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BANVILLE John
(Comté de Wexford, Irlande, 08/12/1945 - )


john banville

 

John Banville est Irlandais ; il écrit en anglais. Auteur de près de vingt romans, de nouvelles et de pièces de théâtre, il est un styliste reconnu.
Après l'école - il n'est pas allé à l'université - il a travaillé à Aer Lingus (la compagnie aérienne irlandaise), ce qui lui a permis de voyager pour pas très cher, notamment en Grèce et en Italie. Il a vécu aux Etats-Unis en 1968-1969 puis, de retour en Irlande, a travaillé dans la presse.
Son premier livre, Long Lankin, a été publié en 1970.
En 2005, La Mer a obtenu le Booker Prize (sur la photo au-dessus, on le voit avec son livre primé).
Il écrit également des romans policiers sous le nom de plume Benjamin Black.

la mer

- La Mer (The Sea, 2005). Traduit en 2007 par Michèle Albaret-Maatsch, Editions Robert Laffont, 247 pages.
Booker Prize 2005.
Max Morden est veuf, sa femme vient tout juste de mourir d'un cancer. Il revient sur les lieux de son enfance. Sa mémoire parle, si je puis dire et, par association d'idées, de pensées, le lecteur va découvrir des fragments de son passé, qui vont finir par s'emboîter, bien sûr : sa vie d'époux avec Anna, son enfance... surtout son enfance.

Le roman débute ainsi :
"Ils partirent, les dieux, le jour de la drôle de marée. Toute la matinée, sous un ciel laiteux, les eaux avaient monté, monté, jusqu'à atteindre un niveau sans précédent, et les petites vagues s'étaient aventurées sur un sable assoiffé que rien n'avait mouillé depuis des années, sinon la pluie, pour venir lécher le pied des dunes. La coque rouillée du cargo échoué à l'autre bout de la baie depuis bien avant nos premiers souvenirs à tous avait dû croire à un renflouement. Moi, je n'allais plus nager après ce jour-là. Apparemment déconcertées par le spectacle de cette gigantesque cuvette d'eau gonflée comme une ampoule, bleu de plomb et d'un éclat malin, les mouettes criaillaient et faisaient des piqués" (page 9).

Son enfance, donc, aux Cèdres. "Quand j'étais ici, il y a cinquante ans, au temps des dieux, Les Cèdres était une maison de vacances qui se louait à la quinzaine ou au mois. [...] Les locataires changeait d'une année sur l'autre[...] Et enfin, cette fameuse année, survint la famille Grace." (page 11).
La mère, le père, Chloé et Myles - le fils et la fille, des jumeaux - et la jeune gouvernante.

Le jeune Max, lui habite dans un bungalow. Il n'est pas du même monde que Chloé et Myles. On pourrait raconter plein de choses à propos des jumeaux, ainsi que de leur mère, sur les formes généreuses de laquelle fantasme le jeune Max... Toujours est-il que l'on comprend mieux le début du roman à la lumière de la fin.

Le Max Morden adulte va avec sa femme - malade - consulter un médecin, M. Todd le bien nommé.
"
Depuis quand les médecins s'étaient-ils mis à être plus jeunes que moi ? Il écrivait sans désemparer, cherchait à gagner du temps ; je ne le blâmais pas : à sa place, j'aurais fait pareil. Il finit par reposer son stylo, mais il n'avait toujours pas envie de parler et donnait vraiment l'impression de ne pas savoir par où ni comment commencer. Ces atermoiements avaient quelque chose de calculé, de théâtral. Encore une fois, je comprends. Un médecin doit être aussi bon acteur que praticien. [...] M. Todd se lança dans un discours énergique, poli par force de répétitions, sur des traitements prometteurs, de nouveaux médicaments, le puissant arsenal d'armes chimiques dont il disposait ; on aurait juré qu'il parlait de potions magiques, de recettes d'alchimiste." (pages 20-21).

Le roman parle donc de la mort, de ce qui a fait une vie, mais souvent avec une note ironique.

Parlons un peu de la forme. Parfois, John Banville écrit de jolies phrases, assez longues.
Deux exemples :
"
Par le passé, en des moments de joie inexplicable, dans mon bureau, à ma table peut-être, absorbé par les mots, aussi dérisoires soient-ils, car il arrive que même le médiocre soit inspiré, j'avais eu la sensation de percer la membrane de la conscience pure et d'accéder à un autre état, sans nom, où les lois ordinaires n'opéraient pas, où le temps avançait - s'il avançait - différemment, où je n'étais ni vivant ni autrement et cependant bien plus présent que je ne pouvais l'être dans ce que nous appelons, faute de choix, le monde réel. [...] Peut-être la vie n'est-elle qu'une longue préparation au jour où nous la quitterons."(pages 95-96).

"
L'eau, qui me montait à la taille, était parfaitement transparente, de sorte que je voyais nettement les ondulations du sable au fond, de minuscules coquillages, des bouts de pinces de crabe cassées et mes pieds, pâles et bizarres comme s'ils ne m'appartenaient pas, pareils à des spécimens exposés dans une vitrine. Puis, soudainement, non, pas soudainement, mais dans une sorte de houle impérieuse, toute la mer s'est soulevée, ce n'était pas une vague, mais un rouleau paisible qui semblait surgi des grandes profondeurs, à croire qu'un énorme quelque chose avait bougé là en dessous, et j'ai été soulevé et emporté un peu plus loin vers le rivage, puis reposé sur mes pieds comme auparavant, comme s'il ne s'était rien passé. Et en effet il ne s'était rien passé, juste un formidable rien, juste un autre haussement d'épaules indifférent du vaste monde." (page 247).

Il y a également de nombreuses remarques telles que : "
Mme Grace fumait sa cigarette à la manière des femmes de l'époque, un bras replié sur le ventre et la main serrée sur le coude de l'autre bras" (page 90). Effectivement, la façon de fumer a-t-elle changé ?


La construction du roman n'est absolument pas mécanique : il n'y a pas d'alternance marquée présent-passé, plutôt un vagabondage dans la mémoire. Bon, comme il s'agit d'un roman, certains éléments essentiels sont dévoilés vers la fin. Pas fou, John Banville !
Même si, globalement, la deuxième moitié du roman est un peu inférieure à la première (il aurait peut-être pu élaguer un peu le "présent", par exemple le personnage de Bun - désolé si cela peut sembler prétentieux), La Mer est un roman bigrement bien écrit, aux personnages et aux motivations mystérieux, sur lequel on peut donc s'interroger longtemps après - par exemple, compressé dans le métro/RER.



Autres romans traduits en français :
-
Kepler (Kepler, a novel, 1981)
-
L'Intouchable (The Untouchable, 1997)


Adaptations au cinéma et à la télévision :
- Relections (1984), film de Kevin Billington avec Gabriel Byrne.
- Seascape (1994), téléfilm de Thaddeus O'Sullivan.
- The Last September (1994), film de Deborah Warner. Il s'agit d'une adaptation faite par John Banville d'un roman d'Elizabeth Bowen.



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