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PINOL Albert Sanchez
(Barcelone, 1965 - )

 

Né à Barcelone en 1965, il est anthropologue de formation.


La Peau froide (2002, roman traduit du catalan en 2004 par Marianne Million ; Babel). 260 pages.

"En de certaines occasions, on négocie son avenir avec le passé. On s'assied sur un rocher à l'écart et on s'efforce d'établir un pacte entre ce qui fut, de lourds échecs, et ce qui reste encore à venir, authentique obscurité. En ce sens je pensais que l'addition de temps, de réflexion et d'éloignement ferait des miracles. C'était la seule raison de ma présence sur l'île." (page 23).

Et voilà notre héros, un Irlandais déçu des querelles de personnes, des intérêts particuliers qui ruinent la révolution irlandaise, qui arrive sur un îlot perdu pour effectuer un travail de relevé géographique, et d'expériences diverses. Il doit rester un an sur cette île "internationale", perdue quelque part loin dans l'Atlantique Sud. Toute petite île. Sur la carte : "elle était si petite que les limites de la latitude et de la longitude la dissimulaient sous l'intersection de l'encre" (page 39).

"Je restai un long moment encore sur la plage. [...] Le sable avait un aspect de cendre d'encens, gris et compressé. De petits trous ronds découvraient des cachettes de crustacés. Broyées par les récifs, les vagues arrivaient à demi-mortes ; une fine pellicule d'écume blanche désignait la limite entre la mer et la terre. Le ressac avait planté sur la côte des dizaines de troncs nets et polis.[...] Les marées les avaient travaillés avec une rigueur d'artiste, et on pouvait y admirer des sculptures d'une rare beauté labyrinthique." (page 22).

Et voilà, le bateau qui l'a amené est reparti, le laissant sur son île, avec pour seule compagnie un gars étrange, pas bavard, qui habite le phare. Mais où diable est passé le prédécesseur de notre héros, qui s'est volatilisé ? A-t-il eu un accident ? Saperlipopette, que tout ceci est mystérieux !

Voici que la nuit tombe, et notre héros regagne la maison laissée dans un triste état par son prédécesseur. Mais que se passe-t-il/qu'est-ce qui se passe, le phare balaye de son oeil lumineux des tranches d'obscurité bien basses... et des êtres étranges tentent d'entrer dans la maison, des bras tout froids, beurk !
Il faut se protéger, et hop, notre héros qui sort son flingue, les cartouches gentiment laissées par le capitaine du bateau. Et même, pour se protéger, notre héros brûle des livres : Marx, Aristote, Rilke, Stevenson, Laforgue, Saint-Simon... (le feu, ça fait peur aux méchantes bêtes, c'est bien connu ; au moins, il cite de vrais auteurs, contrairement à Amélie Nothomb dans Les Combustibles)
"Je souris pour la première fois depuis le début du drame, parce que, tandis que je constituais les piles, tandis que je les arrosais de pétrole et pratiquais une rigole pour les relier au futur bûcher, tandis que j'effectuais ces opérations, je découvris qu'une seule vie, en l'occurrence la mienne, avait davantage de valeur que les oeuvres de tous les génies, philosophes et lettrés de l"humanité entière." (page 53).

Diantre, ce que cela se veut profond. Il oublie juste que ces livres ne sont pas en exemplaire unique, alors que lui, oui. Ça peut faire la différence. Il sait bien qu'il pourra se replonger avec délectation dans Marx une fois revenu dans la Civilisation. Et puis l'instinct de survie... Mais ne tirons pas trop vite sur l'ambulance, il faut conserver des cartouches.

Alors, ensuite, ce n'est pas aussi banal qu'un gros film style The Descent, c'est un peu mieux. Mais ça ne casse pas des briques. Pour qu'on comprenne bien qu'il s'agit ici de Littérature, l'occupant du phare, un Allemand, s'exprime parfois avec un imparfait du subjonctif risible, hors de propos. Pour bien montrer que ça se passe à une autre époque, au cas où le lecteur l'aurait oublié ?

Le livre n'est pas nul, l'histoire est juste limite banale, enrobée avec de la pseudo philosophie pas bien profonde, des considérations diverses sur la vie qui n'est pas toujours ce qu'on croit, pas toujours ce qu'on anticipe, etc. Bref, la vie, quoi. Quelle découverte.

Mais les méchants qui attaquent notre héros pour le boulotter sont-ils vraiment si méchants ? N'est-ce pas un malentendu culturel ? (sans déc[censuré]... on se croirait dans Mars Attacks, il ne faut vraiment pas avoir le sens du ridicule). Ah la la...

Ce roman n'est pas mal écrit (ou pas mal traduit), comparé à des centaines de livres de fantastique/SF qui sont, eux, largement plus intéressants, tant dans le domaine de l'histoire que des idées.

Vous n'avez jamais lu de SF de votre vie ? Vous croyez ne pas aimer le fantastique ?

Ce livre est fait pour vous. C'est du fantastique tiède, inoffensif, écrit par un écrivain astucieux qui a bien calculé son coup.

Il a eu raison : "véritable événement éditorial (dixit la quatrième de couv' - mais faut-il la croire ?), La Peau froide a reçu le prix Ojo Critico de Narrativa 2003 et a été traduit dans une vingtaine de langues."

Eh bé.

Ah, belle couverture - peinture de Leonor Fini.


Autre roman :
- Pandore au Congo




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