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Marc Levy

(16/10/1961 - )

marc levy


"Marc Levy entre à dix-huit ans à la Croix-Rouge, tout d’abord comme secouriste, et y reste six ans en poursuivant des études de gestion et d’informatique à l’université Paris-Dauphine.

En 1983, il crée sa première entreprise avec deux associés (Mickael Bendavid et Xavier Poncin), Logitec, basée au départ dans les locaux du quai Voltaire à Paris puis à Boulogne-Billancourt (à ne pas confondre avec Logitech), spécialisée dans l'importation de périphériques de sauvegarde de données pour PC.

En 1988, il ouvre une unité chargée de développer une carte de traitement d'images à Sophia Antipolis avec les ingénieurs de la société américaine Spectrum Holobyte. Le projet échoue, ce qui aboutit en 1989 à la perte de contrôle de la société, qui déposera le bilan quelques mois plus tard.

Repartant de zéro, à 29 ans, il fonde avec son beau-frère (le frère de sa première femme) un cabinet d’architecture de bureau, Eurythmic Cloiselec.

En 2000, après l'immense succès de son premier roman Et si c'était vrai aux Éditions Robert Laffont, Marc Levy démissionne à 38 ans de son cabinet d'architecture et part habiter à Londres pour se consacrer exclusivement à l'écriture. L'ouvrage est traduit dans une quarantaine de langues, publié dans 32 pays et se vend à 5 millions d'exemplaires, restant classé durant deux ans sur les listes de meilleures ventes. DreamWorks SKG en acquiert les droits d'adaptation cinématographique. Le film, intitulé en langue originale Just Like Heaven, réalisé par Mark Waters, interprété par Reese Witherspoon et Mark Ruffalo, se classe premier du box-office américain lors de sa sortie en 2005.
" (Wikipedia)

 


où es-tu
Dessin de couverture (c) Mylène Farmer

- Où es-tu ? (2001) Pocket. 312 pages.
Il s'agit du deuxième roman de l'auteur, après le succès interplanétaire de Et si c'était vrai... (que je n'ai pas lu ; le film qui en a été tiré n'est vraiment pas bon).
A force de voir des gens lire des bouquins de Marc Levy, à force de les voir placés en tête des ventes, il vient un moment où on se dit "Pourquoi pas moi ?" (ce sera peut-être un prochain titre de Marc Levy).
Bien sûr, on ne peut pas aborder la lecture de cet auteur sans avoir en tête à ce qu'on a pu lire sur son oeuvre (par exemple dans le Précis de Littérature du XXI° siècle de Jourde et Naulleau).

Mais essayons de garder l'esprit ouvert. Et puis, trouver des qualités à un livre de Marc Levy, ne serait-ce pas le comble du chic ?

Le livre commence ainsi : "Il est né le 14 septembre 1974 à 8 heures du matin par 15° 30' de latitude nord et 65° de longitude ouest, ce qui situait son berceau sur une petite île au large des côtes honduriennes. Personne n'avait prêté attention à cette naissance, la 734° inscrite sur le registre." (page 13).
Il s'agit d'un ouragan (l'ouragan Fifi). Comme on le voit, Levy cherche à ancrer son récit dans le réel, en (ab)usant de précisions.

Le lecteur sent qu'un drame va survenir (heureusement, sinon il n'y aurait pas d'histoire).
Mais, après cette introduction, la scène change, nous sommes maintenant à l'aéroport de Newark (New York, c'est plus chic que Paris ; à part ça, il n'y a aucune "nécessité" autre que commerciale). Notre héroïne sort d'un taxi. Elle "s'engage d'un pas déterminé dans le couloir". Plus loin des hommes "sirotent leurs bières". On est dans les lieux communs, mais on ne s'attendait pas non plus à trouver un style original.

Notre héroïne, Susan, retrouve un jeune homme (notre héros) et "ébouriffe tendrement" ses cheveux. Les clichés succèdent au clichés.
Conversation :
"- Je t'ai fait attendre ? demande-t-elle.
- Non, tu es presque à l'heure, c'est maintenant que tu vas me faire attendre.
- Tu es là depuis longtemps ?
- Je n'en ai pas la moindre idée. Qu'est-ce que tu es jolie ! Assieds-toi.
Elle sourit et regarde sa montre.
- Je décolle dans une heure.
- Je vais tout faire pour que tu le rates, pour que tu ne le prennes jamais !
- Alors je décolle d'ici dans deux minutes ! dit-elle en s'asseyant.
" (page 17).
Ces dialogues bébêtes, ça fait rire (un moment... au bout de cinquante pages, c'est plus dur).
On a donc un type qui va à l'aéroport pour dire adieu à sa copine adorée qui s'en va pour longtemps, et lui n'a pas la moindre idée de son heure d'arrivée, il ne sait pas depuis combien de temps il l'attend... est-ce idiot, ou bien de l'humour ?

En attendant l'avion, nos deux tourtereaux regardent les photos souvenirs que notre héros a apportées (c'est émouvant, bien sûr).
Notre héroïne veut "aller au bout de ses rêves" en aidant les autres (dans le même genre, de son côté, Philip devra "ouvrir son coeur à l'inconnu", nous précise la quatrième de couverture, ce qui n'est bien sûr par notre lot à tous). Comme il n'y a évidemment personne à aider aux Etats-Unis, pays prospère et sans pauvreté, elle part au Honduras pour deux ans.
"À quelques milliers de killomètres de New York elle passera de l'autre côté du miroir du monde." (page 20). On ne sait pas trop ce que c'est que ce miroir du monde (l'équateur ? mais le Honduras est situé dans l'hémisphère nord...). Mais bon, notre ami Marc tente de faire de la littérature, on ne va pas trop critiquer.

