous les mêmes choses.
" (page 180).


Le narrateur finit par dire à quelqu'un, en parlant du capitaine : "- Ce qui m'étonne, c'est que tout le monde le laisse faire. Nous le laissons libre de tout. Jamais la moindre protestation." (page 117).

Objectivement, ce devrait être un bon livre. Mais il manque un élément très important, essentiel : tout le monde est fasciné par le capitaine estropié et aveugle... mais pas le lecteur (pas moi, donc, en l'occurrence). Il manque quelque chose à ce capitaine, pour qu'on s'intéresse vraiment à lui. Il est désagréable, d'accord, mais sous ces apparences, il a un petit coeur qui bat, tout ça... On voit son désespoir, mais on ne le ressent pas vraiment.

Le film de Dino Risi (Profumo di donna, 1974) lui est finalement supérieur, grâce à Dino Risi, bien sûr, mais aussi (et surtout ?) grâce à Vittorio Gassman, qui arrive à incarner et à donner au capitaine une profondeur qui n'est - à mon avis - pas perceptible dans le livre.

 

Oublions le film avec Al Pacino (Le temps d'un week-end, Scent of a Woman, 1992, film de Martin Brest), pour lequel il a remporté un oscar - le seul de sa carrière... et pour ce film médiocre... c'est triste. mais ce n'est pas la première fois qu'un grand acteur reçoit ainsi un oscar de rattrapage.

 


Autres livres traduits en français :
- Un délit d'honneur (Un delitto d'onore, 1960)
- Le Bonheur secret.
- Serena.
- L'Ombre des collines (L'Ombra delle colline, 1962). Prix Strega 1964.
- Le pas de l'adieu
- Mon frère italien (Il Fratello italiano, 1980)



Au cinéma :
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Boccaccio '70, segment "Renzo e Luciana", 1962)
- La suora giovane (1965)
- Parfum de femme (Profumo di donna, 1974) , réalisé par Dino Riso. Deux nominations aux Oscars : meilleure adaptation, et meilleur film étranger (battu par Dersu Uzala... Quelle année !). Avec Vittorio Gassman.
- Ames perdues (Anima Persa, 1977), réalisé par Dino Risi. Avec Vittorio Gassman et Catherine Deneuve.
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Le Temps d'un week-end (Scent of a Woman, 1992). Nouvelle adaptation de il Buio e il miele, qui avait donnée Parfum de femme. Un Oscar pour Al Pacino. Trois autres nominations, dont meilleur film et meilleur réalisateur pour Martin Brest. Ah la la, tout cela paraît bien excessif. Et pourquoi ne l'a-t-il pas eu, l'Oscar, Vittorio Gassman ? C'est vrai qu'il vaut mieux être Américain pour obtenir la consécration.


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