Livre.gif (217 octets) Littérature Anglo-saxonne Livre.gif (217 octets)



-
dictées
-
littérature
- listes
- liens recommandés


Papillon.gif (252 octets)

-> retour
Littérature anglo-saxonne
<-


Autre littérature :

Littérature japonaise

retour
page d'accueil

 


Kurt Vonnegut Jr
(Indianapolis, 11/11/1922 - New York, 11/04/2007)

 kurt vonnegut


"Né de parents d'origine allemande (troisième génération), il fait ses études à la Shortridge High School d'Indianapolis. Là, il écrit pour le premier quotidien scolaire "The Daily Echo". Il fréquente un temps la Butler University mais la quitte quand un professeur lui dit que ses histoires ne sont pas à la hauteur. De 1941 à 1942, il suit les cours de biochimie de l'université Cornell, tout en collaborant au journal étudiant le Cornell Daily Sun (la seule occupation intéressante de cette période selon lui), et il s'affilie, comme son père avant lui, à la Delta Upsilon Fraternity. Puis il entre au Carnegie Institute of Technology (devenu l'université Carnegie-Mellon) en 1943.
Engagé dans l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, il participe à l'offensive des Ardennes et est fait prisonnier de guerre à Dresde.
Le 14 mai 1944, jour de la Fête des mères, sa mère, Edith Lieber Vonnegut, se suicide.

Les moments vécus comme soldat et prisonnier de guerre ont influencé son œuvre.
Le 14 décembre 1944, durant la bataille des Ardennes, le soldat Vonnegut de la 106e division d'infanterie américaine, se retrouve isolé et, après quelques jours d'errance solitaire derrière les lignes ennemies, est fait prisonnier par l'armée allemande.

En février 1945, le prisonnier de guerre Vonnegut est à Dresde et travaille dans un abattoir. Du 13 au 15 février 1945 a lieu le bombardement de Dresde par les Alliés. C'est l’un des plus grands carnages de civils de la Seconde Guerre mondiale : 7 000 tonnes de bombes (dont des bombes au phosphore) sont déversées en trois vagues qui feront plus de 35 000 morts.

Il fut l'un des sept rescapés américains, sauvés pour s'être enfermés dans une cave d'abattoir qu'il nomme Slaughterhouse Five (Abattoir 5). Les autorités nazies l'affectèrent à la récupération des cadavres pour la fosse commune. Mais il y en avait tellement que l'on dut terminer au lance-flamme l'ouvrage des bombes. [...]
Cette expérience traumatisante, décrite dans son roman Abattoir 5 ou la Croisade des enfants, est mentionnée dans pas moins de six de ses autres ouvrages.
Libéré en mai 1945 par les troupes soviétiques, il revient aux États-Unis, et reçoit la Purple Heart pour une blessure sans importance. [...]

Après la guerre, Vonnegut fréquente l'Université de Chicago où il suit des cours d'anthropologie. Il travaille également pour le City News Bureau de Chicago comme correspondant judiciaire. D'après Vonnegut, l'université rejeta sa thèse sur les ressemblances entre la peinture cubiste et les soulèvements des Indiens d'Amérique au XIXe siècle pour « manque de professionnalisme ». En 1947, il quitte Chicago pour Schenectady où il travaille au service des relations publiques de General Electric. L'Université de Chicago accepte finalement son roman Le Berceau du chat comme thèse en raison de son contenu anthropologique. Il est ainsi diplômé en 1971.

Sur le point d'abandonner l'écriture, Vonnegut se voit offrir un poste d'enseignant à l'Université de l'Iowa. Durant son séjour, Le Berceau du chat devient un succès commercial et il commence la rédaction d'Abattoir 5 ou la Croisade des enfants, maintenant considéré comme l'un des meilleurs romans américains du XXe siècle.
" (Wikipedia).

 

 

le berceau du chat
Où est le berceau ? Où est le chat ?

- Le Berceau du chat (Cat's Craddle, 1963), traduit de l'américain par Jacques B. Hess en 1972. Seuil. 203 pages. Egalement disponible en format poche.
Le livre commence par ce qui ressemble à un avertissement :
"Rien dans ce livre n'est vrai.
« Laisse le foma* diriger ta vie. Il te fait brave et agréable, il te rend bien portant et heureux. » Les Livres de Bokonon, 1-5
* Foma : ensemble de mensonges sans danger.
"

Mais la vraie mise en garde bokononiste a lieu quelques pages plus loin : "Celui qui est incapable de comprendre comment une religion utile peut être fondée sur des mensonges, celui-là ne comprendra pas non plus ce livre." (page 10).