Bientôt, ce sont les adieux.
"Philip posa sa main sur celle de Susan, la retourna et en caressa la paume.
- Tu vas tellement me manquer, Susan.
- Toi aussi... drôlement tu sais !
- Je suis fier de toi, même si je te déteste de me planter ici comme ça.
- Arrête-toi là, on s'est promis qu'il n'y aurait pas de larmes.
- Ne demande pas l'impossible !
" (page 22).

C'est drôlement cruche.

Philip va intégrer une école des beaux-arts avec pour objectif, après, de "tenter de faire carrière dans une grande agence de publicité" (page 23). Il a de l'ambition, Philip.

Mais pourra-t-il y parvenir ? Le lecteur doute. Philip a encore de sérieux problèmes de mémoire. Déjà qu'il ne savait pas depuis combien de temps il était à l'aéroport, le voici maintenant qui demande :
"- Susan, tu vas rester combien de temps là-bas ?" (page 29).
Mais, le pauvre, ce n'est pas de sa faute si l'auteur lui impose des dialogues stupides. Les personnages de roman devraient se syndiquer pour défendre leurs droits à de bons dialogues.

Nos deux tourtereaux vont s'envoyer de tendres lettres, chacun dans son monde (c'est tellement beau et subtil, cette opposition entre celle qui se dévoue et celui qui s'intègre dans le système capitaliste...)
Susan n'y sera pas allée pour rien, les ouragans font des ravages, des destructions et des morts ! Chouette ! Quelle magnifique occasion de se rendre utile, de se sacrifier ! (il faut bien sûr que ce soit une Américaine qui fasse le boulot, les gens là-bas n'en auraient pas été capables...)
Susan vit au milieu de "gens démunis de tout". Mais ces gens sont tellement reconnaissants du travail de Susan, c'est très émouvant.

Justement, en quoi consiste ce travail, me demandera-t-on ? Eh bien, il y a des caisses contenant de l'aide alimentaire ou autre, et Susan décharge les caisses, ou bien dit aux autres de les mettre ici ou là. Elle établit des budgets, aussi.
Pour une raison obscure, elle est essentielle. Personne d'autre ne saurait faire son travail. Mais pourquoi donc ? Mystère. Sans doute parce qu'elle est l'Héroïne, et que son devoir est de se dévouer pour les autres. Elle va jusqu'à ne pas vouloir que d'autres marchent sur ses plates-bandes. C'est à elle de se dévouer, pas aux autres, non mais !

"Dieu que ce peuple est beau dans sa détresse." (page 40). C'est ce que notre héroïne écrit. Ça fait peur.

Autre passage émouvant :
"- Dans quelle église faudrait-il aller prier pour que cesse la souffrance des enfants et, s'ils meurent, alors qui sont les innocents sur cette planète de fous ?" (page 102).
On notera que la souffrance des adultes, on s'en fout totalement. Normal : un enfant qui souffre, c'est quand même plus émouvant qu'un adulte. Un adulte, c'est coupable (mais de quoi ?) alors qu'un enfant 'est évidemment innocent (mais il est un futur coupable, quand même, il ne faut pas l'oublier... dans ce cas, faudrait-il appliquer le principe de précaution et ne pas le sauver ? eh oui, c'est très bête). Mais, immédiatement après :
"Alvarez se releva d'un bond et toisa Susan. D'une voix féroce et impitoyable il lui dit que Dieu ne pouvait pas être partout, qu'il ne pouvait pas sauver tout le monde." (page 102).
Ah, qu'il est beau de voir une Américaine douter qui se fait rabrouer par un représentant de ce peuple si beau dans la détresse !

Du côté de Philip, tout marche bien. Il concourt pour une campagne de presse de Ralph Lauren, c'est dire.

A un moment de ma lecture, spontanément, j'ai pensé : "aaah, ce que les acteurs jouent mal". Mais non, je n'étais pas devant un mauvais téléfilm, mais bien face à de très mauvais dialogues. Quand Marc Levy veut faire dire des trucs profonds à ses personnages, on a :
"Parce que l'humilité c'est de croire aussi en sa propre vie." (page 262).
Ou encore : " - À quoi ça sert, l'enfance ?
[...]
C'est l'impatience qui tue l'enfance.
" (pages 202-203)
On pourrait multiplier les exemples niaiseux à l'infini.

Marc Levy va jusqu'au bout de la couleur locale, même aux Etats-Unis... A un moment, dans le texte, on a un "7 a.m." accompagné d'une note en bas de page, pour que le lecteur, évidemment perdu, puisse comprendre qu'il s'agit de "7 heures du matin" (page 289). Comme dans toutes les notices de montres ou réveils. Pourquoi n'est-ce pas traduit en français - contrairement à toutes les lettres et dialogues, finalement -, ça, mystère.


Pour résumer : le style n'est pas bon (et je suis gentil), les personnages sont tous d'épouvantables clichés.
Et l'histoire ? Elle est vraiment médiocre. Il ne se passe finalement pas grand-chose. Il y a un peu de drame, bien sûr, mais tant de passages tellement bébêtes et tellement longs... Que de dialogues interminables et de sentimentalisme à bon marché...

Pourquoi un tel succès, alors ? Sans doute à cause du sentimentalisme mièvre et des gros bons sentiments nappés d'un coulis larmoyant. Je ne vois pas d'autre "qualité". Ça fait bien peu.

Navrant.

Les amateurs de ce genre pourront prolonger leur bonheur avec deux auteurs japonais : Katayama Kyoichi et Ichikawa Takuji.
Les autres pourront les éviter.

A noter que, pour une analyse plus approfondie de certains passages du livre, on pourra se référer au Précis de littérature du XXI° siècle, de Jourde & Naulleau).



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