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HERMANN Judith
(Berlin-Ouest, 15/05/1970 - )

 



Journaliste, Judith Hermann publie Maison d'été, plus tard, recueil de nouvelles qui connaît le succès en Allemagne, avec 100 000 exemplaires vendus. Il est traduit dans plusieurs langues.
Son deuxième recueil de nouvelles, Rien que des fantômes, est publié en 2003.

Maison d'été, plus tard (Sommerhaus, Später, 1998 ; 260 pages). Nouvelles traduites de l'allemand en 2001 par Dominique Autrand. Albin Michel. "Grandes Traductions".

Le recueil comporte neuf nouvelles qui mettent en scène de jeunes adultes à la fin des années 1990.
Il commence par une citation de Tom Waits : "The doctor says, I'll be all right but I'm feelin' blue".
On voit tout de suite l'imprégnation de la culture américaine, et la non nécessité de traduction : il semble que le livre s'adresse à des gens qui partagent la même culture.

La première nouvelle, Corail rouge, raconte surtout la vie de l'arrière-grand-mère de la narratrice, et de ses "aventures" en Russie. La nouvelle commence de sorte à titiller l'intérêt du lecteur :
"Ma première et unique visite chez un thérapeute m'a coûté mon bracelet de corail rouge et mon amant.
Le bracelet de corail venait de Russie. Il venait de Saint-Pétersbourg, plus exactement, il était vieux de plus de cent ans, mon arrière-grand-mère l'avait porté autour de son poignet gauche, à cause de lui mon arrière-grand-père était mort. Mais est-ce là l'histoire que je veux raconter ? Je n'en suis pas sûre. Pas vraiment sûre."
(page 11). N'empêche qu'elle la raconte, l'histoire.
L'histoire russe est intéressante, mais on pourra trouver les relations entre la narratrice et son amant un peu artificielles. Il est très chiant, il ne parle quasiment pas, c'est une grosse larve, qu'est-ce qu'elle fiche avec lui ?
"Mon amant se mordait la langue en parlant, il s'exprimait d'une façon laborieuse et bredouillante, comme s'il avait bu. [...] Il se détourna de moi à nouveau, poussa un gros soupir, tapa des pieds à deux reprises contre le mur, puis ne bougea plus." (page 29).
Les personnages font parfois des choses, comme ça, sans qu'on comprenne trop bien pourquoi. Une façon d'exprimer un désarroi générationnel ?

La deuxième nouvelle est intitulée "Ouragan (something farewell)". On est sur une île de type paradisiaque, il fait chaud, l'atmosphère est lourde, un ouragan menace. Deux filles sont en vacances, chez un type qui a eu une relation avec l'une des filles. Il ne se passe pas grand-chose, les filles vont à la plage, se demandent ce que le gars peut bien faire là, est-ce qu'il va vraiment rester, et pourquoi. L'intérêt de la nouvelle réside dans l'atmosphère.

Sonia présente une fille un peu barge. Dans La Fin de quelque chose, la narratrice parle de sa grand-mère. Etc.

Les nouvelles mettent souvent en scène quelqu'un qui est un tout petit peu en marge (ce peut être un "artiste", quelqu'un travaillant dans le milieu de l'art, ou bien quelqu'un qui se refuse à avoir une maison...), et ce quelqu'un qui présente une petite originalité superficielle, mais ne possède pas de vraie profondeur, est vue comme vivant dans notre monde banal. Personne n'a vraiment fait quelque chose de sa vie. Les plus chanceux vivotent, ou vivent un succès qu'on devine bien temporaire (par exemple l'artiste qui fait de l'art sur ordinateur).
Les gens font des trucs, mais ne savent pas trop pourquoi. Après une fête très tard le soir, un petit groupe va chez un metteur en scène. Pour quoi faire ? Comme ça. Une femme embrasse un artiste pas beau. Pourquoi ? "Plus par bravade que par solidarité, Marie se penche, prend la tête de l'artiste entre ses deux mains et l'embrasse sur la bouche. Il lui rend son baiser, évidemment." (page 221-222).
Plus globalement, les choses arrivent.
Quant aux vraies motivations, on ne sait pas, et on ne cherche pas à savoir. C'est comme ça. Sans doute parce que les gens sont un peu paumés, qu'ils veulent faire quelque chose de différent pour que quelque chose change de la veille et de l'avant-veille. Un malaise générationnel, peut-être (ou bien pour avoir quelque chose à écrire, diraient les mauvaises langues).

C'est un recueil reposant, qui se lit très vite.
Le style n'est pas mauvais, mais il est assez "blanc" (on ne relira pas des phrases en se disant : "wouah, c'est beau"), on n'aborde pas de grandes questions, on ne s'interrogera pas sur la psychologie des personnages : ils sont tous un peu paumés. Un peu, mais pas trop.


Il y a un petit parallèle à faire avec D'étranges jardins (par exemple), de Peter Stamm, sauf que chez Stamm, les gens n'ont même pas d'originalité, c'est le vrai quotidien, avec quand même l'impression qu'il y a autre chose que ce qui est simplement dit (chez Judith Hermann, l'"autre chose" semble être juste un désenchantement). C'est plus casse-gueule chez Peter Stamm, qui est moins centré sur une génération, et présente des gens moins "branchouilles".
Mais dans les deux cas, l'écriture est simple, et les ambitions affichées de ces textes ne sont pas démesurées.

Un recueil pas mauvais, qui tient la route grâce à son atmosphère (et pas pour sa psychologie, ni pour la profondeur de ses considérations), à lire au bon moment, après un solide chef-d'oeuvre, de même qu'après quelques bons repas copieux, une salade s'impose. Et cette salade là n'est pas mauvaise. Mais comme la plupart des livres qui tiennent grâce à l'atmosphère, il ne reste rapidement plus qu'une impression dans la mémoire du lecteur. C'est ce qui arrive lorsqu'il n'y a pas de personnages ou d'histoire forts.

Pour finir, publier ce texte dans une collection appelée "Grandes Traductions" peut sembler un peu excessif : j'ai du mal à imaginer les difficultés particulières de traduction de ce texte.
Et puis on trouve à deux reprises (page 109 et 225) : "en vélo" au lieu de "à vélo", c'est une faute de français, ça. Où sont les relecteurs d'antan ?

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