Le premier chapitre s'intitule "Le jour de la fin du monde" et commence ainsi :
"Appelez-moi Jonas. C'est ce que firent mes parents, ou presque. Ils me baptisèrent John. [...]
Ecoutez : Quand j'étais plus jeune - il y a de cela deux épouses, 250 000 cigarettes, 3 000 litres de tord-boyaux...
Quand j'étais beaucoup plus jeune, j'entrepris de réunir la matière d'un livre qui devait s'intituler le Jour de la fin du monde.
Cet ouvrage devait retracer des événements réels.
Il devait rendre compte de ce qu'avaient fait certaines personnalités américaines le jour où la première bombe atomique tomba sur Hiroshima, au Japon.
Ce devait être un livre chrétien. J'étais alors chrétien.
Maintenant, je suis bokononiste.
" (page 7).
Le bokononisme est un bien belle religion inconnue en dehors d'une petite île de la mer des Caraïbes, la République de San Lorenzo. Cette République, d'une pauvreté quasi absolue, est également une dictature originale.

Discutons un moment avec un fin connaisseur de cette île :
"- Les habitants de San Lorenzo [..] ne s'intéressent qu'à trois choses : la pêche, la fornication et le bokononisme.
- Vous ne croyez pas qu'on pourrait les intéresser au progrès ?
- Ils en vont vu certains aspects. Mais il n'y en a qu'un qui les emballe vraiment.
- Qu'est-ce que c'est ?
- La guitare électrique.
" (page 166)

Mais respectons l'ordre du livre. Le narrateur brosse d'abord quelques concepts bokononiens.
"Nous autres, bokononistes, croyons que l'humanité est organisée en équipes qui accomplissent la volonté de Dieu sans jamais découvrir ce qu'elles font. [...]
« Si vous vous apercevez que votre vie s'enchevêtre à celle de quelqu'un d'autre pour des raisons qui ne vous sont pas très logiques, écrit Bokonon, il est possible que cette personne fasse partie de votre karass. »
" (page 10).

Pour écrire son livre sur la Bombe A, le narrateur va rechercher des renseignements sur feu le Dr Felix Hoenikker, prix Nobel de Physique, qui est l'un des pères de la bombe A. Un drôle de type, totalement inadapté à la vie quotidienne, mais qui se pose toujours des questions originales. Un jour qu'il faisait froid, que sa fille Angela n'arrivait pas à faire démarrer la batterie de la voiture pour conduire son père au travail, le voici qui dit :
"« Je me demande, pour les tortues...
- Qu'est-ce que tu te demandes ? a fait Angela.
- Quand elles rétractent leur tête, est-ce que leur colonne vertébrale s'arque ou se contracte ?
" (page 16).

Les personnages farfelus abondent. Le Dr Felix Hoenikker (père de la Bombe A, comme on l'a dit, mais également d'un cristal de glace-9 aux propriétés assez dangereuses...), bien sûr, mais également ses deux fils, sa fille, et puis le dictateur-président de San Lorenzo (Miguel « Papa » Monzano), et encore Bokonon... et plein d'autres, jusque dans les tous petits rôles, par exemple un certain Krebbs, "sorte de Jésus-Christ blond avec des yeux d'épagneul", qui est "président national de l'Association des poètes et des peintres en faveur de la guerre nucléaire immédiate" (page 58).

Le livre, surréaliste, comporte de jolies idées :
"- Je songe à déclencher une grève générale de tous les écrivains jusqu'à ce que l'humanité redevienne raisonnable. En seriez-vous ?
[...]
- Et vous vous sentiriez fier quand les gens commenceraient à mourir comme des mouches ? demandai-je.
- Ils mourraient plutôt comme des chiens enragés, je crois - la bave aux lèvres, en montrant les dents et en se mordant la queue. »
" (page 164).

En plus de l'histoire délirante, on apprend à apprécier le bokononisme, belle religion pleine de sagesse :
"Et je me rappelai le Quatorzième Livre de Bokonon, que j'avais lu intégralement la veille. Le Quatorzième livre est intitulé « Existe-t-il, pour un Homme Réfléchi, une Seule Raison d'Espérer en l'Humanité sur Terre, Compte Tenu de l'Expérience du Dernier Million d'Années ? »
Le Quatorzième Livre n'est pas long à lire. Il consiste en un seul mot :
« Non. »
" (pages 173-174).

Autre passage profond du Livre de Bokonon (dont la plupart des textes sacrés ont la forme de calypsos... sympathique, non ?) :
"« Méfiez-vous de celui qui travaille dur pour apprendre quelque chose et qui, l'ayant appris, ne se trouve pas plus sage qu'auparavant, nous dit Bokonon. Celui-là nourrit un ressentiment meurtrier contre ceux qui sont ignorants sans avoir eu à se donner du mal pour atteindre à l'ignorance.» " (page 199).

Un livre foutraque, étonnant, délirant (le boko-maru !) et très réjouissant.

L'Université de Chicago a accepté ce roman "comme thèse en raison de son contenu anthropologique" (Wikipedia) : la preuve est donc faite de la totale véracité des événements rapportés.

Pendant que cherche l'adresse de l'église bokononiste la plus proche de chez moi, on pourra écouter l'instrumental "Ice-Nine" (Glace-9) de Joe Satriani, écrit en référence au Berceau du Chat.

 

 

 

 

- Retour à la page Littérature Anglo-saxonne -

Toute question, remarque, suggestion est la bienvenue.MAILBOX.GIF (1062 octets)