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CELA Camilo José
(Pardon, Galice, 11/05/1916 - Madrid, 17/01/2002)

camilo josé cela



Après des études de droit, Cela combattit du côté de Franco pendant la Guerre civile. Il fut blessé.

"Postérieurement il rejette la dictature de Franco et il maintient une attitude indépendante et provocatrice envers le régime." (wikipedia)
Il occupa différents emplois de bureau, notamment censeur, ce qui lui sera reproché. Il se marie en 1946.
Son premier roman, La famille de Pascal Duarte, paraît en 1942. Son goût pour l'horrible est déjà bien visible.

Plus tard, plusieurs de ses oeuvres ne pourront pas sortir en Espagne, pour cause d'immoralité. Son attitude face au gouvernement franquiste est ambiguë.
La Ruche, qui paraît en 1951, comporte plus de trois cents personnages. Cristo versus Arizona (1988) raconte le duel à OK Corral en une seule phrase de plus de cent pages : son oeuvre devient de plus en plus expérimentale.

1989 : il obtient le Prix Nobel de littérature
1995 : Prix Cervantes.

Il aimait bien choquer ; il a publié un dictionnaire de l'argot et des mots tabous.

la famille de pascal duarte


La Famille de Pascal Duarte (1942 ; roman traduit par Jean Viet ; Points). 145 pages.

Ce roman se veut les mémoires vraies d'un condamné à mort, Pascal Duarte, marqué par la fatalité, comme une mauvaise étoile qui le poursuit.
Tout d'abord, nous avons une "Note du transcripteur" qui explique dans quelles circonstances il est entré en possession des mémoires de Pascal Duarte.
"Le personnage, selon moi, et cela seul me porte à le faire connaître, est un modèle ; un modèle qu'il ne faut pas imiter, mais fuir, qui ne permet pas le doute, mais force à dire : « Tu vois ce qu'il fait ? Eh bien ! c'est le contraire de ce qu'il devrait. »" (pages 9-10).
Puis on trouve une lettre de Pascal Duarte qui accompagne l'original du texte.
Vient alors la dédicace des mémoires : "A la mémoire de l'insigne seigneur don Jésus Gonzalez de la Riva, compte de Torrmejia, qui, sur le point d'être frappé à mort par l'auteur de cet écrit, l'appelait Pascalillo et lui souriait." (page 16).

"Moi, monsieur, je ne suis pas méchant et pourtant j'ai mes raisons pour cela. […] Je suis né voilà bien des années – cinquante-cinq pour le moins – dans un village perdu de la province de Badajoz. Il était accroupi à quelque deux lieux d'Almendralejo, sur une route monotone et longue comme un jour sans pain, monotone et longue comme les jours – dont, pour votre bien, vous ne pouvez même imaginer la longueur ni la monotonie – d'un condamné à mort…" (page 17).
Comme pour le Quichotte, nous ne saurons pas exactement où se trouve le village…

La maison familiale, elle, est à l'écart du village.

Pascal aimait aller à la chasse avec sa chienne. A un croisement, elle avait l'habitude de l'attendre. Lui, Pascal, s'asseyait sur une pierre ronde et fumait. "La petite chienne s'asseyait en face de moi sur ses pattes de derrière et me regardait, la tête inclinée sur l'épaule, de ses petits yeux marron très éveillés ; je lui parlais et, comme pour entendre mieux, elle dressait un peu les oreilles ; si je me taisais, elle en profitait pour courir après les sauterelles ou simplement pour changer de posture. Il me fallait toujours en m'en allant, sans savoir pourquoi, tourner la tête vers la pierre, comme pour lui dire au revoir et, un jour, elle dut paraître si triste de mon départ qu'il me fallut revenir sur mes pas et m'asseoir de nouveau… La chienne revint se camper devant moi et me regarda ; je sais maintenant qu'elle avait le regard des confesseurs, scrutateur et froid, comme l'est, paraît-il, le regard des lynx. Un frisson parcourut tout mon corps ; on aurait dit qu'un courant voulait me sortir par les bras. Ma cigarette s'était éteinte ; le fusil à un coup se laissait caresser, lentement, entre mes jambes. La chienne me regardait toujours de ses yeux fixes, comme si elle ne m'avait jamais vu, comme si d'un moment à l'autre elle allait m'accuser ; son regard me brûlait le sang dans les veines et je voyais venir le moment où je devrais m'avouer vaincu ; il faisait chaud, une chaleur épouvantable, et mes yeux se fermaient, dominés par le regard, perçant comme un clou, de l'animal… Je pris le fusil et tirai ; je rechargeai et tirai une seconde fois. La chienne avait un sang noir et visqueux, qui s'étendait peu à peu sur la terre." (pages 23-24)
Plus tard, on comprendra un peu mieux son comportement (il faudra repenser à ce passage, bien sûr).

"De mon enfance, je ne garde pas précisément de bons souvenirs." (page 25). Père violent, mère alcoolique.
Dit ainsi, on pourrait s'attendre au pire, littérairement parlant, mais il n'en est rien. C'est plus subtil, les relations entre les parents ne sont pas aussi schématiques.
"Tout petit, à cet âge où la volonté de l'homme est la plus maniable, on m'envoya quelque temps à l'école ; la lutte pour la vie, disait mon père, était très rude et il fallait se préparer à l'aborder avec les seules armes capables de nous faire triompher, les armes de l'intelligence. Il me disait tout cela d'un trait, comme de mémoire, et sa voix me semblait alors se voiler et prendre des nuances que je ne lui connaissais pas…" (page 28). Il n'y restera pas longtemps. "Quand je quittai l'école, j'avais douze ans ; mais n'allons pas si vite, car chaque chose doit venir en son temps et se lever tôt n'amène pas le jour." (page 29). Pascal use souvent de proverbes.
Il a bientôt une petite sœur et un petit frère… mais il suffit pour l'histoire.

Parfois, ses mémoires s'interrompent. Pascal précise qu'il s'est écoulé du temps.
"Ce nouvel endroit où l'on m'a conduit est meilleur ; par la fenêtre, on voit un petit jardin, entretenu et poli comme un salon ; au-delà, vers la montagne, s'étend la plaine, brune comme la peau des hommes, où passent, parfois, des files de mules qui vont au Portugal, des petits ânes qui vont vers les cabanes, des femmes et des enfants qui vont seulement jusqu'au puits…" (page 53).

Un livre court, très bien écrit, mais sans frime stylistique.
On pense bien sûr un peu à l'Etranger, de Camus (publié la même année, en 1942), mais La Famille de Pascal Duarte est en vérité très différent. C'est faux qu'il ne ressent rien lorsqu'il tue, Pascal. Il regrette, mais il sait que les regrets ne servent à rien. Il est impulsif.

Un chef-d'œuvre.

Wikipedia précise : "C'est la deuxième œuvre littéraire espagnole la plus traduite au monde après Don Quichotte."



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