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GRILLPARZER Franz
(Vienne, 15/01/1791 - Vienne, 21/01/1872)


grillparzer

lithographie de Josef Kriehuber (1800-1876)

 

 

Grillparzer naît à Vienne en 1791. Son père, un avocat, meurt ruiné. Il était "fanatique de la vérité, défiant à l'égard de la poésie. [...].Sa mère, passionnée de musique, de santé instable et de tempérament très exalté, se suicida : lourde hérédité qui pesa sur l'esprit de son fils." (Dictionnaire des auteurs, Robert Laffont)
Grillparzer étudie le droit à l'université. Il devient fonctionnaire, tout d'abord au Ministère des Finances, et finit directeur des Archives impériales, carrière modeste qui fut pour lui une source d'amertume. Instable, tourmenté, "son unique refuge était la poésie".
Dans son oeuvre, il rencontre des problèmes avec la censure et la critique de l'époque. "Il ne fut pas un épigone de Schiller ou de Goethe : dans ses tragédies, ce n'est pas la liberté qui l'emporte sur la nécessité, mais l'inverse, signe distinctif de l'orientation réaliste et pessimiste de son art".
Il connaît tout d'abord le succès avec l'Aïeule (die Ahnfrau, 1817) et Sapho (1818). Mais il a moins de succès avec sa trilogie de la Toison d'Or (1818-1821).
Puis viennent Le Bonheur et la fin du roi Ottokar (König Ottokars Glück und Ende, 1825), Un fidèle serviteur de son maître (Ein treuer Diener seines Herrn, 1830), Les Vagues de la mer et de l'amour (Des Meeres und der Liebe Wellen, 1831)...
"La seule comédie de Grillparzer, Malheur à qui ment (Weh dem, der lügt !,1838), une des rares comédies du théâtre allemand, se heurta à l'incompréhension du public et de la critique et provoqua le retrait de son auteur de la compétition".
Il continue à écrire.
"Rendu amer par l'incompréhension du public et la pression incessante de la censure, le poète renonça relativement tôt à toute vie publique et dissimula ses oeuvres." (Dietrich Fischer-Dieskau, Les Lieder de Schubert, Diapason Robert-Laffont, page 168).
"Son livret Melusine, que Beethoven devait mettre en musique, le fut en définitive par Conradin Kreutzer." (Dictionnaire des Auteurs, Robert Laffont).

En 1827, il écrit l'oraison funèbre de Beethoven.
En 1828, c'est Schubert qui décède. Grillparzer avait particié aux Schubertiades.
Il propose plusieurs épitaphes, celle finalement retenue étant : "Die Tonkunst begrub hier einen reichen Besitz, aber noch viel schönere Hoffungen (L'art de la musique a enseveli ici de grands biens / Et aussi des espérances plus belles encore)" (Dietrich Fischer-Dieskau, Les Lieder de Schubert,Diapason Robert-Laffont, page 382).

"Il reste fiancé toute sa vie à son amour de jeunesse, Katharina Fröhlich, sans selon son propre aveu « avoir le courage du mariage ».
C'est un pessimiste inquiet, conscient de la vanité des actions humaines, du bonheur comme de la gloire. Une sorte de sagesse résignée lui fait accepter le monde comme il va, non sans une certaine misanthropie.
Ses mérites sont reconnus dans les dernières années de sa vie : il est ainsi nommé membre de l'Académie impériale en 1847, et citoyen d'honneur de la ville de Vienne en 1864.
Il meurt le 21 janvier 1872 à l'âge de 81 ans.
" (Wikipedia)

"Grillparzer, considéré comme le « grand classique du théâtre autrichien », est aussi l'auteur de deux récits qui comptent parmi les chefs-d'oeuvre de la littérature allemande : Le Monastère de Sendomir (Das Kloster bei Sendomir), publié en 1827, et Le Pauvre musicien qui paraît dans l'almanach Iris pour l'année 1848, en même temps qu'une nouvelle de Stifter, Prokop." (Erika Tunner, introduction au Pauvre Musicien, page 8).

Grillparzer apparaît dans les oeuvres d'autres écrivains, comme dans Le Monde selon Garp, de John Irving (dit Wikipedia ; je n'ai pas lu ce roman).

 

le pauvre musicien
En couverture : un autoportrait de Grillparzer, dessin à la plume, vers 1820.


Le Pauvre Musicien
(Des arme Spielmann, 1848). Traduit par Jacques Lajarrige. Précédé d'une présentation par Erika Tunner : L'Ultime Défi. Editions Jacqueline Chambon, 89 pages.

Ce texte a été écrit après l'échec de la comédie Malheur à qui ment (1838).

