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Alfred KUBIN
(
Litomerice, actuelle République Tchèque, 10/04/1877-Wernstein am Inn, Haute Autriche, 20/08/1959)

 

Alfred Kubin était avant tout un très grand dessinateur et graveur. Son oeuvre littéraire est beaucoup moins connue.

Le Cabinet de curiosités et autres textes (91 pages), traduit de l'allemand par Christophe David. Editions Allia.
Il s'agit d'un recueil de nouvelles publié sous le titre Der Guckkasten en 1925, et deux autres textes dans la même lignée : Le Cri qui venait des ténèbres, et Ali, l'étalon blanc.
"Le dessinateur Alfred Kubin (1877-1959), souvent surnommé le Goya autrichien, est aussi un écrivain. On lui doit en particulier le roman-culte l'Autre Côté (1908).
Si, comme le rappelle Ernst Jünger, on n'a pas manqué de faire le reproche « au dessinateur Kubin de travailler avec des moyens littéraires, on pourrait faire au poète le reproche inverse -à condition qu'une telle subtilité ait un sens ». Il n'y a qu'avec Le Cabinet de curiosités, recueil de huit textes courts publiés en 1925 [...] que cette subtilité peut prendre un sens." (pages 83-84), écrit Christophe David dans son petit texte "Une littérature panoramique", en fin d'ouvrage.
Kubin explique la manière dont il a travaillé :
"J'ai seulement regardé un jour dans mes cartons, j'y ai prélevé au hasard huit croquis, je les ai finis et je n'ai écrit les texte qui correspondent aux dessins qu'après coup. On pourrait tout aussi bien interpréter ces dessins de cent autres façons et celui auquel mes histoires ne plaisent pas peut s'en inventer d'autres qui lui conviennent mieux" (page 84).

Ces textes ressemblent à des vignettes. Une petite histoire, un résumé rapide d'une vie, sans vraie chute.
Par exemple Le Franchissement du col.
"Près d'une ville de la province chinoise de Setchouan vivait un homme appelé Fang, calligraphe de renom. Il possédait une petite propriété, une maison située dans un pittoresque jardin laissé à l'abandon. Sa femme, Niang-Niang, qui avait été si belle dans sa jeunesse, était la fille du riche fermier d'un domaine impérial de la province voisine et ils vécurent heureux tous les deux. Fang peignait jour après jour ses calligraphies, le plus souvent des maximes destinées à des sanctuaires qu'il ornait de figures de dragons." (page 9)

Comment va-t-il être amené à franchir un col (titre de la nouvelle), et à se trouver nez-à-nez avec un serpent (voir le dessin ci-dessus) ?

La nouvelle suivante, Le Sultan fatigué, lui ressemble dans le déroulement de l'histoire et la tonalité générale.
Les autres nouvelles sont un peu différentes, mais quasiment toutes ont en commun un certain sens du fatalisme, et un goût prononcé pour l'exotisme.
Les textes brassent des Chinois, des sultans, des vampires du Piémont... On rencontre des Juifs, des Polonais, des Tchèques, et aussi un vagabond, deux Anglaises de "La Ligue des amies anglaises de la paix" envoyées en mission en Allemagne...

Au début de La Chasse au vampire, troisième nouvelle du recueil, on se rend compte que l'écrivain est bien là, il introduit l'histoire en établissant une transition avec le texte précédent, comme s'il nous passait ses dessins au fur et à mesure, les commentant, ou les introduisant. Du coup, le lecteur se met à chercher une unité, des renvois entre les nouvelles.

Dans Un Pari, Kubin va encore plus loin dans la fusion texte/dessin, puisqu'il fait explicitement référence au dessin dans son texte, en nommant les différents personnages ("Que l'on compare (de gauche à droite) : Bullaug (assis), le Comte Frachenburg [...]", page 63). Mais c'est aussi la moins bonne nouvelle, qui relève de la farce.
On a aussi la situation classique mais qui fonctionne toujours : "Autour de la table, on racontait des histoires inquiétantes; Quand vint le tour du baron, il s'enfonça dans son fauteuil pour échapper à la lumière de la lampe et commença." (début de la nouvelle Le Cri qui venait des ténèbres, page 67).
Puis, on finit avec "Ali, l'étalon blanc. Destin d'un cheval tartare en 12 tableaux."
Là, on est vraiment dans l'esquisse (ou l'épure ?)
En voici le début :
I.
Ali, un poulain blanc qui avait vu le jour en Mandchourie, passa sa première jeunesse sous les yeux de sa mère.

II.
Devenu grand, il préférait se tenir à l'écart du troupeau des cheveux. On le voyait souvent se baigner dans la rivière.

III.
Plus tard, il rencontra une jeune jument et galopait joyeusement çà et là avec elle dans la nuit éclairée par la lune.

IV.
La soif de liberté était le trait dominant du caractère de ce cheval. Toutes les tentatives pour le capturer restaient vaines." (page 79).

"Ali", apprend-on dans le texte du traducteur qui sert de postface, est composé des initiales des trois prénoms de Kubin : Alfred, Leopold, Isidore.
Kubin écrit d'ailleurs : "J'ai grandi à proximité de haras (des bêtes de race Pinzgaueur) et dans l'histoire d'Ali j'ai transposé ma propre nature pulsionnelle dans un être équin." (pages 90-91).

Au final, c'est un petit recueil de nouvelles intéressant, bien écrit mais sans fioritures : tout est mis en place en quelques coups de crayons. Il ne faut pas s'attendre à des histoires remarquables, elles se lisent comme on regarde un dessin : il y a souvent une atmosphère liée à une absence de trop grande précision, du fatalisme, un monde fabuleux.

 

Quelques oeuvres de Kubin :

epouvante   animal fabuleux   dame   
L'Epouvante. 1901 ; Animal fabuleux. 1903-1904. ; Die Dame auf dem Pferd (La dame sur le cheval) (circa 1900-01)

le dernier roi   observation   homme
Der Letzte König (Le dernier roi). Vers 1902 ; Selbstbetrachtung (auto-observation). Vers 1902 ; L'Homme (der Mensch).

le passé   pole   clair de lune
Le Passé (Oublié-Englouti) ; Le Pôle Nord. 1901 ; Clair de Lune. 1902.

la peste    la maison des rats   l'heure de la mort
La Peste. 1903-1904 ; La Maison des rats (Das Rattenhaus). 1903 ; L'heure de la Mort, 1900.

 

             der wind         

Famine, vers 1901 ; La Dame Blanche ; Le Vent (Der Wind).

 


Autres livres traduits en français :
- Le travail du dessinateur.
- Ma vie.
- L'Autre côté
- Histoires burlesques et grotesques


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