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José Zorilla
(Valladolid, 21/02/1817 - Madrid, 23/01/1893)


jose zorilla

 

Il "est un écrivain et poète ainsi que l'un des principaux dramaturges espagnols du XIXè siècle." (source Wikipedia).

Au lieu d'aller faire des études de droit à Tolède, il s'enfuit et va à Madrid pour écrire, entrant ainsi en conflit avec son père, homme très rigide et superintendant de la Police. Il écrit de la poésie, se marie avec une veuve beaucoup plus âgée que lui et débute une carrière dramatique. Son plus grand succès est Don Juan Tenorio (1844). Il se sépare de sa femme, vit à Londres et à Mexico où il est nommé directeur du futur théâtre national par l'Empereur Maximilien. Puis, sa femme étant décédée, il retourne en Espagne. Pendant ce temps, Maximilien de Habsbourg est fusillé...
Il voyage, se remarie.
Il est reçu à l'Acamédie royale des lettres, obtient une pension du gouvernement. Tout au long de sa vie, il aura eu des difficultés financières. (informations essentiellement tirées du Dictionnaire des Oeuvres dans la collection Bouquins).

"L'extraordinaire popularité, dans le monde hispanique, de Don Juan Tenorio, dont on connaît par coeur beaucoup de tirades ou de répliques, l'abondance excessive d'une oeuvre fort inégale, les facilités de langage que Zorrilla se permet trop souvent, son idéologie réactionnaire et son catholicisme intransigeant, tout cela n'a pas manqué de desservir le prestige d'un écrivain doué pourtant d'un immense talent. Sa qualité majeure tient sans doute à cette faculté, qu'il eut de façon éminente : l'intuition aiguë, et comme douloureuse, du mystère des choses et des êtres, qui fait de lui l'un des plus remarquables représentants du romantisme en Espagne." (Bernard Sesé, postface à Don Juan Tenorio, pages 298-299)


don juan

- Don Juan Tenorio (Don Juan Tenorio, 1844). Traduit et présenté par Bernard Sesé. Collection Romantique n°67. José Corti. 305 pages. Il s'agit de la première traduction en français.

"Le drame intitulé Don Juan Tenozio, De José Zorilla (1817-1893) jouit, en Espagne, d'une renommée exceptionnelle. On a coutume de le représenter chaque année, au mois de novembre, à l'occasion de la Fête des Morts." (préface de Bernard Sesé, page 7). Avant la sienne, c'était une autre pièce d'un certain Antonio de Zamora (1665 -1727) qui était jouée, intitulée Il n'est délai qui n'ait son terme ni dette qui ne se paie et le Convive de Pierre.
Apparemment (c'est-à-dire : s'il faut en croire l'auteur) Zorilla ne connaissait pas, lorsqu'il écrivit Don Juan Tenorio, la pièce de Molière ni le livret de Da Ponte. Outre la pièce de Zamora, Zorrilla s'est inspiré de l'Abuseur de Séville et le Convive de Pierre (pièce attribuée à Tirso de Molina et antérieure à 1620). Mais il semblerait que sa source d'inspiration principale soit une oeuvre de Dumas Père : Don Juan de Marana ou la chute d'un ange (1836).

"On a mis en lumière ce que Don Juan Tenorio doit à ses prédécesseurs romantiques, mais aussi ce qui l'en distingue, notamment son égoïsme forcené, son arrogance, le sens aigu de sa valeur, de son courage et de son rang aristocratique, son art de mentir, de se jouer des autres, sa malignité, sa perversité, bref son caractère proprement diabolique. [...]
Don Juan est un être fondamentalement théâtral ; par nature, ses agissements doivent être spectaculaires ; Don Juan exige de se donner à voir, pour compenser, peut-être, l'incertitude de son être.
" (pages 36-37).
L'écrivain et critique littéraire Francisco Ruiz Ramón a écrit : "Dans la longue chaîne des interprétations du mythe de Don Juan, celle de Zorrilla n'est pas la plus originale ni la plus suggestive. Par contre, elle est la plus théâtrale." (page 38).