"Disparaître. Pour Kafka, c'est le sort du récit tout entier. Un récit qui peu à peu se désagrège et qui finit par sombrer, par « se noyer ». Mais, demande Kafka, y a-t-il plus beau destin pour un récit que de disparaître de la sorte ? Le Pauvre Musicien de Grillparzer est une oeuvre qu'il admire profondément. Dans un mouvement qui n'a rien de paradoxal il avoue en avoir honte puisque c'est comme s'il l'avait écrit lui-même. [..]
Primitivement, Grillparzer avait songé à écrire un roman autobiographique." (extrait de l'introduction d'Erika Tunner).

Le texte commence ainsi :
"A Vienne, le dimanche qui suit la pleine lune du mois de juillet de chaque année, ainsi que le jour d'après, est un véritable jour de fête, si tant est qu'une fête ait jamais mérité ce nom. Le peuple en est le visiteur et l'acteur tout en un ; et si des gens du monde s'y rendent, ce ne peut être qu'en leur qualité de membre du peuple. Il n'y a là aucune possibilité de se distinguer ; du moins en était-il ainsi il y a quelques années encore.[...]
Longtemps attendue, la fête saturnale finit par arriver.Alors la bonne et paisible ville est saisie par le tumulte. Une marée humaine emplit les rues. Bruits de pas, murmures de gens en train de converser que vient traverser ici ou là une exclamation bruyante. Les différences sociales ont disparu ; civils et soldats se côtoient dans ce mouvement.
" (page 21-22).

C'est une marée humaine. Sur le chemin vers la fête, alors qu'il est difficile de se frayer un passage, "des musiciens isolés s'étaient installés sur la gauche du talus de la chaussée surélevée, lesquels, craignant vraisemblablement une trop grosse concurrence, voulaient récolter ici, aux propylées de la kermesse, les prémices d'une générosité qui n'avait pas encore été mise à contribution." (page 26).

Un vieil homme attire l'attention du narrateur.
"Nu-tête et chauve, il était là debout à la manière des gens de son espèce, le chapeau posé devant lui sur le sol en guise de sébile, et il raclait un vieux violon fendillé en maints endroits, marquant la mesure non seulement en levant et en abaissant le pied, mais en l'accompagnant d'un mouvement concordant de tout son corps ployé. Mais tous ses efforts restaient vains, car ce qu'il jouait ne semblait qu'une suite incohérente de sons sans mesure ni mélodie." (page 27).
Les gens se moquent de lui, mais le vieil homme, imperturbable, continue à jouer ce qu'il dit être les chefs-d'oeuvre des grands maîtres. Il semble avoir une certaine culture, comme en témoignent quelques mots de latin qu'il dit à un moment.

Qui est cet homme étrange, qui a une haute idée de la Musique mais ne semble pas se rendre compte que les sons qui sortent de son violon ne ressemblent que de très loin aux oeuvres qu'il pense jouer ? Il est trop naïf, c'est un inadapté social qui ne vit pas complètement dans notre monde.
Il va raconter sa vie au narrateur.
"La vie de Jakob, le pauvre musicien, n'est qu'attente et non pas accomplissement.", écrit Erika Tunner vers la fin de son introduction, dans laquelle elle dresse des parallèles avec le Henri d'Ofterdingen de Novalis et la pièce La Force de l'habitude de Thomas Bernhardt.

"Cette nouvelle, typiquement viennoise par ses personnages et son atmosphère, fut qualifiée de chef-d'oeuvre par Adalbert Stifter ; le personnage du violoniste jouant dans un café de Vienne, gauche et pourtant distingué d'allure, est saisi avec une rare pénétration psychologique." (Dictionnaire des oeuvres, Robert Laffont).


C'est un bon texte.
On peut le lire en ligne (en Allemand) sur http://gutenberg.spiegel.de/buch/1529/1




Quelques poèmes de Grillparzer ont été mis en musique par Schubert.
"Schubert ne parvint jamais à établir de contacts véritables avec Grillparzer, sans doute parce qu'il sentait que le poète appartenait de trop près au cercle de Beethoven. Ces faits expliquent aussi pourquoi il ne mit de lui en musique que trois fort mauvais poèmes, bien que de très nombreux poètes autrichiens soient représentés dans l'oeuvre de Schubert. Peut-être n'a-t-il pas compris combien, en vérité, Grillparzer réfléchissait sur l'époque dans laquelle il vivait. On peut difficilement s'imaginer qu'ils ne fussent pas devenus amis, s'ils avaient pu avoir un véritable échange intellectuel." (Dietrich Fischer-Dieskau, Les Lieder de Schubert, Diapason Robert-Laffont, page 168).

Ecoutons un lied de Schubert d'après Grillparzer, le très beau et très connu Ständchen, Zögernd leise, D 920, opus posthume 135 (dont on pourra trouver une traduction en français sur : http://www.lieder.net/lieder/get_text.html?TextId=57795 ) :

 

 

 

 

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