Concernant les vers, la variété de leur forme, le caractère normalement mémorable de certains, comme tout ou presque ce qui est écrit en vers dans une langue, le rendu en français n'est pas aussi marquant. C'est inévitable.

Au début de la pièce, nous sommes dans un lieu mal famé : une hôtellerie. Don José porte un masque. Il est assis à une table et il écrit. Plusieurs hommes entrent, les uns après les autres, en demandant à l'hôtelier de les placer de sorte de pouvoir bien observer ce qui va peut-être se passer. Car quelque chose se trame, manifestement. Une table est prête, avec deux bouteilles. Et, à une heure convenue, deux hommes se retrouvent à cette table : Don Juan et Don Luis. De nombreuses personnes prennent alors place autour d'eux, tandis qu'ils sont tous observés par deux hommes masqués.

Texte original
Texte français

"DON JUAN
¿Estamos listos?

DON LUIS
Estamos.

DON JUAN
Como quien somos cumplimos.

DON LUIS
Veamos, pues, lo que hicimos.

DON JUAN
Bebamos antes.

DON LUIS
Bebamos. (Lo hacen.)

DON JUAN
La apuesta fue...

DON LUIS
Porque un día
dije que en España entera
no habría nadie que hiciera
lo que hiciera Luis Mejía.

DON JUAN
Y siendo contradictorio
al vuestro mi parecer,
yo os dije: "Nadie ha de hacer
lo que hará don Juan Tenorio".
No es así?

DON LUIS
Sin duda alguna :
y vinimos a apostar
quién de ambos sabría obrar
peor, con mejor fortuna,
en el término de un año,
juntándonos aquí hoy
a probarlo.

"DON JUAN
Sommes-nous prêts ?

DON LUIS
                                   Oui, nous le sommes.

DON JUAN
En gentilshommes que nous sommes
Nous avons donc tenu parole.

DON LUIS
Disons, alors, ce que nous fîmes.

DON JUAN
Buvons d'abord.

DON LUIS
Levons nos verres.
(Ils boivent)

DON JUAN
La raison du pari...

DON LUIS
                     Fut qu'un
Jour j'avais déclaré que dans l'Espagne entière personne
Ne serait capable de faire
Ce que ferait Luis Mejía.

DON JUAN
Moi, étant d'opinion contraire
Après votre proclamation,
Je vous ai dit : Nul ne peut faire
Ce que fera Juan Tenorio
N'est-il pas vrai ?

DON LUIS
               Sans aucun doute ;
Nous en vînmes donc à parier
Qui de nous deux saurait le mieux
Se conduire mal en ayant,
Dans le délai d'un an, le plus
De chance.
Réunis ici,
Nous devons en donner la preuve."
(Acte I, scène XII, pages 86-87).

 




Don Juan et Don Luis narrent à grands traits quelle fut leur vie au cours de l'année écoulée, après quoi ils passent au décompte : morts, conquêtes...
Don Juan l'emporte (on s'en doutait). Don Luis est dépité. Tout ceci débouche sur un nouveau pari à très brève échéance et qui touche personnellement Don Luis...

La première partie de la pièce comporte quatre actes (la deuxième partie, beaucoup plus courte, a trois actes) et se déroule en une seule nuit. Mais que d'action et de rebondissements en ces quelques heures !
C'est ce qu'explicite une note : "Zorrilla critiquait lui-même l'invraisemblable temporalité de l'action dramatique : “ Ces heures de deux cents minutes sont exclusivement propres à l'horloge de mon don Juan ” " (page 290).
Don Juan est charmeur, mais c'est une vraie crapule, prête à tous les coups fourrés pour gagner son pari. Mensonges, manipulations, assassinats... Il ose tout, sans hésitation. Il est parfois diabolique. Il est difficile de savoir si, par moment, il est sincère ou s'il cherche seulement à se sortir d'une situation délicate...


Don Juan Tenorio est une bonne pièce rythmée et contrastée, dont l'efficacité doit être encore plus forte sur scène.

 


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